C’est ce 17 octobre que s’ouvre à Bruxelles, en Belgique, la dixième édition du Rebranding Africa Forum (RAF). Placé sous le thème général « Ensemble, construisons l’Afrique », ce rendez-vous ambitionne de revisiter les pistes d’un développement auto-entretenu et auto-géré du continent…
Lancé en octobre 2014 à Bruxelles, en Belgique, le Rebranding Africa Forum (RAF) est aujourd’hui l’un des rendez-vous majeurs du continent.
Cette initiative avait en effet pour ambition, au lendemain du cinquantenaire des indépendances des pays de l’Afrique noire francophone, de constituer un creuset pertinent des fondements de la transformation de l’Afrique. Et grâce aux réflexions nourries au fil des éditions par des panels de qualité, rassemblant des orateurs avisés, le RAF a tenu son pari.
Ce rendez-vous annuel est ainsi indubitablement devenu, selon son fondateur, Thierry Hot, « un laboratoire qui catalyse les questionnements et les espoirs de l’Afrique, un formidable creuset d’influence pour matérialiser notre volonté d’amener le continent, par la force de propositions pertinentes et de stratégies mieux pensées et plus coordonnées, sur les chemins de sa renaissance ».
Ce travail de fond s’accompagne aussi d’une démarche généreuse qui vise à changer les regards et le narratif pessimiste et défaitiste sur notre continent.
Leitmotiv pour l’union et le travail
C’est donc avec une certaine satisfaction de ses initiateurs et organisateurs que se dresse cette année, du 17 au 19 octobre, la dixième édition de ce forum. Une dixième édition qui invite à l’union pour construire ce continent de tous les possibles, qui pèche souvent dans l’accomplissement responsable de sa destinée. « Ensemble, construisons l’Afrique ! » — thème de cette dixième édition — sonne donc comme un leitmotiv, le cor pour la mobilisation au travail, à l’unité, à la prospective…
En effet, et si l’on veut vraiment être juste et objectif, tout a déjà été pensé pour la transformation qualitative du continent. Tout est sur les tablettes et l’Afrique regorge d’exceptionnelles ressources humaines, matérielles et stratégiques, ainsi que d’énormes richesses minières et minérales.
« Le continent a de quoi s’assurer une croissance soutenue et à long terme », avait indiqué, en 2014, le Béninois Abdoulaye Bio Tchané, ancien président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad) et actuel ministre d’État chargé du Développement et de la Coordination de l’action gouvernementale de son pays.
À l’appui de cette affirmation, Abdoulaye Bio Tchané pointe la jeunesse de la population africaine ainsi que les « vastes ressources du sol et du sous-sol ».
D’ailleurs, le Burkinabè Alain Roger Coéfé, docteur ès sciences économiques, plusieurs fois ministre dans son pays et auteur de « La mondialisation, trente ans après », paru début 2013, renchérit en estimant qu’« il faut nourrir l’Afrique, et les Africains peuvent nourrir l’Afrique » !
Nouveau narratif, nouvelle démarche
Aujourd’hui, en une décennie, le laboratoire du RAF a produit une masse critique d’expertises et de recommandations qui ne demandent qu’à être converties en actions concrètes.
C’est pourquoi l’édition 2024 du Rebranding Africa Forum est d’une importance capitale, avec un menu de choix axé sur plusieurs disciplines et secteurs de développement. Speakers, participants et public de cette édition parleront ainsi de culture, sport et soft power, de techniques de l’information et de la communication en lien avec l’intelligence artificielle, mais aussi de capital humain.
Les panélistes aborderont en outre des thématiques relatives au changement climatique et à l’économie verte, à l’exploitation des ressources naturelles, puis à la santé et à la sécurité sociale.
De plus, le commerce intérieur et la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), l’agro-industrie, les transports et la connectivité figurent au programme du RAF’2024.
Évidemment, la construction de l’Afrique passe aussi par une vision prospective — formellement inscrite dans l’ADN du RAF —, qui prend en compte les systèmes institutionnels en pleine mutation sur le continent.
Aussi, les questions sur l’avenir de la démocratie sur le continent, la bonne gouvernance, la gestion économique et sociale meubleront-elles les discussions du forum…
Il reste évident que cette dixième édition du RAF constitue un tournant, aussi bien pour les initiateurs de ce rendez-vous que pour la réflexion d’ensemble pour poser des bases d’une nouvelle Afrique, avec un narratif auto-géré et auto-maîtrisé.
En tout état de cause, ce forum fait sa part pour soigner l’image de l’Afrique et repenser les dynamiques d’auto-développement, de concert avec des partenaires sur la base d’une co-construction responsable et digne.
Bâtir une Afrique positive…
Après avoir posé les jalons de l’émergence du continent en 2014, tracé les pistes pour « investir en Afrique et entreprendre pour l’Afrique » en 2015, puis exploré les solutions susceptibles de « relever le défi de l’industrialisation de l’Afrique » en 2016, le Rebranding Africa Forum, qui s’est ensuite inscrit, en 2017, dans la dynamique du dividende démographique du continent, a également évoqué la problématique de l’économie verte en 2018, à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso.
Le forum a ainsi poursuivi, au fil des éditions, la fécondation des idées novatrices et de l’élégance des propositions. Mais au-delà, il faut s’inscrire, ici et maintenant, dans la magie de l’action avec notamment, précise Thierry Hot, « l’alliage entre l’intelligence sociétale et démocratique au service des libertés, d’une part, et l’intelligence économique au service du progrès des peuples, d’autre part ».
Pour ce faire, gardons à l’esprit cette réalité saisissante, gravement peinte lors du RAF 2015 par Mahammed Boun Abdallah Dionne, ancien Premier ministre de la République du Sénégal : « L’Afrique, c’est plus de 10 % des réserves mondiales de pétrole, plus de 40 % des réserves mondiales d’or, plus de 80 % des réserves mondiales de métaux, comme le platine, plus de 24 % de terres arables. Notre premier défi est de valoriser ce potentiel !
Nous ne pouvons pas continuer à être les champions de l’exportation de phosphate et importer l’engrais dont nous avons besoin pour nos cultures. Nous ne pouvons pas continuer à exporter le coton et importer nos vêtements. »
Lorsqu’on aura changé ce paradigme, qui affleure par ailleurs dans bien des secteurs de notre développement commun, et en continuant de célébrer nos hommes et femmes qui tracent sans cesse les routes — ainsi que le fait déjà formidablement le RAF à travers le Rebranding Africa Awards —, nous contribuerons certainement, ensemble, à bâtir et à consolider cette « Afrique positive, pleine d’espoir et d’innovations » que nous appelons de nos vœux…