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Procès du putsch manqué : « il nous serait très difficile de faire sortir les djihadsites de notre pays » (Gal Diendéré)

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Dans cette 8e journée de l’interrogatoire du général (Gal) de brigade Gilbert Diendéré, comme si les avocats de la partie civile n’avaient pas fini d’expertiser celui qu’on surnomme « la boîte noire du régime Compaoré», leurs questions et observations continuent de pleuvoir. L’accusé dans ses réponses, a déclaré que le coup d’état, a évité le pays de l’Etat d’exception que l’ancien premier ministre Yacouba Isaac Zida préparait.

Revenant sur le lien entre l’insécurité actuelle et le désarmement du RSP qui n’était pas fait dans les règles de l’art selon le général, parce que fait dans la rapidité qui n’a pas permis à tous les soldats de réintégrer les armes avec inscription dans le registre; Me Pierre Yanogo, a voulu savoir si c’est cela la cause de l’insécurité que vit le Burkina aujourd’hui. L’accusé lui fait savoir, que c’était une hypothèse qu’il avait émise après avoir constaté jusqu’en octobre 2017, deux ans après le putsch, que des magasins de l’armement étaient toujours ouverts avec des armes à l’intérieur au Conseil de l’entente. Il dit avoir conduit le procureur militaire sur ce lieu pour qu’il fasse le constat.

Il présente cet état de fait, comme un pan de la négligence avec laquelle le désarmement du RSP a été faite. « Je suis convaincu que c’est après la dissolution du RSP que des terroristes sont rentrés dans notre pays. Vous avez cassé notre système sécuritaire et voilà aujourd’hui. Il nous serait très difficile de les faire sortir de notre pays », a affirmé le général.

Cette réaction de l’homme le plus renseigné de la sous-région, ne convainc pas Me Yanogo, qui pense que si les soldats du RSP avaient l’intention de se laisser désarmer, ils allaient réintégrer les armes avant le bombardement du camp Naaba Koom II, qui a créé la débandade au niveau des éléments du RSP.

L’avocat observe également que le désarment n’avait rien de commun avec la situation sécuritaire actuelle du pays, parce que l’armée du Burkina ne se compose pas seulement du RSP. Pour lui, si le pays n’était pas attaqué sous la présidence de Blaise Compaoré, cela est dû au tapis rouge que la présidence déroulait aux terroristes.

Me Yanogo considère donc la dissolution du régiment de sécurité présidentielle comme l’une des réussites de la transition.

Face à cette observation, le bras droit de Blaise Compaoré ne s’est pas tu « c’est ton point de vue. J’ai le mien que je soutiens. Vous dites qu’on déroule le tapis rouge aux djihadistes. Je vous informe qu’ils ne sont pas des djihadsites. La preuve,  c’est qu’ils continuent de venir à la présidence ». Il a poursuivi en disant « je suis allé cinq fois chez les djihadistes au sahel, pour libérer les otages. Mais c’était dans un cas précis, si c’est ce que vous voulez entendre », a-t-il martelé.

Le général Diendéré se tire d’affaire et laisse les infortunés

Jusqu’aujourd’hui, personne n’a reconnu avoir fait le coup d’état du 16 septembre 2015. Mon général, vous êtes l’homme le plus renseigné de la sous-région. Est-ce que vous pouvez nous dire aujourd’hui, qui a fait le putsch ? Car tous, disent qu’ils ont agi sous des ordres. Je me suis longuement prononcé sur cette question.
Vous voyez ! A cause de ce coup d’état, des militaires ont été radiés, d’autres mis en prison (ceux qui avaient fui). A cause de ce coup d’état, des militaires courent la peine à vie, ou dix à vingt ans de prison. Ces soldats ne voulaient ni devenir président, ni des ministres. Ils ont juste obéi aux ordres et c’est eux, qui courent de lourdes peines aujourd’hui.
Un ancien militaire m’a dit que sous la révolution, lorsque l’ex-chef de l’Etat de la Haute-Volta, Saye Zerbo (25 novembre 1980 au 7 novembre 1982) a été arrêté, il a demandé de libérer tous les militaires détenus, car toute la responsabilité lui incombait.

Mais aujourd’hui, nous avons un général qui se tire d’affaire et laisse les infortunés soldats dans une situation inconfortable. Ce sont là, les observations de Me pierre Yanogo à la fin de son intervention dans cette matinée du 7 décembre 2018.

Yacouba Isaac Zida, préparait une révolution pour maintenir le pays dans un État d’exception

Le général Gilbert Diendéré continue de donner les raisons ayant obligé des éléments du RSP, a fomenté le putsch. Il déclare aujourd’hui que le RSP était dans une situation de légitime défense, car il y avait un imminent danger, qui planait sur son dos. Pour lui, certains soldats du corps étaient menacés par les manœuvres du premier ministre Zida, qui voulait dissoudre le régiment pour entamer une chasse aux sorcières des éléments. « Le RSP a donc agi selon ce qu’il a pensé être la meilleure façon », a soutenu le général.

« Pourquoi c’est à la fin de la transition que vous avez fait le coup d’État, pratiquement à un mois des élections ? », a demandé Me Yanogo.
Pour l’officier supérieur considéré comme le père du putsch, Yacouba Isaac Zida, œuvrait a retardé la tenue des élections pour préparer une révolution. Il a même entrepris des actions dans ce sens. Yacouba Isaac Zida a retenu des éléments qui devaient aller en mission, de ne pas y aller contre payement de la somme qu’ils gagneraient à la fin de leur mission. Donc, s’il n’y avait pas eu le coup d’État, le Burkina serait aujourd’hui dans un État d’exception, selon l’ inculpé qui est convaincu que le pays remerciera le RSP pour ce putsch plus tard.

Face à cette déclaration, Me Yanogo lui demande s’il en avait parlé à la hiérarchie militaire. Oui, répond le général. « J’ai dit à la hiérarchie militaire que Zida cherchait à avoir le contrôle du RSP, le contrôle des finances et une partie de la société civile. S’il avait le contrôle de tout cela, que deviendra le pays », s’est-il interrogé.

« Donc, c’est pour devancer Zida que vous avez fait votre coup d’état ? », demande Me Yanogo. Non, rétorque le général. C’est pour que vous, Me, veniez au pouvoir ; faisant référence au bord politique de l’avocat, maire MPP (mouvement du peuple pour le progrès, l’actuel parti au pouvoir).

Pour la défense, si après dix mois de procès, le commanditaire du coup d’état n’a pas été trouvé, sait qu’il n’a vraiment pas été préparé. Le conseil de l’accusé est également revenu sur le caractère non-violent du coup d’état, que le général a soutenu, mais contredit par les avocats de la partie civile. A ce niveau, la défense a lu les déclarations du ministre Bagoro et du président Kafando, qui ont déclaré ne pas être physiquement violentés.

Son interrogatoire se poursuivra le lundi 10 décembre 2018 au tribunal militaire de Ouagadougou.

Siébou Kansié
Libreinfo.net

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