spot_img

Présidentielle Ivoirienne: quand Alassane Ouattara fonce droit dans le mur

Publié le : 

Publié le : 

Nul n’ira demander au président Américain Donald Trump ou au président français Emmanuel Macron si l’idée d’un troisième mandat lui passe par la tête. Dans leurs pays, pareille question est insensée et ne se pose même pas car, chacun sait à quoi s’en tenir, les closes de la constitution étant inviolables même pour assouvir les ambitions égoïstes et machiavéliques d’un président au grand dam des souffrances populaires. C’est tout le contraire de l’Afrique ! Les valeurs de la démocratie ne semblent pas être cultivées au même titre par tous ceux qui se revendiquent d’elle. Dès qu’ils sont élus, la plupart des potentats africains réfléchissent plus au troisième et au septième mandat qu’aux véritables problèmes de leurs peuples. Trois jours après leur investiture, faut-il que les uns et les autres se rassurent, supplient pour connaitre la position du président par rapport au respect de la constitution de son pays. En Afrique, on ne demande pas aux chefs d’État s’ils vont respecter la constitution mais, quand est-ce qu’ils comptent la violer. Compter vous modifier la constitution pour vous représenter ? Leur demande-t-on au lieu de comptez-vous respecter la constitution de votre pays à l’issue de votre dernier mandat? Depuis neuf ans, le président ivoirien Alassane Ouattara cogite sur le troisième mandat. Que va-t-il faire? Pour le moment, celui-ci préfère jouer avec le feu que d’être précis et concis en vue de préserver la paix fragile de son pays acquise au prix de plus de trois milliers de morts selon les Nations Unies.

Le président ivoirien Alassane Ouattara laisse toujours planer le doute sur sa probable candidature pour l’élection présidentielle prévue en 2020. A l’occasion du 59e anniversaire de l’indépendance de son pays célébré ce 7 août 2019, soit 14 mois avant l’élection, le président ivoirien ne s’est toujours pas décidé ou du moins use de roublardise pour voiler ses réelles intentions.

Après l’élection présidentielle remportée par Alassane Ouattara en 2015, celui-ci commençait l’exercice du dernier mandat que la constitution d’alors lui autorisait. En 2016, le pays se dote d’une nouvelle constitution et ses partisans évoquent alors la non-rétroactivité de loi estimant ainsi que les compteurs étaient remis à zéro.
Ce qui en principe autorise Alassane Ouattara à se présenter à nouveau. Interrogé à plusieurs reprises,le président ivoirien a préféré esquiver la question. Depuis près d’une décennie, il réfléchit toujours et affirme qu’il prendra une décision en 2020. Mais avant, il souhaiterait modifier d’abord la constitution du pays en vue de l’amélioration selon lui.

Le président ivoirien ne semble pas savoir lui-même ce qu’il entend faire. Récemment, lors de la célébration du 59e anniversaire de l’indépendance de son pays, il a affirmé ceci : «Je vais prendre ma décision au moment opportun et sur la base de ce que mon parti me dira de faire ». Et d’ajouter qu’il fera savoir sa décision en 2020.

La Côte d’Ivoire est un pays fragile qui a renoué avec la paix il y’a moins d’une dizaine d’années après avoir été secoué par deux violentes crises postes électorales dont la dernière en date s’est produite en 2010 et a occasionnée trois-mille morts selon le Système des Nations Unies.
C’était à une période de l’histoire du pays ou les quatre hommes politiques les plus influents de la Côte d’Ivoire étaient divisés sur des questions électorales. L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et son ministre de la jeunesse Charles Blé Goudé qui ont passé près d’une dizaine d’années à la Haye pour être jugé pour crime contre l’humanité ont été acquittés cette année.

De l’autre côté, le torchon brûle entre Alassane Ouattara et son ancien bras droit Guillaume Soro. Henri Konan Bédié de son côté, courtise Laurent Gbagbo depuis sa sortie de prison et est même le premier politique ivoirien à le rencontrer après sa libération. Autant dire que tous les acteurs qui étaient à l’origine de la crise poste électorale en Côte d’Ivoire sont susceptibles de se retrouver à nouveau sur la scène politique ivoirienne.

Les conditions de la crise se réunissent peu à peu et la tension monte au fur et à mesure que Alassane Ouattara continu de tergiverser sur la question de sa probable candidature en 2020 vu que lui-même semble être convaincu que la nouvelle constitution le lui permet.
Cependant, celui-ci devrait dans la perspective d’éviter à son pays de replonger à nouveau dans des violences, de se retirer et de choisir le candidat qu’il souhaiterait accompagner pour la future échéance électorale.

Joseph Kabila ancien président de la RD Congo là bien fait à sa façon et même si des gens lui reprochent d’avoir toujours une main mise dans la gestion actuelle du pouvoir, au moins, on doit lui reconnaître la finesse et la sagesse dont il a fait montre pour éviter que son pays sombre dans la violence. Il a montré qu’une vie après la présidence est possible.

Ce qui est attendu de Alassane Ouattara, c’est qu’il suive cet exemple ci-dessus cité, en laissant la conduite des affaires politiques à un nouveau dirigeant et à une nouvelle équipe.
Quel que soit la décision qu’il prendra, sauver la paix fragile de la Côte d’Ivoire ou la briser se trouve entre ses mains. A lui de faire un choix guidé par la sagesse et le bon sens en se retirant ou alors d’effectuer le choix qui consiste a embraser la situation avec le jerrican d’essence politique constitutionnelle du troisième mandat.

Nourdine Conseibo
www.libreinfo.net

- Advertisement -

Articles de la même rubrique

Sénégal : Ces réformes du président Faye qui pourraient bouleverser des partenariats

La présidentielle au Sénégal a livré son verdict. Bassirou Diomaye Faye est le vainqueur dès le premier tour avec des résultats provisoires de 53,7%...

Togo : une nouvelle république par césarienne…

Adoptée nuitamment le 25 mars dernier, la nouvelle Constitution du Togo, architecture d’une cinquième République, n’attend plus que la promulgation du chef de l’État...

Sourou : le Haut-Commissaire Désiré Badolo est installé dans ses fonctions

Désiré Badolo est désormais le nouveau Haut-Commissaire de la province du Sourou, région de la Boucle du Mouhoun. Il a été officiellement installé ce...

Togo : une nouvelle constitution à la Faure Gnassingbé

Les députés togolais ont adopté le 25 mars 2024, une nouvelle Constitution changeant l’actuel régime présidentiel en régime parlementaire. Par Issoufou Ouédraogo Au Togo, c'est désormais...

Sénégal : Le mouvement SENS félicite le président Bassirou Diomaye Faye

Le mouvement Servir et non se servir (SENS), dans une déclaration datée du 26 mars 2024 a adressé ses félicitations au candidat de la...
spot_img

Autres articles

Burkina : Boom de bénéfices à Coris Bank international

Coris Bank International BF a révélé une croissance de ses bénéfices pour l'année 2023. La banque a réalisé un bénéfice net de 64,25 milliards...

Sénégal : Ces réformes du président Faye qui pourraient bouleverser des partenariats

La présidentielle au Sénégal a livré son verdict. Bassirou Diomaye Faye est le vainqueur dès le premier tour avec des résultats provisoires de 53,7%...

Burkina/Sécurité : 48h pour magnifier la femme «officier de police individuel burkinabè »

Ce 28 mars 2024 à l'école nationale de police à Ouagadougou, une  cérémonie d'hommage est organisée à l'endroit de toutes les femmes policières burkinabè...

Togo : une nouvelle république par césarienne…

Adoptée nuitamment le 25 mars dernier, la nouvelle Constitution du Togo, architecture d’une cinquième République, n’attend plus que la promulgation du chef de l’État...

Burkina: le SAMAB dénonce des reformes dans la magistrature

Le Syndicat autonome des magistrats burkinabè (SAMAB) célèbre cette année ses 41 ans d'existence. Ainsi, le 27 mars 2024, dans un communiqué, le syndicat...