Le procès charbon fin a repris ce 5 octobre 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga I. Les prévenus, les témoins et les experts cités dans le dossier étaient tous présents dans la salle d’audience.
Par Nicolas Bazié
La question de l’expertise concernant le charbon fin a suscité de vifs débats entre les parties devant le tribunal. Le procureur, l’agent judiciaire de l’Etat et le REN-LAC ont proposé une démonstration en live des experts, c’est-à-dire, prouver avec tout le matériel à leur disposition que le charbon fin contient de l’or. Cela, devant tout le monde et en toute transparence, disent-ils.
Pour le procureur, les experts sont là, ils ont leur matériel avec eux dans la salle d’audience, donc l’expertise peut être faite devant le tribunal. « Dans ce charbon fin, il y a de l’or et il est visible. Nous assumons ce que nous disons » a-t-il lancé, indiquant qu’il appartient maintenant au juge de décider si l’expertise doit être faite en live.
Le juge fait appel à un expert spécialisé en chimie pour projeter les résultats de la première expertise faite en 2020. Les avocats de la défense demandent à ce qu’ils prêtent d’abord serment. Et le juge de les rassurer qu’il prendra ce qui sera dit à titre d’information. Finalement la projection n’a pas eu lieu à cause d’un imprévu, il y a eu délestage d’électricité.
L’un des avocats de la défense, Me Moumouny Kopiho, rejette la proposition du parquet (démontrer devant tout le monde que le charbon fin contient de l’or).
Il demande à ce qu’on laisse le dossier en l’état et permettre à l’expertise de se poursuivre. L’avocat va même dénoncer ce qu’il a appelé, la «démagogie populiste». Il est vite interpellé par le juge qui lui intime l’ordre de tenir des propos courtois dans son tribunal.
Cependant, Me Kopiho ne s’arrête pas là, il soutient que pour la première expertise, Essakane SA a dépensé plus de 950 millions de francs CFA pour que celle-ci aboutisse. « Si vous saviez qu’on pouvait faire l’expertise ici au tribunal, pourquoi laisser Essakane débourser environ 1 milliard de francs CFA à cet effet», a fait observer Me Moumouny Kopiho.
Cette somme selon lui a servi à faire l’expertise des substances contenues dans les 32 cargaisons saisies, sans quoi, « nous ne serons pas en mesure de mener à bien la défense de nos clients». Dans tous les cas, cette affaire « prendra le temps qu’il faudra mais la vérité va finir par triompher», a-t-il fait savoir.
« Est-ce le fait que l’on veuille faire l’expertise devant tout le monde qui pose problème ?», a cherché à savoir l’agent judiciaire de l’Etat. A sa suite, le juge aussi a posé la même question: « S’il y a quelqu’un ici qui a un intérêt pour que ce dossier ne soit pas jugé, qu’il le dise». Toutes les parties sont restées silencieuses..
C’est ainsi que le juge décide de suspendre l’audience pour la reprendre demain vendredi 6 octobre. Il demande à ce que les substances dites «corps solides» (lingot d’or selon les explications du procureur, ndlr) soient présentées à la barre.
