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Procès du putsch manqué : La hiérarchie militaire a demeuré dans l’opportunisme

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L’audience de ce 18 février a mis en confrontation les propos de deux officiers supérieurs à ceux du général  Diendéré. Il s’agit du colonel-major Naba Théodore Palé et le directeur des études et des statistiques sectorielles au ministère de la Défense, le Colonel-Major Noufou Béremwoudougou. Le point à éclaircir, est le soutien de la hiérarchie militaire au putsch, lequel soutien, selon le Gal Diendéré, l’aurait conforté dans le maintien du coup d’État.

La hiérarchie militaire a bel et bien accompagné le putsch. Elle a accepté d’assurer le maintien d’ordre et lors d’une réunion au ministère de la défense, le chef d’état-major général des armées a cédé sa place au Gal Diendéré en qualité du président du Conseil National pour la démocratie (CND) et par lui, les autres ont fait de même. A ce moment, le chef putschiste se disait être soutenu par toute l’armée et s’est alors conforté sur sa position. Ces propos fortement soutenus par le Gal Diendéré durant ses auditions, ont été contredis par les deux officiers appelés comme témoins. « C’est faux, les participants à la rencontre ont tous désapprouvé le putsch et demandé de libérer immédiatement les autorités détenues », martèle le colonel-major Noufou Béréhodougou qui vient confirmer les propos du colonel-major Naba Théodore Palé. Interrogé sur ces propos contradictoires par Me Prosper Farama, le général dit rester ferme et fidèle à ses déclarations d’avant : la hiérarchie a soutenu d’une manière ou d’une autre le coup d’État manqué du 16 septembre 2015. « Comment je peux comprendre qu’elle n’était pas d’accord alors qu’elle me rendait tous les honneurs en tant que président du CND ? », se demande l’ex-président du CND.

Mais pour le colonel-major Noufou Béréhodougou, le général savait déjà la position de la hiérarchie militaire qui était sans ambigüité : « La plupart des participants ont dit au Gal qu’ils n’étaient pas pour le putsch et ce dernier a dit qu’il va l’assumer, mais en demandant à la hiérarchie militaire d’assurer le maintien d’ordre. La hiérarchie militaire n’a pas réagi puisque sa position était déjà connue ».
Le colonel-major Boureima Kiéré appelé à la barre, confirme que la hiérarchie militaire a dit non au putsch à la rencontre du 16 septembre 2015 où le général a demandé aux officiers de l’armée de l’accompagner. Mais attention! Ce n’était pas un« NON catégorique au putsch de la part de la hiérarchie militaire », fait remarquer l’ex-chef d’état-major particulier de la présidence sous la transition. Pour M. Kiéré, la hiérarchie a demeuré dans l’opportunisme : « C’est quand elle a su la position du vent qu’elle a retourné sa veste », a-t-il déploré.

Les propos du général s’inscrivent dans le faux et le déshonorent selon le colonel- major Palé « On ne peut pas tromper tout le monde pendant longtemps », s’indigne l’officier. « C’est parce qu’il sait qu’il se noie qu’il veut impliquer la hiérarchie militaire », a-t-il poursuivi.

A l’issue de la rencontre des officiers le 16 septembre 2015, un projet d’adresse au peuple avait été émis. Le contenu du message reposait sur 4 points :
-les forces armées nationales appelaient la population au calme ;
la crise a été créée par le RSP ;
les forces vives de la nation condamnent cette situation ;
que les autorités détenues soient libérées.
Mais contre tout attente, le général Diendéré qui avait déjà sa déclaration s’en est opposé et déclare qu’il assumerait le coup d’État, a expliqué le colonel-major Noufou Béréhodougou d’un ton rassurant.

Pour la Défense, que ce soit le ministère public ou les avocats des parties civiles, tous veulent ‘’mélanger’’ le Gal Diendéré en revenant sur des points qu’il a eus à clairement expliquer. Elle ajoutera que la hiérarchie militaire a soutenu le putsch en autorisant des missions aux frontières ivoirienne et togolaise. Et si elle était vraiment contre, elle userait de toutes ses forces pour faire entendre raison aux putschistes, conclue la défense.

L’audience reprendra le mardi 19 février 2019 à 9h, au tribunal militaire de Ouagadougou avec la suite de l’audition du colonel-major Léonard Gambou,témoin.

Siébou Kansié 

Libreinfo.net

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