Les habitants des quartiers non-lotis de la Zone 1 et de Yamtenga dans l’arrondissement 11 et 10 de la commune de Ouagadougou sont de plus en plus affectés par les pénuries d’eau, en cette période de canicule. Constat.
Par Achille Zigani
Lancé en 2017, le programme « eau et assainissement », du chef de l’Etat, Roch Kaboré veut réaliser l’objectif « Zéro corvée d’eau » d’ici à 2020. Sept ans après, les populations des zones périurbaines de Yamtemga et de Zone 1 de la capitale continuent de de faire face à la rareté de l’or bleu.
Dans les domiciles, l’Office national de l’eau (ONEA) n’arrive pas à satisfaire les ménages avec les coupures quotidiennes. Les femmes sont alors obligées de se rabattre sur les bornes fontaines en parcourant de longues distances avec leurs barriques. A une borne-fontaine du quartier non loti de la Zone 1, plusieurs femmes résignées, attendent leur tour dans une interminable file.
Marie Jeanne Bambara, positionne sa barrique dans le rang et attend son tour pour se ravitailler. « Nous souffrons beaucoup ces temps-ci à la recherche de l’eau. Il n’y a plus d’eau au robinet. La seule solution est de rallier la borne fontaine » se lamente-t-elle. « Parfois, nous passons des nuits blanches pour ne pas manquer ce rendez-vous avec ce liquide précieux au niveau des fontaines, » renchérit une autre dame assise, la cinquantaine révolue. Entre deux soupirs, elle explique que sa vie de tous les jours se résume en une bataille pour faire des provisions d’eau. « Pourtant, l’eau, c’est la vie », soupire-t-elle avant de rappeler que la semaine dernière, la pénurie d’eau a été observée pendant six jours.
« Faire de longues distances pour l’eau »
Cette situation, poursuit-elle, a poussé la majorité des femmes à s’approvisionner dans le quartier voisin Wemtenga. L’augmentation de la pression ces derniers jours lui donne espoir d’avoir de l’eau près de son domicile. Le gérant de la borne fontaine, Souleymane Congo, fulmine contre les coupures intempestives qui créent des problèmes au niveau de son point d’eau.
Il souligne que chaque année, en cette période de mars, le manque d’eau est récurrent. Et d’ajouter que la borne fontaine est devenue, depuis un certain temps, à la fois un dortoir et un lieu de séjour pour les femmes. La préoccupation majeure des femmes est qu’au réveil, elles puissent trouver un lieu pour un ravitaillement en eau.

Toujours dans le quartier zone 1, aux encablures du cimetière de Tabtenga, des femmes font le pied de grue autour d’une borne-fontaine. Sous le soleil accablant, elles attendent depuis plusieurs heures cette eau qui, depuis quelques jours, se fait de plus en plus rare. Elles parcourent chaque jour des kilomètres à la recherche du précieux liquide pour les besoins de leur famille et pour leurs activités professionnelles.
Toute remontée contre l’ONEA, Alimata Ouédraogo, une mère d’une quarantaine d’années, explique que cette pénurie d’eau est une galère qui se répète chaque année. « Nous sommes obligées de faire une utilisation rationnelle de l’eau » souligne-t-elle avant d’inviter les autorités gouvernementales à prêter plus d’attention à leurs souffrances. Pour elle, le programme du président du Faso « Zero corvée » demeure un leurre pour les populations des zones périphériques. « Allez voir au quartier Djokofè. Là-bas, c’est encore pire », nous lance-t-elle.
Cap sur le quartier Yamtenga. Sur la voie empruntée, des fûts vides sont disposés aux alentours des différentes bornes fontaines. Nous visitons trois bornes fontaines et partout, les femmes avouent leur désarroi face aux coupures intempestives d’eau. Plus loin, des femmes assises entre une vingtaine de futs, expliquent la situation qui est de plus en plus difficile dans leur quartier.
La gérante d’une borne-fontaine au quartier Yemtenga, Karidja Dicko exprime son ras-le-bol. Elle confie qu’à Yamtenga, l’eau coule à des heures tardives entre minuit et trois heures du matin. Et les coupures commencent dès quatre heures du matin. Les femmes de Yamtenga expriment leur désarroi du fait qu’elles cumulent des nuits blanches et des journées chaudes pour collecter de l’eau pour les nécessités du foyer. Pour elles, l’objectif « Zéro corvée d’eau » apparait de plus en plus comme un lointain mirage.