Troisième jour de l’audition du commandant Abdoul Aziz Korogo, les débats se sont portés sur les charges de meurtre sur treize personnes et coups et blessures sur quarante-deux autres, après les échanges les jours précédents sur les actes d’attentat à la sûreté de l’Etat.
Sur les charges de meurtre sur treize personnes et coups et blessures sur quarante-deux autres, le commandant Abdoul Aziz conteste les faits à lui reprocher. Il se veut clair « Je n’endosserai pas la responsabilité des actes commis par des subordonnés », indique-t-il. Aziz Korogo indexe depuis le début du procès, les soldats qu’il qualifie d’éléments incontrôlés et indisciplinés du RSP comme le sergent-chef Koussoubé Roger dit » le Touareg », le soldat de première classe, Zongo Amado, le sergent-chef Zerbo Mohamed, et d’autres soldats, qui tenaient des rencontres à l’insu des officiers et utilisaient les moyens roulants du RSP, sans la permission de la hiérarchie.
Sur ce comportement, Abdoul Aziz Korogo a notifié qu’après plusieurs interpellations pour qu’ils réintègrent le matériel roulant du corps sans succès, il en avait parlé à la hiérarchie, qui lui a promis de résoudre le problème. Ces éléments incontrôlés qui n’en faisaient qu’à leurs têtes, rendaient le commandement difficile au sein du corps.
« Lorsque j’ai pris le commandement au RSP le sergent-chef Koussoubé Roger dit ‘’le Touareg’’, le soldat de première classe Zongo Amado, le sergent-chef Zerbo Mohamed, et bien d’autres personnes, organisaient des réunions avec les moyens du corps (voitures et motos) sans la permission des officiers. Je les ai appelés pour comprendre et je leur ai demandé de réintégrer les moyens du corps, et ils ne l’ont pas fait. J’ai saisi le Chef d’état-major particulier de la présidence pour lui expliquer ce comportement », a révélé Abdoul Aziz Korogo.
Mais pour la défense, c’est relativement le chant pour la plupart des officiers quand il s’agit de parler des éléments incontrôlés et indisciplinés du RSP déjà cités. La défense estime que c’est un argument facile. Pour Me Alexandre Sandwidi, avocat de Koussoubé Roger et de Zongo Amado (qui auraient menacé de tirer sur le Commandant Korogo), le commandant Abdoul Aziz Korogo devrait démissionner pour incapacité de commander ces éléments.
Pour cet avocat, aucune raison ne justifie la présence d’éléments incontrôlés et indisciplinés sous son commandement si ce n’est pas son incompétence. Le commandant rétorque « si un militaire, envisage de démissionner dès sa première difficulté rencontrée, alors il gagnerait à retourner à l’école pour la formation militaire », a répondu l’accusé.
Par rapport aux exactions commises qu’on lui attribue, le chef de corps adjoint du RSP est ferme « Il ne m’a jamais traversé l’esprit d’envoyer des éléments pour commettre des exactions », martèle-il. Bien au contraire, le Commandant Korogo dit mettre en garde des éléments du RSP. « Je leur ai dit de rentrer dès le 17 septembre 2015 sinon, ils assumeraient la responsabilité des actes commis sans les ordres du corps », explique-t-il.
Mais pour le parquet, l’accusé devrait faire l’effort d’identifier les auteurs des exactions à partir du moment où il était informé que ses éléments commettaient des exactions en ville.
Comme pour répondre à l’avocat de M. korogo, Me Dieudonné Willy, qui demande de ne pas charger son client à défaut de le féliciter pour ce qu’il a fait pour le rétablissement de la situation, le parquet dira « Ce n’est pas parce que vous avez bien agi à un moment que nous allons occulter votre part de responsabilité ».
L’audience est suspendue ce mercredi 7 novembre 2018, pour reprendre le vendredi 9 novembre 2018 à 9h, au tribunal militaire de Ouagadougou.
Siébou Kansié
libreinfo.net