Le festival Ciné droit libre a commencé à dérouler son programme d’activités depuis hier, date de l’ouverture du festival. Ce dimanche 9 décembre 2018 à 18h 30min à l’espace Gambidi, c’est un film intitulé « Revenir » de Kumut Imesh sur la migration qui a été projeté, suivi de débat avec le coréalisateur David Fédélé, la représentante de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Mme Yolande Kaboré et la patronne du Haut-commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) au Burkina, loli Kimyaci. Kumut Imesh, le comédien principal du film, quitte son pays et parcourt quatre pays par la route avant de rejoindre la France par avion.
Kumut Imesh fuit la guerre, la persécution en Côte d’Ivoire pour une destination inconnue, laissant derrière lui sa famille. Son voyage débuta à la frontière entre le Ghana et la Côte d’Ivoire. Voyageant par la route de pays en pays et traversant les frontières de manière illégale, il tenta de traverser la vaste étendue du désert du Sahara ; suivant la même route que bon nombre de migrants et de demandeurs d’asile continuent d’emprunter de nos jours.
Le premier point de chute de Kumut Imesh fut le Ghana. Les grandes villes selon le migrant, offrent moins de soucis, plus d’emplois et l’on y est moins considéré comme étranger.
Kumut Imesh décida alors de s’installer à Accra avec pour priorité, sa sécurité et se faire de l’argent pour la suite de son aventure. Mais où trouver de bonnes informations sur le travail ? L’aventurier se refera aux milieux religieux (l’église et la mosquée) où il estima trouver des personnes sures de bien le renseigner. Ainsi, il se renseigna dans une mosquée. Il s’adonna par la suite, aux activités de réparation d’ordinateurs dans la soirée et d’aide maçon dans la journée. Mais les travaux de maçonnerie furent très pénibles pour lui qui fut étudiant en année de licence en informatique en Côte D’Ivoire.
Dans son quartier d’exile à Accra, Kumut Imesh retrouva des connaissances dangereuses à sa sécurité. Le personnage se rendit ainsi compte que la sécurité d’une personne qui fuit la persécution, la guerre ou un problème sérieux de tous ordres, n’est pas garantie par le simple fait d’arriver à un pays voisin. Il abandonna alors ses activités pour la suite de son périple, mais cette fois-ci à Lomé, au Togo.
Au Togo, il fit la connaissance d’un grossiste d’articles vestimentaires au grand marché de Lomé. Il décida de vendre des vêtements dans les rues. Dans cette activité, le refugié se fit de l’argent. Durant son trajet, l’émigré n’a pas voulu raconter sa situation à personne et fit tout pour ne pas rencontrer quelqu’un de son pays. Car il ne voulut pas qu’on le traite d’ennemi par connotation politique, ethnique ou par conviction religieuse. Car à cette époque, la situation politique fut intense.
Kumut trouva au Togo, un ami béninois sûr et lui raconta son histoire. Ce dernier le conseilla d’aller demander un statut de réfugié au Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). Mais l’aventurier refusa, car il ne voulut pas que l’on sache qu’il est un refugié, parce qu’en Côte d’Ivoire, il eut beaucoup de pitié pour les réfugiés libériens qu’il rencontrait.
Du Togo, Kumut Imesh alla au Benin, où il continua la vente d’habits et parfois le lavage auto. Il y passa six mois et reçut de ses parents, ses documents identitaires. Ce fut un ouf de soulagement.
Les élections au Benin s’approchèrent et l’étudiant en fuite échoua son inscription à l’université du Bénin. Kumut Imesh décida alors d’aller en France pour poursuivre ses études. Avec peu d’argent, on l’informa que le billet d’avion était moins couteux au Niger qu’au Bénin. Une raison suffisante qui motiva l’ivoirien en fuite, à quitter le Benin pour Niamey.
A Niamey, il se rendit compte que les frais de transport étaient les mêmes. Mais Kumut déterminé, pensa que les choses iraient mieux pour lui. Grande fut sa surprise lorsqu’il se rendit compte que la bataille venait de commencer.
Il perdit son sac contenant de l’argent et d’autres biens, alors qu’il avait dépensé pour le transport Bénin-Niger. Il chercha du travail à Niamey sans succès. Kumut n’eut plus assez d’argent pour aller en France. Il apprit qu’on pouvait aller au Maroc par la route et à pied, à partir du Niger en passant par Agadès, puis à Assamakka, en traversant le désert du Sahara pour l’Algérie. De l’Algérie on pouvait prendre un véhicule pour le Maroc.
Il opta pour cette possibilité. Mais en traversant le désert du Sahara, Kumut Imesh fit face aux forces de défense et de sécurité, qui lui retirèrent toutes ses pièces et effacèrent toutes les images sur le film qu’il voulait réaliser. Par l’intervention de son coréalisateur, il arriva à corrompre les forces de sécurité à la frontière. Il trouva la liberté et arriva enfin à rejoindre la France par vol. Fin du film.

A la fin ce film très émouvant qui a duré 1h 23min, les interactions entre les cinéphiles, le coréalisateur David Fédélé, Mme Yolande Kaboré de l’OIM et la représentante résidente de HCR, Mme loli Kimyaci, ont permis de comprendre les notions d’émigrés, de réfugiés et de migrants. L’objectif du film selon le coréalisateur, est de montrer au monde entier, la réalité des émigrés durant leurs parcours à travers une personne ayant vécu les faits. Cela, pour décourager tous les jeunes qui pensent que la solution dans leur vie se trouve dans l’émigration.
Au cours des échanges, un cinéphile attire l’attention du coréalisateur sur le film qui pourrait être compris autrement par les jeunes. Car, d’un côté, l’on peut voir à cette aventure de Kumut, un chemin facile pour rejoindre l’Europe. Et ce festivalier de suggérer la multiplication des sensibilisations à chaque projection de ce film, pour mieux orienter sa compréhension.
Siébou Kansié
Libreinfo.net
