Le procès «charbon fin » reprend le lundi 9 octobre 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga I avec l’ouverture des cargaisons contenant des matériaux, des lingots d’or selon le procureur. À l’audience du 6 octobre, en effet, le dossier a été renvoyé parce que les clés devant permettre d’ouvrir les cargaisons n’étaient pas présentes dans la salle d’audience.
Par Nicolas Bazié
«Les clés ne sont pas avec nous». C’est ce que le procureur a déclaré le 6 octobre dernier, lorsqu’il a été question de l’ouverture des cargaisons.
Cependant, pour Me Pierre Yanogo, l’un des avocats de la défense, il revenait au parquet de faire diligence pour que les clés en question soient présentes dans la salle d’audience.
L’avocat conteste le fait que le procureur ait affirmé qu’il y a des lingots d’or dans les cantines incriminées. Face aux journalistes, juste après la suspension de l’audience, il déclare que: « le président a laissé entendre qu’à la reprise, les cantines vont être ouvertes pour que les gens voient ce qu’ils contiennent. Parce que, vous n’ignorez pas que des gens, notamment le parquet, font des affirmations selon lesquelles, il y aurait des lingots d’or dans ces cantines».
Selon Maître Yanogo, il n’y a pas de lingots d’or dans les cantines. D’ailleurs, il le clame haut et fort, « nous, nous nous inscrivons entièrement en faux contre de telles déclarations qui ne sont d’ailleurs pas corroborées par les experts. Nous attendons fermement que ces cantines soient ouvertes pour que tout le monde puisse voir de quoi il s’agit ».
Lors des débats, Me Yanogo s’est beaucoup attardé sur le fait que le traitement du charbon fin est spécifique à chaque mine, faisant observer au tribunal qu’il n’ y a pas de traitement standard de charbon fin. Ce que les experts ont confirmé lors de leur passage à la barre.
«Chaque mine à sa façon de traiter son charbon fin. Au-delà de cela, l’expertise qui a été ordonnée dans notre cas, dit clairement aux experts d’expertiser tous les éléments de la cargaison. On n’a pas dit d’aller expertiser du charbon fin. Donc, le débat ne se pose plus. Les experts ont pour mission d’expertiser ce qu’ils ont trouvé dans les cargaisons et c’est ce que nous attendons comme rapport définitif à la suite de leur travail», a dit l’avocat de la défense.
L’expertise des cargaisons a coûté à la Société minière Essakane SA, la somme de 950 millions de francs, a affirmé, pendant les débats, Me Moumouny Kopioh, lui aussi avocat de la défense.
«Essakane a dépensé environ un milliard de francs CFA pour que l’expertise soit faite», affirme t-il. Mais, il indique que la société n’a pas encore reçu de rapport financier.
Sur ce cas spécifique, Me Yanogo est revenu là dessus lorsqu’il s’est prêté aux questions des journalistes. À l’en croire, depuis que la décision a été ordonnée en 2020, d’expertiser les cantines, toutes les fois que le parquet a demandé à IAMGOLD Essakane de payer pour la prise en charge de l’expertise, l’entreprise s’est exécutée.
«Et nous sommes à près d’un milliards de francs CFA. D’ailleurs, on nous fait savoir que cet argent n’est pas terminé et qu’il reste près de 200 millions de francs CFA. Nous avons dit que l’expertise n’est pas terminée. Mais comme ils ont malgré cela, programmé le jugement, nous leur demandons le rapport financier final pour que nous sachions ce qu’ils ont fait de notre argent. C’est la moindre des choses. C’est une demande légitime de IAMGOLD Essakane», a indiqué l’avocat.
«Pourquoi cette somme n’est pas utilisée pour expertiser le reste de la cargaison?» s’est-il interrogé.
«Nous, nous pensons que c’est de mauvaise foi que ces éléments soient gardés juste pour que les gens ne sachent pas ce qui est dedans », fait-il savoir.
L’audience reprend ce lundi 9 octobre 2023, toujours dans la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance Ouaga I.
L’ouverture des cargaisons est la chose la plus attendue à cette reprise de l’audience lundi matin. Chaque partie veut être édifiée.