Le procès en appel de l’affaire Vincent Dabilgou et autres s’est poursuivi ce mardi 23 juillet 2024 devant la Cour d’appel de Ouagadougou. Les prévenus à la barre aujourd’hui sont, entre autres, Malick Kouanda, ex-DG de la SOPAFER-B (Société du patrimoine ferroviaire du Burkina), Alhoussaïni Ouédraogo, ex-DAF (directeur administratif et financier) de la Société Ildo Oil, et le Nouveau temps pour la démocratie (NTD), le parti politique de Vincent Dabilgou.
A la barre, M. Kouanda explique qu’il a signé un contrat de 131 millions de FCFA mais que c’est Gabriel Séré qui approuve en tant que président du Conseil d’administration de la SOPAFER-B. Depuis que le contrat a quitté son bureau, il dit n’en avoir plus eu vent.
« Quand le contrat a été envoyé pour approbation et n’est jamais revenu, pourquoi ne l’avez-vous pas réclamé ? Sans votre signature, ce contrat n’allait pas voir le jour », demande le président de la Cour. A cette question, le prévenu n’arrive pas à donner une réponse.
La Cour lui fait savoir qu’un simple écrit pouvait lui éviter ses ennuis actuels. « C’est une faute de négligence », estime le président de la Cour.
Le prévenu Kouanda, qui est un cadre du parti Nouveau Temps pour la Démocratie (NTD), a favorisé un détournement de fonds publics, selon la Cour.
L’intéressé reconnait à la barre qu’il y a eu une manipulation du contrat de quatre pages.
Après M. Kouanda, c’est le prévenu Alhoussaïni Ouédraogo, ex-DAF (directeur administratif et financier) de la Société Ildo Oil, qui a été appelé à la barre. Il est jugé en appel pour complicité de détournement de deniers publics et de complicité d’enrichissement illicite.
Dans ses explications devant la barre, il ne nie pas les faits et dit être allé remettre de l’argent à M. Séré d’un montant de 25 millions de FCFA. Il reconnaît que c’est une erreur de sa part.
Après les deux prévenus, c’est le tour du représentant et président du parti Nouveau Temps pour la Démocratie (NTD), l’ancien ministre des Transports Vincent Dabilgou, de se présenter à la barre.
Il est jugé en appel pour, entre autres, blanchiment de capitaux, détournement de deniers publics et financement occulte de son parti.
Concernant le financement du parti, M. Dabilgou dit qu’il a reçu les motos du parti d’une société de la place et de commerçants de sa région (Ndlr : l’Est).
Des opérateurs économiques comme EBOMAF (Mahamoudou Bonkoungou), Mahamadi Ouédraogo dit Khadafi, auraient aussi soutenu le parti qui a également bénéficié du soutien financier de l’Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP).
« Ce n’est pas parce que j’ai été ministre des Transports que j’ai eu de l’argent pour battre campagne », relève-t-il. « Pour la campagne, chaque candidat se bat pour se faire élire et le parti l’accompagne », ajoute-t-il.
« Dans ce ministère, il fallait être membre de votre parti pour occuper un poste », observe le procureur général. L’ancien ministre dit n’avoir pas institué une telle pratique dans son ministère.
Par la suite, l’ancien ministre a été mis en confrontation avec Jean Gabriel Seré, son ancien DAF. L’ex- chef du département des Transports ne reconnaît pas certains prestataires qu’il a lui-même recommandés à M. Seré, selon ce dernier.
Jean Gabriel Seré persiste et signe que tous ses contacts avec certains prestataires ont eu lieu sur recommandation de son ancien patron.
Il précise que certains prestataires ont été payés sur le compte du ministère des Transports pour avoir livré des gadgets et d’autres sur celui du parti.
La confrontation a pris l’allure d’un jeu de ping-pong avec des affirmations de Gabriel Seré contre des dénégations de Vincent Dabilgou.