La ré-inhumation des restes du père de la révolution burkinabè, Thomas Sankara et de ses douze compagnons assassinés en octobre 1987 se fait toujours attendre. Pour cause, gouvernement et familles des victimes ont du mal à s’accorder sur la période et le lieu de la ré-inhumation.
Par Daouda Kiekieta
Suite au verdict du procès de Thomas Sankara et de ses 12 compagnons, le 6 avril 2021, les Pompes Funèbres Militaires ont été désignées par le juge d’instruction du Tribunal militaire pour procéder à l’inhumation des restes des regrettés, exhumés pour des raisons d’enquête les 25, 26 et 27 mai 2015.
Jusque-là, les familles des victimes et le gouvernement n’ont pas encore trouvé un accord sur le lieu et la date des enterrements.
Les contradictions entre les deux parties se poursuivent et l’opinion semble perdue dans cet imbroglio.
Après la demande de pardon de l’ancien président Blaise Compaoré au peuple burkinabè et particulièrement à la famille Sankara, le 16 juillet 2022, les autorités de la Transition d’alors avaient décidé d’enterrer les restes de Thomas Sankara et ses compagnons le 4 août 2022 au cimetière de Gounghin, au carré militaire.
Cette date devait coïncider avec le 39e anniversaire de l’avènement de la révolution d’août 1983.

Cependant, les familles des victimes se seraient opposées et auraient même refusé d’assister à des rencontres devant aboutir à ces enterrements.
Ainsi, dans un communiqué rendu public, le lundi 1er août 2022, la Direction de la Communication et des Relations Publiques des Armées indiquait qu’aucune date n’avait été arrêtée pour l’inhumation.
Dans une déclaration conjointe en date du 17 septembre 2022, les familles disent avoir été reçues par le président de la Transition, Paul-Henri Damiba, pour une entrevue dont l’objet était de parler des obsèques de Thomas Sankara et de ses compagnons.
A l’issue des échanges, il revenait aux familles de choisir le lieu et la date des inhumations.
Le 2 janvier 2023, dans une correspondance adressée au président de la Transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, les familles des victimes avaient choisi le Monument des Martyrs de Ouagadougou comme lieu d’inhumation.
Pour ce qui était de la date, elles avaient sollicité un délai minimum de trois mois, dans le but de permettre à toutes les familles de s’organiser afin d’être présentes à l’inhumation.
Le 03 février 2023, le gouvernement annonce cependant que ladite ré-inhumation se déroulera à Ouagadougou sur le site du Mémorial Thomas Sankara (ex-Conseil de l’Entente).
« La présente décision est le résultat de concertations au sein des Forces armées élargies aux familles des victimes, à la Mairie de Ouagadougou, aux Autorités coutumières et religieuses ainsi qu’au Comité international du Mémorial Thomas Sankara » précise le communiqué du gouvernement, qui, « remercie tous les acteurs qui ont contribué à cette décision qui respecte à la fois les exigences militaires, coutumières, sécuritaires, communales et techniques ».
Deux jours après, soit le 5 février, les familles contestent le lieu choisi par un communiqué.
« Nous prenons l’opinion publique nationale et internationale à témoin que le lieu d’inhumation des restes de Thomas Sankara vient de nous être imposé sans autre forme de discussion consensuelle » protestent les familles des victimes.
« Pour ce fait, nous sommes au regret d’informer que nous ne participerons pas à l’organisation des cérémonies et ne serons pas présents aux inhumations » ajoute le communiqué.
Finalement, où se trouve le problème ? Le gouvernement a-t-il décidé unilatéralement d’inhumer les restes des victimes d’octobre 1987 ? Tire-t-on vers une inhumation contestée des restes du père de la révolution burkinabè et de ses douze compagnons d’infortune ?
Lire aussi: Thomas Sankara: la famille n’est pas d’accord pour sa ré-inhumation au Conseil de l’Entente