Les Burkinabè sont plus favorables à la confession et au pardon plutôt qu’à la poursuite judiciaire comme solution pour une paix durable et une réconciliation nationale. C’est ce qui ressort des résultats d’une enquête présentée le 16 février 2023 à Ouagadougou. L’étude a été menée par le réseau panafricain Afrobarometer et conduite au Burkina par l’Institut Général Tiémoko Marc Garango pour la Gouvernance et le Développement (IGD).
Par Daouda Kiekieta
Les principaux résultats de l’étude nationale dénommée “Afrobarometer, Donner une voix au peuple” ont été présentés le 16 février 2023 à Ouagadougou.
L’enquête a concerné deux thèmes principaux : la réconciliation nationale et l’unité, et la crise sécuritaire.
L’étude dénommée “Afrobarometer, Donner une voix au peuple” a eu lieu au Burkina entre le 20 septembre et le 12 octobre 2022. Elle a été menée par l’Institut Général Tiémoko Marc Garango pour la Gouvernance et le développement (IGD).
C’est le Pr Augustin Loada de l’Institut Général Tiémoko Marc Garango pour la Gouvernance et le Développement (IGD) et coordonnateur du réseau Afrobarometer qui a expliqué la démarche de l’étude ayant concerné un échantillon de 1 200 adultes ayant au moins 18 ans : « C’est un échantillon national représentatif.
Les répondants sont aléatoirement sélectionnés et l’interview se déroule toujours dans la langue de l’enquêté. L’échantillon est distribué à travers les régions, les provinces et les zones urbaines et rurales, proportionnellement à leur part dans la population nationale.»
Les résultats de Afrobarometer ont été rendus publics au cours d’un atelier regroupant, entre autres, des responsables de partis politiques et de la société civile, notamment le parti politique Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et le Réseau national de lutte anti-corruption, (REN-LAC).
Selon le directeur exécutif de l’IGD, Pr Abdoul Karim Saïdou, cette enquête peut être un outil d’aide à la décision pour les gouvernants : « C’est un moyen pour que les opinions des Burkinabè soient intégrées dans la fabrique des politiques publiques. donc nous mettons à la disposition des acteurs de la société des résultats, il appartient à chaque acteur d’en tirer profit».
![Réconciliation au Burkina](https://libreinfo.net/wp-content/uploads/2023/02/53d52e06-7aa5-489c-a5cb-ff74c78dc114-300x168.jpg)
Pour sa part, le chargé de mission du Ministère de la Réconciliation, M. Stéphane Bayala a estimé que la question occupe une place prépondérante au niveau du ministère : « La Transition par essence est neutre. Cette neutralité favorise la concertation et le dialogue entre toutes les parties.»
Les résultats obtenus de Afrobarometer sur la réconciliation nationale sont les suivants :
-Sur la question de la meilleure option pour une paix durable et la réconciliation nationale, 44% des Burkinabè sondés optent pour la confession et le pardon alors que 21% préfèrent la poursuite judiciaire des suspects et la condamnation des coupables ;
-17% des Burkinabè optent pour l’amnistie des personnes condamnées et 16% pour la recherche de la vérité.
83% des Burkinabè estiment que les militaires doivent s’occuper uniquement de la lutte contre le terrorisme
L’écrasante majorité des Burkinabè, soit 83%, pensent que les militaires au pouvoir devraient se concentrer entièrement sur la lutte contre l’insécurité au lieu de faire de la politique révèle l’enquête d’Afrobarometer.
Toujours dans le cadre de la crise sécuritaire, l’étude a montré que 45% des Burkinabè soutiennent que la France est responsable de cette situation d’insécurité et 24% tiennent les précédents régimes burkinabè pour responsables de cette situation actuelle d’insécurité.
Dans ce contexte où la Transition a entamé la diversification de ses partenariats dans la lutte contre le terrorisme, 92% des Burkinabè trouvent que les Forces de défense et de sécurité et les volontaires pour la défense de la patrie (91%) sont utiles pour aider le pays à vaincre le terrorisme.
70% des Burkinabè veulent des forces russes et seulement 29% croient aux forces françaises.
Selon les initiateurs de cette 9e édition d’Afrobarometer, d’autres résultats sur d’autres thématiques seront incessamment présentés, notamment sur l’économie, la politique et la démocratie.
Afrobarometer est un réseau panafricain et non-partisan de recherche par le sondage qui produit des données fiables sur les expériences et les appréciations des Africains relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de vie.
Depuis 1999, le réseau a réalisé huit rounds d’enquêtes dans 39 pays africains. Au Burkina Faso, Afrobarometer est conduit par l’Institut Tiémoko Marc Garango pour la gouvernance et le développement (IGD).
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