Le procès de l’assassinat du président Thomas Sankara et ses douze compagnons, suspendu le 11 octobre 2021, a repris lundi 25 octobre à Ouagadougou, dans la salle des banquets de Ouaga 2000. Chaque partie a donné la liste de ses témoins. Pour les témoins qui sont hors du territoire burkinabé, la partie civile a demandé au tribunal l’autorisation de faire leurs auditions par visioconférence. Chose que la chambre a accepté.
Par Rama Diallo, stagiaire
Le procès de la mort du père de la révolution burkinabè et de ses douze compagnons a repris le 25 octobre après deux semaines de suspension. La matinée a été consacrée à l’appel des témoins des différentes parties. Plusieurs témoins sont hors du Burkina. A la demande de la partie civile de permettre à ses témoins ses derniers de faire l’audition par visioconférence, le tribunal a répondu favorablement. Mais la visioconférence se fera sous la supervision des services informatiques du ministère de la défense.
Demain mardi 26 octobre, le premier accusé va comparaitre. Il s’agit de Yamba Ilboudo, militaire à la retraite. Il est accusé de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat et d’assassinat.
Avant la réponse du tribunal, le débat a été houleux entre la partie civile et le parquet qui s’est opposé farouchement à intégration de la visioconférence pour l’audition des témoins absents. Le parquet dit qu’il n’a pas les moyens pour permettre aux témoins de faire l’audition par visioconférence. Aussi, la loi interdit l’enregistrement des procès or avec la visioconférence des gens pourront enregistrer le procès.
L’avocat de la partie civile maitre Prosper Farama, a dit être scandalisé qu’au 21e siècle, le parquet burkinabé ne dispose pas de moyens pour pourvoir permettre de faire une visioconférence lors d’une audition. Selon lui la loi permet de faire une visioconférence si le témoin n’est pas présent. Il a même proposé que si le parquet n’avait pas les moyens, la partie civile ferait la visioconférence avec ses propres moyens. Quant à la défense, elle n’a pas fait d’objection. Cependant elle dit douter un peu de la crédibilité du serment et a proposé au parquet de trouver les moyens pour assurer la visioconférence.
Au regard de l’état de santé de certains témoins qui étaient présents, le tribunal a décidé qu’ils rentrent chez eux en entendant le jour de leur passage. Aucune partie n’a trouvé d’inconvénient. Cinq témoins passeront par jour et sur quatre jours de la semaine.
Dans l’après-midi le greffe a lu les chefs accusations qui pèsent sur chaque accusé. A l’issue de la lecture la partie de la défense a demandé la liberté provisoire pour ses clients. Le parquet ne s’est pas opposé à cette demande. Par contre la partie civile, a rejeté cette demande. Pour la partie civile rien ne garantit que les accusés se présentent chaque fois qu’on aura besoin d’eux. Cette question sera statuée le mardi.
Dans cette affaire, l’Etat est cité comme civilement responsable. D’après Prosper Farama, après le procès, les victimes auront droit à une indemnisation. « L’action qui a été perpétrée par les militaires l’ont été dans le cadre de leur fonction. Ils ont utilisé les moyens de l’Etat, les armes de l’Etat dans une enceinte qui était le Conseil de l’Entente qui était sous la direction de l’Etat. Il est important que ce ne soient pas seulement eux, qui répondent des condamnations pécuniaires, que l’Etat puisse être civilement responsable. Nous estimons que techniquement, il n’y a pas d’incompatibilité à un procès à être à la fois partie civile et civilement responsable. L’Etat évoquera ses réclamations à l’égard de qui il jugera utile », a indiqué l’avocat de la partie civile.
Concernant la demande de la liberté provisoire demandée par la défense pour leurs clients, l’avocat de la partie civile, Ferdinand N’zepa pense que si le tribunal accepte cette demande, il y aura un trouble à l’ordre publique. Selon lui si la population apprend que les accusés sont en liberté provisoire, cela va créer un tollé. Aussi, les accusés peuvent exercer une pression sur les témoins.
La visioconférence est une solution, mais la partie civile n’a pas encore totalement retrouver tous leurs témoins. « La liste que nous avons, ce sont les noms sans les adresses. Il est écrit : les adresses en cours de recherche, ce qui veut dire que la personne ne sait même pas qu’elle doit témoigner. Cela risque de retarder le procès pour rien », a martelé maitre Mamadou Coulibaly avocat de la défense.