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Salle de jugement
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L’affaire de la vente illégale de parcelles à Banfora (région des Cascades) a été connue une avancée ce 29 avril 2025, au Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga I. Après la comparaison des prévenus Sidaty Yoda, Lamine Tera et Adama Ganamé, l’audience a repris ce matin avec l’audition des témoins qui sont des victimes dans cette affaire.

 

Souleymane Lallogo est le premier témoin à être appelé à la barre pour déposer. Orpailleur de son état, il dit avoir entendu, par le biais du prévenu Lamine Tera, que le président du Tribunal de grande instance (TGI) de Banfora, Sidaty Yoda, vend des parcelles que la justice a saisies.

 

Une bonne nouvelle pour ce témoin qui a, tout de suite, manifesté son intérêt d’acheter une parcelle. Selon lui, Lamine Tera et le président Yoda se connaissent bien. « Ils travaillent ensemble », dit-il.

 

Dans son récit, le témoin déclare que lors des rencontres qu’il a eues avec Sidaty Yoda, ce dernier l’a assuré que les parcelles en vente appartiennent à la Justice. « Le président m’a rassuré plusieurs fois que l’affaire est à leur niveau et qu’il n’y a pas de problème », témoigne-t-il à la barre. Ce que Sidaty Yoda a vigoureusement contesté plus tard, déclarant qu’il n’a jamais dit à M. Lallogo dans son bureau, au palais de justice, que l’affaire des parcelles est au niveau de la justice.

 

Le témoin poursuit : « On m’a dit que lorsqu’on paye la parcelle seulement, la justice délivre les ordonnances de mutation de terrains. La condition c’est d’acheter la parcelle seulement ».

 

Souleymane Lallogo tient également ces propos : « Lamine Tera m’a dit qu’il ya des terrains à Banfora, Niangoloko, Sindou et à Bobo-Dioulasso appartenant à la justice. Moi, j’ai voulu en acheter à Banfora et à Niangoloko ». C’est pratiquement toute la région des Cascades qui était en vente, martèle un avocat de la partie civile.

 

Au regard de toutes les assurances dont il a bénéficié, le témoin Lallogo achète une parcelle à Banfora à 6 millions F CFA. Il dit avoir remis 300 000 F CFA aux démarcheurs Lamine Tera et Adama Ganamé. Peu après, selon toujours son témoignage, Lamine Tera a amené l’acte de vente chez lui à domicile pour le lui présenter.

 

Lorsqu’il a regardé de près cet acte de vente, Souleymane Lallogo s’est attardé sur un détail : sur le papier, c’est l’année 2020 qui y figure. « On m’a fait comprendre que c’est le président Sidaty Yoda qui a dit de faire ainsi », affirme-t-il.

 

L’orpailleur ajoute à son récit cette information : « Quand j’ai commencé à construire sur la parcelle que j’ai achetée, Lamine Tera est passé me dire que le président Sidaty Yoda a vu le début de la construction et qu’il a apprécié ».

Sidaty Yoda comprend très bien le dioula

 

D’un âge un peu avancé, M. Poda est aussi orpailleur. Contrairement à Souleymane Lallogo, il déclare avoir acheté 9 parcelles et remis l’argent de toutes les parcelles à Lamine Tera.

 

Il revient même sur une déclaration du président Yoda qui avait dit à l’audience du 28 avril, qu’il comprend à peu près la langue dioula. « Le président comprend très bien le dioula », at-il laissé entendre. Une réponse qui, apparemment, réjouissait Me Mamadou Sombié.

 

« Je n’ai jamais dit à quelqu’un de vendre ma parcelle »

 

Propriétaire d’une parcelle qui a été vendue à son insu, Abdoulaye Traoré a fait sa déposition avec tous les papiers de sa parcelle en main. Au juge, il dit qu’il n’a jamais demandé à quelqu’un de vendre sa parcelle.

 

Pourtant, sur les ordonnances de mutation signées par le président Sidaty Yoda , il est mentionné, en substance, que le vendeur n’est pas disponible pour la vente de la parcelle. Chose bizzare, il n’a pas mandaté quelqu’un pour le représenter. Des ordonnances que la victime a contestées avec force. « Je n’ai jamais dit que je vends ma parcelle. Je n’ai jamais dit aussi à quelqu’un que je vends ma parcelle », maintient mordicus Abdoulaye Traoré.

 

Abdoulaye Sanou, ami du magistrat Sidaty Yoda, est revenu sur sa déposition. Devant les membres du Tribunal, ce mécanicien de profession affirme ne pas avoir de parcelle à Banfora. Cependant, selon ses propositions, le président Yoda aurait appelé un jour pour l’informer qu’il était attributaire d’une parcelle scellée à Banfora. Sidaty Yoda lui aurait même communiqué les références de la parcelle en question.

 

Lorsque l’affaire a éclaté, M. Sanou a été convoqué par la Gendarmerie de Banfora. Il décide donc d’aller répondre à la convocation. Arrivé, c’est Sidaty Yoda lui-même qui vient accueillir son ami à la gare, d’après son témoignage. Face au Tribunal, il informe que M. Yoda lui aurait demandé de « l’aider à se tirer d’affaire ».

 

Ce que le président du TGI de Banfora a rejeté, indiquant qu’il ne reconnaît pas avoir dit une telle chose. Il fait savoir qu’il a appelé Abdoulaye Sanou pour savoir s’il avait un terrain en vente à Banfora. « Je me souviens qu’un jour j’ai reçu une requête où il était attributaire. Je l’ai appelé pour savoir s’il a une parcelle à Banfora. Quand il est venu, je lui ai remis les références de la parcelle », soutient-il.

 

Le tribunal veut toujours savoir ce que Sidaty Yoda pense de tout ce qui a été dit contre lui depuis le début de l’audience. À la barre, il a balayé du revers de la main toutes les déclarations faites à sa rencontre.

 

Visiblement dépassé par les dénégations du prévenu Yoda, Me Prosper Farama, avocat du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), s’est levé et a fait remarquer que le prévenu ne dit pas la vérité. « C’est écoeurant. Vous dites que vous avez un ami qui est attributaire d’une parcelle à Banfora qui a été scellée. Pourtant, ce même ami dit qu’il n’a jamais été attributaire d’une parcelle à Banfora. Vous ne dites pas la vérité », at-il dit.

 

Et de poursuivre : « Je respecte tout ce que vous avez dit, vous en avez le droit. Mais il faut un minimum de dignité. De toutes les façons, nous allons revenir là-dessus dans les plaidoiries ».

 

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