Après la décision de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) le 21 décembre 2019 à Abidjan en Côte d’Ivoire de création d’une nouvelle monnaie, c’est au tour de la CEMAC (la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale) de demander une Réforme sur la même monnaie coloniale qui est le franc CFA. Lors de son 15ᵉ sommet des chefs d’États qui s’est tenu le 17 mars dernier à Yaoundé (Cameroun), l’heure était à la réflexion sur une réforme de cette monnaie par la CEMAC.
Par Valérie Traoré
Le franc CFA est de plus en plus décrié par les différentes organisations africaines.
Au départ, c’était l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) qui, au cours d’un sommet des chefs d’États à Abidjan (Côte d’Ivoire) le 21 décembre 2019, avait, à travers son président, proposé une réforme du franc FCFA qui consistait en un projet de création d’une monnaie commune.
Cette fois, c’est au tour de la CEMAC, qui regroupe six États de l’Afrique centrale (Cameroun, Gabon, Congo, Centrafrique, Guinée Équatoriale et Tchad) de mener la réflexion.
Lors de son 15ᵉ sommet des chefs d’États qui s’est tenu le 17 mars dernier à Yaoundé, l’heure était à une prise de décision.
Mais, auparavant, au cours d’une rencontre en 2019, les chefs d’États de la région avaient donné mandat au Gouverneur de la Banque Centrale (BEAC) et au président en exercice de la commission de la CEMAC d’engager une « réflexion approfondie » sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération monétaire avec la France et de leur proposer « un schéma approprié conduisant à l’évolution de la monnaie commune ».
Le résultat de ces réflexions a été présenté par Abbas Mahamat Tolli, le Gouverneur de la Banque centrale.
Après examen, les chefs d’États ont prescrit « d’élargir la réflexion aux ministres chargés des Finances et de l’Économie » indique le communiqué final.
Les chefs d’États souhaitent que les conclusions leur soient remises à « brève échéance » de même qu’un « échéancier bien précis des mesures à prendre à court, moyen et long termes.»
Selon la presse locale, les réformes proposées par la BEAC auraient des similitudes avec celles prises au sein de l’UEMOA, notamment la clôture du compte d’opérations, le rapatriement des réserves de change au siège de la Banque centrale.
Dans le cadre d’un ajustement de sa coopération avec l’Afrique, le 21 décembre 2019 à Abidjan, le président français M. Emmanuel Macron, au côté de son homologue ivoirien Alassane Ouattara, avait proclamé la fin du franc CFA, monnaie héritée de la colonisation et la naissance de l’Eco en Afrique de l’Ouest.
Certains économistes étaient sceptiques à cette initiative. C’était le cas de l’économiste Ndongo Samba Sylla pour qui « cette réforme a été faite de telle manière que la France conserve in fine sa mainmise sur la monnaie ouest-africaine ».
M. Emmanuel Macron qui martelait depuis son élection, deux ans plus tôt, vouloir initier un « nouveau partenariat » avec l’Afrique, a annoncé une réforme de cette monnaie utilisée dans huit pays d’Afrique de l’Ouest.
« Rompons les amarres » avait-il déclaré ce jour-là, tout en assurant que la France « n’a rien à cacher ».
Le franc CFA constitue l’un des héritages les plus emblématiques de la colonisation française. Il cristallise de nombreuses critiques sur le continent, tant sur la forme que sur le fond.
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