Le procès de l’accident ayant causé la mort de sept personnes suite à l’effondrement d’une dalle à l’aéroport de Donsin en construction s’est ouvert le mercredi 8 février 2023 au Tribunal de grande instance de Ziniaré, chef-lieu de la région du Plateau-Central. Pendant l’audience, le tribunal a rejeté la demande de mis en liberté provisoire des détenus.
Par Daouda Kiekieta
8 personnes ont comparu au Tribunal de grande instance de Ziniaré le 8 février dans l’affaire dite « effondrement à l’aéroport de Donsin». Elles sont poursuivies pour homicide involontaire et blessure involontaire.
Après plusieurs heures de débats, le procès a été renvoyé au 15 février 2023. Dès l’ouverture de l’audience, le parquet avait demandé le renvoi d’une semaine afin d’engager « des poursuites complémentaires ».
« Nous nous sommes rendus compte qu’une partie n’a pas été poursuivie » explique le procureur, qui, soutient qu’« un rapport diligenté par un ministère est attendu incessamment ».
Dans la même veine, un avocat de la partie civile a demandé le renvoi pour motif « d’impréparation ». « Ce n’est qu’hier soir(lundi 7 février, ndlr) que nous avons été informés de la tenue de l’audience de ce matin » a indiqué Me Jacques Soré, avocat d’une des victimes.
«Nous avons un dossier dans lequel il y a 7 personnes qui sont décédées dans des circonstances atroces » déplore Me Soré qui demande un renvoi pour qu’il puisse « préparer sereinement le dossier ».
« Si le procès devait être renvoyé, je vous demande d’avoir une attention particulière aux personnes qui sont détenues » a plaidé l’un des avocats de la défense qui demande une liberté provisoire pour son client.
Et à Me Jacques Soré, avocat de la partie civile, de rétorquer : « si on avait demandé aux victimes de choisir entre la prison et être coulé dans des bétons, ils allaient choisir la prison »,comme pour dire qu’il n’est pas favorable à cette demande de liberté provisoire.
De leur côté, les ayants-droits ont tour à tour affirmé au tribunal qu’ils « ne se sont pas constitués d’avocats ».
Les avocats de la défense s’opposent au renvoi et formule une demande de mise en liberté provisoire.
Selon les avocats de la défense, les arguments avancés par le Parquet pour demander le renvoi du procès ne sont pas fondés, dans la mesure où les enquêtes ont été bouclées avant la convocation de l’audience.
« Lorsque nous avons été reçues le 27 janvier 2023 par le Parquet, il nous avait rassurées que le procès allait se tenir la semaine prochaine. Nous sommes donc étonnés que le Parquet parle des poursuites complémentaires » argue un avocat.
«Nous ne savons pas combien de temps les poursuites complémentaires du Parquet prendra fin » s’inquiète-t-il.
Les avocats demandent une remise en liberté de leurs clients
Me Moumounou Gnessien, l’un des avocats de M. Dieudonné Soudré, directeur général de GESEB Sarl, juge consulaire au tribunal et Consul honoraire du Liberia au Burkina Faso. Selon Me Gnessien, « les faits qui font l’objet de la poursuite de point de vue procédural, permettent qu’il soit mis en liberté et qu’il comparaisse libre pour son jugement ».
Pour soutenir cette position de Me Gnessien, Me Boama Ouali avance plusieurs arguments : « M. Dieudonné Soudré a été accrédité comme consul honoraire du Liberia au Burkina Faso par le Président du Faso. Il n’a rien de dangereux. Il est juge consulaire au Tribunal de commerce. Il est le chef d’une entreprise prospère. Le maintenir en détention va perturber l’exécution des marchés que l’Etat lui a attribués ».
Le Tribunal a finalement prononcé le rejet de la demande de remise en liberté des prévenus.
Dans le cadre de ce procès, plusieurs sociétés sont impliquées. « Me Jacques Soré explique que deux sociétés et deux cabinets sont impliqués, mais ne sont pas poursuivis pour le moment. « Ce sont les responsables et les travailleurs ».
« Il y a les sociétés COGEA et GESEB, il y a également un cabinet qui est chargé du contrôle des travaux et un autre cabinet qui avait signé un contrat avec les entreprises pour faire les analyses » a ajouté Me Soré.
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