Le Procès de la «guérisseuse de Komsilga» et ses 8 co-prévenus a repris ce 23 août 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga II. Poursuivis pour des faits de « séquestration, coups et blessures volontaires avec préméditation, atteinte à la vie d’autrui », le dossier a été renvoyé au 6 septembre 2023.
Par Nicolas Bazié
L’audience ouverte ce matin a connu des tâtonnements. De nouvelles pièces devraient être versées au dossier de l’affaire Adja Amsétou « la guérisseuse de Komsilga», alors que ses avocats disent ne pas encore avoir pris connaissance de celles-ci.
Devant le tribunal, Me Guitanga, l’un des avocats de la défense, a révélé qu’une déclaration de réconciliation a été faite par deux familles, rien que dans la nuit du 22 août. En plus, la victime Amidou Kanazoé a accordé son pardon aux 9 personnes accusées de « séquestration, de coups et blessures volontaires avec préméditation, d’atteinte à la vie d’autrui ».
C’est pourquoi, les avocats ont souhaité le renvoi du dossier. «Nous avons besoin de nous entretenir avec notre cliente pour savoir de quoi il s’agit exactement», a fait comprendre Me Guitanga qui soutient que lui et ses confrères de la défense ont besoin de deux semaines pour prendre connaissance des nouvelles pièces.
Le père de Adja Amsétou était dans la salle d’audience. Son nom? El Hadj Seydou Nikiema. Il est allé dans le même sens que les avocats de sa fille. Après le renvoi du dossier, il a demandé la compréhension du tribunal.
A l’écouter, si des familles se sont pardonnées, la justice peut décider d’en faire autant. « Nous demandons au juge de prendre le pardon en compte dans cette affaire. Nous reconnaissons avoir fauté, nous avons commis une erreur comme tout autre être humain, mais, nous demandons encore pardon».
Les avocats de la «guérisseuse de Komsilga» et des 8 autres prévenus sont encore revenus sur la demande de mise en liberté provisoire. Ils veulent une comparaison libre de leurs clients.
Selon eux, Larissa Nikiema dit Adja Amsétou ne peut en aucun cas se soustraire de la justice. « La garantie de représentation ne fait l’ombre d’aucun doute », plaident-ils, en insistant surtout sur le fait que la victime, c’est-à-dire Amidou Kanazoé a accordé son pardon. L’acte selon eux montre à souhait qu’il y a « un apaisement de la situation entre les parties».
Les conseils des prévenus ont aussi fait comprendre au juge que de nombreux malades souffrent énormément sur le site de Komsilga du fait que la guérisseuse est absente.
Cependant, le procureur a émis des réserves sur cette demande de liberté provisoire. « Depuis que le Messie a été capturé, il y a eu des morts sur le site de Komsilga», déclare-t-il faisant allusion à la «guérisseuse» Adja Amsétou. « Pour ce cas d’espèce, monsieur le président, il s’agit d’un flagrant délit», précise-t-il.
Le procureur poursuit en faisant observer ceci: « Le code de procédure pénale est clair là-dessus : lorsqu’il s’agit d’un flagrant délit, les mis en cause sont directement jugés et il n’y a plus de prochaine audience. En plus, nous n’avons pas la certitude que dans deux semaines, tous les prévenus se présenteront devant cette barre.»
Après quelques minutes d’échanges entre les membres du Tribunal, il a été décidé du renvoi ferme du dossier au 6 septembre 2023. Mais, cette fois-ci, le juge a été clair avec les avocats : « Je tiens à vous préciser que le 6 septembre, même si un seul avocat n’est pas présent, le dossier sera retenu et jugé. Je vous préviens. J’estime qu’il n’y a pas quelque chose de particulier dans ce dossier. C’est vous qui avez demandé le renvoi et c’est encore vous qui avez proposé votre date ».
Outre cela, pour la deuxième fois, le juge a rejeté la demande de mise en liberté provisoire pour «la guérisseuse de Komsilga» et ses co-prévenus.
