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Le procès Dabo Boukary s’est ouvert, le 19 septembre 2022, à la chambre criminelle de la Cour d’appel siégeant au Tribunal de grande instance Ouaga II. Les accusés dans le dossier sont  le général Gilbert Diendéré , le sergent Magloire Yougbaré,  et  le lieutenant-colonel médecin Mamadou Bamba. Gilbert Diendéré et Mamadou Bamba présents  au procès ont plaidé non coupables. L’autre accusé, en la personne du sergent Magloire Yougbaré était absent.

Par Nicolas Bazié

32 ans après son assassinat, les supposés auteurs de la mort de Dabo Boukary font face à la justice. Le 19 septembre, le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba et le général Gilbert Diendéré, sous bonne escorte des militaires et de la Garde de sécurité pénitentiaire, sont arrivés au Tribunal de grande instance.  

Devant la chambre criminelle, Mamadou Bamba a nié en bloc tous les faits qui lui sont reprochés, faisant remarquer qu’en tant que qui, lui, Mamadou Bamba pouvait intimer l’ordre à des militaires de procéder à l’arrestation de certains étudiants ? Il affirme ne même pas connaître les domiciles des étudiants arrêtés. 

« J’ai été meurtri dans mon esprit, dans mon âme, dans ma chair par ces événements  qui sont survenus en 1990», a lancé l’accusé, ajoutant qu’il n’a jamais aidé, assisté Gaspard Somé pour arrêter des étudiants. « Je suis stupéfait d’entendre ces accusations», indique-t-il. 

Mamadou Bamba soutient qu’il est tout simplement victime de son statut  de président du comité révolutionnaire du campus à l’époque.  Il demande néanmoins pardon à la famille de Dabo Boukary. 

Mamadou Bamba

Et le procureur général de  l’interroger : est-ce que vous aviez des rapports avec les responsables syndicaux pour régler vos différends? Non, répond l’accusé. 

Le président de chambre enchaîne avec une question: Connaissez-vous les étudiants qui ont été arrêtés par les militaires? « Je dis non et vous ne croyez pas. La manière dont vous posez les questions fait croire que je connaissais chacun…Non je ne connaissais pas tout le monde mais certains oui », rétorque-t-il. 

Est-ce que les militaires pouvaient arriver à arrêter tous ces étudiants s’il n’y avait pas de complicité ?, relance le procureur général. « Je ne peux pas le savoir», répond Mamadou Bamba.

Autre point qui a attiré l’attention du procureur général, ce sont les étapes de l’intégration de Mamadou Bamba dans les rangs de l’armée. « Du 19 mai à novembre 1990, cela fait six mois. Six mois ont suffi monsieur le Président, pour que l’ex président Blaise Compaoré recrute personnellement Mamadou Bamba dans l’armée», a-t-il fait noter, signifiant que c’est avec facilité que le médecin Bamba a intégré l’armée.

« C’est Roch Marc Christian Kaboré qui m’a présenté au président Blaise Compaoré pour qu’il m’intègre dans l’armée . Quelques mois après, l’armée m’a fait appel», a affirmé l’accusé. 

Et d’ajouter : « Si j’étais une taupe des militaires, aujourd’hui, je serais colonel major et pourquoi pas général. Je tiens donc à vous dire que je suis lieutenant-colonel depuis 12 ans».

Les avocats de la partie civile disent ne pas comprendre les relations que Mamadou entretenait avec les militaires à l’époque, particulièrement avec Gaspard Somé qui est décédé quelques années plus tard. Cependant, l’accusé a affirmé ne pas reconnaître ces militaires et qu’il n’est donc mêlé à rien.

Pour Me Mathieu Somé, l’un des conseils de la défense,  Mamadou Bamba ne va quand même pas mettre la vie d’un étudiant en danger, en le faisant venir au campus pour être bastonné par des militaires ou pour y perdre la vie.

Gilbert Diendéré nie aussi les faits 

 C’est le tour du général Gilbert Diendéré de se présenter à la barre. Relaxé, l’ancien chef de corps du Centre d’entraînement Commando de Pô a plaidé non coupable dans le dossier Dabo Boukary tout comme Mamadou Bamba. Il dit n’avoir jamais participé à l’arrestation d’étudiants du 16 au 19 mai 1990. Selon ses dires, il était en mission au moment des faits. 

« Je n’ai jamais su par quel moyen des étudiants ont été transportés, ce n’est qu’en 2020 à côté que j’ai su ça. Je n’étais pas au courant que des étudiants ont été arrêtés ( ….) J’étais chez moi à domicile et tard la nuit (le 19 mai) un sous-officier est venu m’informer de la mort d’un civil au conseil de l’entente. Je suis arrivé et j’ai trouvé effectivement un corps. C’est après que j’ai su qu’il s’appelait Dabo Boukary. J’ai demandé qui à donner l’ordre, et on m’a fait comprendre que les ordres venaient du cabinet de la présidence et que Gaspard Somé les a exécutés (…) Je ne sais pas pourquoi Gaspard a fait ça », soutient-il. 

Gilbert Diendéré poursuit en ces termes: « Je suis allé rendre compte au président du Faso de ce qui s’était passé. Le président m’a dit de prendre toutes les dispositions pour l’enterrement et qu’il allait informer Salif Diallo (directeur de cabinet de la présidence à l’époque) d’informer la famille de Dabo Boukary. Une ambulance de la clinique de la présidence est venue prendre le corps. c’est Gaspard Somé qui a proposé qu’on aille enterré le corps à Pô et c’est qui a été fait. J’ai donc appelé mon adjoint à Pô pour qu’il puisse prendre les dispositions pour l’enterrement ». 

Cette explication de Gilbert Diendéré ne semble pas convaincre la partie civile composée entre autres de Me Prosper Farama, de Me Bénéwendé Sankara et de Me Ambroise Farama.  Me Sankara a cherché à comprendre comment se fait-il que Diendéré soit le chef de corps du CNEC, et qu’un drame se produit dans sa caserne sans qu’il ne soit au courant. 

« Les éléments qui ont fait ça étaient sous mes commandements mais ils n’ont pas agi sur mes ordres», précise Diendéré qui fait noter que des arrestations de civiles ne font pas partie des attributions de l’armée.

Dans la même lancée, le procureur général dit ne pas comprendre pourquoi le corps de Dabo Boukary a été enterré sans que sa famille ne soit informée. Gilbert Diendéré de faire savoir que cela n’était pas sa mission et que cette mission avait été confiée à quelqu’un d’autre donc Salif Diallo. « Moi je n’ai reçu des instructions pour enterrer le corps et je les ai exécutés », a-t-il dit.

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Les juges au procès de Dabo Boukary

A suivre le général Gilbert Diendéré, Gaspard Somé a agi à son issu. « Est-ce que vous aviez peur de Gaspard Somé?», a lancé le procureur général à Gilbert Diendéré. « Gaspard était un élément assez dangereux . On était inquiets à son sujet. Vous savez bien dit qu’il avait froidement  abattu son chef à Kamboinsin, ainsi que certains soldats à Koudougou », a laissé l’accusé.

Pour Me Mathieu Somé, Gilbert Diendéré, était victime de l’indiscipline des éléments qu’il commandait en 1990. 

Le procès continue le mardi 20 septembre 2022 toujours au Tribunal de grande instance 2022, avec à la barre le général Gilbert Diendéré. 

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