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Burkina/Procès terroristes :  « Les gens m’en veulent sans raison », un condamné

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T.I est un cultivateur et éleveur qui dit avoir été arrêté pendant qu’il était à des funérailles dans le Koulpélogo (région du Centre-Est du Burkina). Puis conduit en prison et ensuite présenté à un juge d’instruction sans qu’il ne comprenne exactement ce qui lui arrive. Le 2 août 2024, il a comparu devant le pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme pour répondre des faits d’association de malfaiteurs terroristes. 

Par Nicolas Bazié

T.I est marié à deux femmes et est père de quatre enfants. Il est accusé de ravitailler les terroristes en vivres et bien d’autres marchandises. 

Le rapport de l’enquête préliminaire renseigne que le mis en cause a plusieurs fois convoyé des femmes et des enfants terroristes vers un centre de santé. 

Le même rapport soutient qu’avant l’avènement du terrorisme, T.I, qui est aussi un kogleweogo (groupe d’autodéfense, ndlr) s’adonnait au vol de petits ruminants dans son village. Il ressort également qu’il «n’a pas bon nom» au sein de la population. 

Appelé à la barre, T.I, qui semble toujours ne rien comprendre, apprend qu’il lui est concrètement reproché d’avoir fourni des services, des renseignements, à des terroristes. Le prévenu plaide immédiatement non coupable, déclarant qu’il ne connaît pas de terroristes. 

Devant les membres du tribunal, il fait comprendre que c’est plutôt à A.O, un aîné, qu’il partait livrer des marchandises. À l’en croire, ils ont grandi ensemble et c’est quelqu’un qu’il respecte beaucoup. D’après lui, il ne trouve aucun inconvénient à rendre service à ce dernier. 

À la barre, T.I se veut plus précis sur sa relation avec A.O. Il déclare ce qui suit : « Il m’envoie le plus souvent prendre ses affaires pour lui. Premièrement, c’était des cannettes de boisson que je suis allé prendre et lui livrer. Deuxièmement, c’étaient des spaghettis, des cartons de thé, des piles et ainsi de suite. Je partais livrer ces marchandises à A.O chez lui à la maison puisque c’est un boutiquier et sa boutique est à la maison. C’est quelqu’un avec qui je cause très bien. Lorsque j’ai un souci et que je le vois, il trouve toujours une solution à mon problème. Je suis même marié à une fille de leur famille. Donc, je n’ai jamais envoyé de marchandises dans une forêt. Aussi, je n’ai jamais accompagné des femmes et des enfants des terroristes dans un centre de santé ». 

Lorsque le juge d’instruction a auditionné le mis en examen, il a instruit une commission rogatoire (un acte juridique spécifique qui donne la possibilité à un juge d’instruction de déléguer une partie de ses pouvoirs ou une mission spécifique à un officier de police judiciaire dans le cadre d’une enquête, ndlr).

Il s’agit d’entendre des témoins pour avoir plus d’informations. L’enquête révèle que toutes les personnes interrogées à propos de T.I sont unanimes qu’il livrait des marchandises dans une forêt. Les gens ne vous aiment-il pas au village ? Qu’avez-vous fait au point où tout le monde vous accuse ? Ce sont des questions du juge. 

Voici la réponse du prévenu : « J’ai l’impression qu’ils ne m’aiment pas vraiment. C’est ce que je pense. Et je ne sais pas pourquoi. Si ce qui est dit était vrai, je le reconnaîtrais devant vous sans aucun doute. Je crois que les gens m’en veulent sans raison. Je n’ai rien pourtant. Je n’ai que mes deux femmes, mes veaux et ma moto». 

Le procureur lui demande s’il ne se reprochait rien, pourquoi il a tenté de fuir lorsqu’il a vu les agents de sécurité. T.I situe le contexte en ces termes : « J’étais à des funérailles. Pendant que j’étais assis avec des filles dans une cour, un homme est venu m’appeler. Je l’ai donc suivi et nous nous sommes dirigés dehors». 

Le prévenu poursuit : « Il m’a demandé si j’avais une pièce d’identité. J’ai répondu par l’affirmative et je lui ai effectivement présenté ma pièce. Il l’a regardé et me l’a remis en me disant que c’était bien. À ma grande surprise, j’ai vu un autre homme qui arrive et l’autre s’est retourné pour m’attraper. C’est ainsi que j’ai tenté de fuir parce que j’ai eu peur. Ils étaient en civil. Comment je pouvais savoir que c’était plutôt des agents de sécurité ? Ils ne me l’ont pas fait savoir. Leur manière de faire m’a vraiment fait peur ». 

Sans poser trop de questions, le procureur, dans ses réquisitions, fait un feedback sur les déclarations de T.I et les témoignages. Il rappelle que le prévenu a affirmé que les personnes qu’il convoyait au centre de santé étaient en réalité ses épouses. 

Il revient sur la mission de la brigade antiterroriste qui a consisté à entendre des témoins qui ont donné, selon le procureur, des informations concordantes et à charge. 

Le parquet fait noter aussi que ces témoignages ne sont pas un acharnement. Pour lui, T.I doit être reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés. Il requiert ainsi à son encontre 21 ans de prison dont 15 ans de sûreté et une amende ferme de 1 million de francs CFA. 

Dans son jugement rendu quelques minutes après, le tribunal a reconnu coupable T.I des faits d’association de malfaiteurs terroristes et en répression, il l’a condamné à une peine d’emprisonnement de 21 ans dont 15 ans de sûreté et à une amende ferme de 2 millions de francs CFA. 

www.libreinfo.net

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