Le procès de l’affaire Thomas Sankara s’est poursuivi mardi 26 octobre 2021 à Ouagadougou. Le premier accusé Elysée Ilboudo est passé à la barre. Il a reconnu les faits qui lui sont reprochés et déclaré avoir agi entant sous les ordres de son chef Hyacinthe Kafando au moment des faits.
Par Rama Diallo, stagiaire
Le troisième jour du procès de l’assassinat du président Thomas Sankara et de ses douze compagnons, a été marqué par le passage de l’accusé Elysée Ilboudo à la barre. Il était chauffeur miliaire de 28 ans au moment des faits. Il est accusé de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat et d’assassinat. A 62 ans aujourd’hui, le présumé coupable a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Il dit avoir agi sous les ordres de son chef Hyacinthe Kafando.
Quand le procureur lui demande d’être plus clair, le militaire rétorque « vous savez le soldat a un chef, il exécute les ordres. J’ai reçu les ordres de mon chef Hyacinthe Kafando. Le jeudi 15 octobre 1987, autour de 16h, Hyacinthe a demandé où est Elysée ? Quand j’ai répondu, et il m’a dit monte dans la voiture, on va au conseil de l’entente. Et nous avons démarré du domicile de Blaise Compaoré pour le conseil de l’entente ».
Le procureur Meda lui demande quelles sont les instructions qu’il a reçues. Elysée Ilboudo répond: « qu’ils sont partis au Conseil de l’entente avec deux véhicules. Il conduisait un véhicule et l’autre était conduit par un autre militaire du nom de Pathé Maïga ». « Arrivée devant le Conseil, Maïga est rentré dans la cour. Moi, je voulais continuer et Hyacinthe a tiré le volant et a dit : tourne au secrétariat».
Urbain Meda,le procureur lui pose une autre question : arrivés au secrétariat, vous êtes allés ou ? Le militaire à la retraite dit qu’il est resté dans le véhicule et leur chef a donné l’ordre aux autres de descendre du véhicule. Et quand ils sont descendus, ils ont pris la direction du bâtiment appelé Togo mais ils n’ont pas duré et ils sont revenus devant le secrétariat puis ils ont commencé à tirer en désordre. « La première personne qui est tombée, était Walilaye, ensuite Der Somda et le président Thomas Sankara est sorti dire « qu’est ce qui se passe ? », et ils ont tiré sur lui. Il s’est écroulé sur ses genoux puis il est tombé sur son côté gauche », a-t-il expliqué à la barre.
A la question de savoir s’il avait une arme sur lui. Il a répondu par la négation. Le présumé coupable a indiqué qu’après les coups de feu, il est retourné au domicile de Blaise Compaoré.
Le parquet militaire a estimé que les réponses de monsieur Ilboudo ne sont pas cohérentes avec les déclarations qu’il avait faites au juge d’instruction. « Vous avez dit beaucoup de choses mais aujourd’hui, vous dites peu de choses », a signifié le parquet à Elysée Ilboudo.
Selon le parquet, le présumé coupable ne dit pas sa part de responsabilité. Tout a été fait par les autres sauf lui. Pour le parquet, une phrase que le militaire avait dite au juge d’instruction montre clairement sa culpabilité. « Je ne savais pas que je partais faire un coup d’Etat. A plus forte raison ôter la vie de quelqu’un. Dieu a dit aimez vous les uns les autres », une déclaration faite par l’accusé au juge d’instruction. Mais l’accusé ne reconnait pas avoir fait cette déclaration. Le militaire refuse de répondre aux questions sur la présence de Gilbert Diendéré au Conseil de l’entente. Il dit qu’il ne le sait pas. L’accusé déclare avoir fait un accident, toute chose qui lui a fait oublier beaucoup de faits. Pourtant, l’accusé a répondu à ces questions devant le juge d’instruction.
Quand l’avocat de la partie civile Ferdinand N’zepa, lui demande s’il est vrai qu’il n’était pas au courant d’un coup d’Etat et qu’il n’avait pas participé aux tirs ; pourquoi, a-t-il regardé les militaires tirer sur tout un président du Burkina Faso sans réagir étant formé commando. Il a répondu qu’il a peur qu’on le tue aussi comme ils ont tué Thomas Sankara.
A la sortie de l’audience maitre Ferdinand N’zepa avocat de la famille Sankara, dit être un peu déçu par le comportement de l’accusé qui refuse un peu de dire toute la vérité sur ce qui s’est passé le 15 octobre 1987. D’après l’avocat, Elysée Ilboudo est le seul parmi les accusés qui a accepté dire toute la vérité au juge d’instruction. L’avocat de la partie civile croit que l’accusé subit une pression, raison pour laquelle, il refuse de répondre à certaines questions concernant le général Gilbert Diendéré.