L’audition du général Gilbert Diendéré dans le cadre du procès Thomas Sankara s’est poursuivi le jeudi 11 octobre 2021, à Ouagadougou. Il est accusé de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, d’assassinat, de recel de cadavres et de subornation de témoins. Au moment des faits, il était le chef de corps adjoint du centre national d’entraînement commando (CNEC).
Par Rama Diallo, stagiaire
L’audition de ce jour était moins houleuse par rapport à celle du 10 octobre. Pour des questions d’éclaircissement le président du tribunal, Urbain Meda avait demandé au parquet de poursuivre l’interrogatoire du jour avant l’intervention de la défense.
Le parquet a interrogé le général Gilbert Diendéré par rapport à un renfort qu’il avait demandé à Pô sous prétexte qu’il serait attaqué. « Vous dites que vous avez appelé Pô en renfort Parce que Nabié vous avait dit que vous alliez être attaqué. Est-ce que vous avez informé quelqu’un avant de prendre cette disposition ?».
Le général a indiqué qu’il a pris cette disposition lui-même. Le ministère public poursuit :« est-ce que ce n’est pas pour contrer cette attaque que vous avez envoyé vos hommes assassinés les chefs de la force d’intervention du Ministère de l’administration territoriale et de la sécurité (FIMATS) et de l’Escadron d’intervention rapide (ETIR) ?». L’accusé répond qu’il n’a pas envoyé d’hommes pour faire quoi que ce soit.
Le parquet continue avec la lecture d’un passage d’un livre. Dans le passage, c’est comme si le général décrivait ce qui s’est passé le 15 octobre. Le général a répondu qu’il parlait à bâton rompu avec le journaliste. Et qu’il ne savait pas que le journaliste allait écrire là-dessus. Et en plus, ses propos ont été mal transcrits. Donc il ne reconnait pas ces écrits.
Quand la défense de Diendéré a été autorisée à s’exprimer, Me Abdoul Latif Dabo a fait observer que la partie civile tout comme le parquet veulent obligatoirement incriminer son client. Après son observation, il demande au général pourquoi il n’a pas fui le 15 octobre 1987, lorsque ça tirait au Conseil au l’Entente.
Le général répond : « j’avais une responsabilité et je n’étais pas loin du Conseil. Il était nécessaire pour moi d’aller voir ce qui se passait. Imaginons que je fuis pour aller à Yako dans mon village et on extermine mes hommes. Les assaillants vont me chercher et me tuer aussi. Et si mes hommes résistent ? Est-ce que je pourrai venir dire que je suis leur chef ? Non, ils vont même me tuer. Non, je ne peux pas fuir.
L’avocat de la défense poursuit : « A l’époque, connaissez-vous l’emploi du temps des personnalités ?». « Non, je n’avais pas leurs emplois du temps. Maintenant, quand ils devraient sortir, ils me le disaient pour que je puisse mettre en place la sécurité. C’est l’adjudant Christophe Saba qui connaissait leurs emplois du temps, répond l’accusé. »
Me Dabo demande au général s’il avait demandé aux gardes de Sankara de déposer leurs armes et aller causer quand ils sont arrivés au Conseil ? Gilbert Diendéré a répondu par la négative. L’avocat continue : « avez-vous arrêté des gens ? » Le général a répondu non !
« A quel moment avez-vous su que les corps n’étaient plus au Conseil ? ». Le général : « C’est le matin quand Karim Tapsoba est venu me remettre le bout de papier sur lequel était inscrit les noms des morts ».
L’avocat continue : « en 1987, est- ce que vous saviez que vous alliez être jugé en 2021 ?». « Je ne savais pas que 2021 allait me trouver en vie », répond l’accusé.
Me Olivier Yelkouny, avocat du général lui demande pourquoi il porte la tenue militaire treillis léopard. Le général répond : « cette tenue a été introduite dans l’armée en 1974 par le président Thomas Sankara et améliorée par Blaise Compaoré. Je porte cette tenue pour montrer ma loyauté à mes deux chefs que je respecte beaucoup. Aussi, cette tenue, c’est pour les hommes qui vont au front. Je porte cette tenue pour montrer ma disponibilité à aller au front.
L’interrogatoire du général Gilbert Diendéré a pris fin cet après midi.
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