Un mouvement appelé « Mouvement U Gulmu Fi » a aminé, le samedi 17 avril 2021, une conférence de presse au siège du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) de Fada N’Gourma. Objectif, faire le point de la situation socio-économique de la région de l’Est et annoncer une marche pour le samedi 24 avril 2021.
Par Couldiati Souanguipali, correspondant Kompienga
Un mouvement appelé « Mouvement U Gulmu Fi » qui signifie en langue Gulmance le « Gulmu se met débout » a rencontré les médias le samedi 17 avril 2021 au cours d’un point de presse pour présenter la situation socio-économique de la région de l’Est. Une situation qui, pour Ouoba Emmanuel, coordonnateur du mouvement, n’est pas reluisante. Il s’agit précisément de la sécurité, de l’état routier dans la région de l’Est, du Centre hospitalier régional de Fada N’Gourma et du phosphate de Kotchari.
Sur le plan de la sécurité, la région de l’Est fait l’objet de plusieurs attaques terroristes depuis 2018. Cela a occasionné des assassinats, des enlèvements, des disparitions forcées des civils et des forces de défense et de sécurité. On enregistre également plus de quatre-vingt mille déplacés dans la seule ville de Fada N’Gourma sans compter ceux de Diapaga, de Gayéri, de Pama et de Bogandé. De plus, malgré l’instauration du couvre-feu dans la région, des personnes sont tuées à leur domicile nuitamment par des individus non encore identifiés. Cette situation d’insécurité a causé la déscolarisation de plusieurs centaines d’élèves.
« Le réseau routier dans la région de l’Est, à commencer par les routes internationales aux routes départementales en passant par les routes nationales, n’est plus dans un état de délabrement avancé mais plutôt de délabrement achevé » a laissé entendre le coordonnateur du mouvement, dans son discours liminaire. Les conséquences de cette situation ont entrainé le coût élevé de la vie sans compter des pertes en vies humaines pendant les évacuations sanitaires des CMA vers le CHR de Fada N’Gourma.
En matière de santé, la situation décrite par les conférenciers a porté sur le Centre hospitalier régional de Fada N’Gourma. Ce centre souffre de plusieurs maux à l’image de la région, selon Ouoba B Michel, secrétaire du « Mouvement U Gulmu Fi ». Le CHR de Fada qui accueille toutes les évacuations en provenance des quatre centres médicaux avec antenne chirurgicale des autres provinces manque de ressources humaines dans certaines spécialités et d’équipements conséquents. En plus de ce problème, il y a également la vétusté du matériel médical ainsi que l’exiguïté des infrastructures. Cet état de l’hôpital fait que des patients sont couchés à même le sol pour subir les traitements, d’autres sont contraints d’aller dans des centres de santé privés pour certains examens et soins.
Le dernier point de la déclaration liminaire, a porté sur l’exploitation des ressources naturelles, notamment le phosphate de Kotchari. Depuis 1978, un gisement de phosphate y est exploité. Cependant, la population a très peu profité car aucun investissement n’a été réalisé dans la localité. Entre temps, la population de ce village a appris que le gouvernement envisage réaliser un complexe d’extraction et de transformation du phosphate dans la province de la Tapoa. Ce qui ne rencontre pas l’assentiment des populations de l’Est qui réclament la mise en place d’un complexe qui produira de l’engrais dans la province de la Tapoa.
A la question de savoir si le mouvement est légal, Ouoba B Michel, secrétaire du Mouvement, a laissé entendre que la loi en vigueur dans notre pays portant liberté d’association stipule que les citoyens sont libres de s’associer pour ensuite se conformer à la loi. Et Ouoba Emmanuel, coordonnateur du mouvement, d’ajouter que le mouvement est constitué de plusieurs organisations de la société civile légalement reconnues. Il rappelle que depuis 2020 des actions sont menées pour amener les autorités à mettre une usine complète dans la Tapoa et résoudre les problèmes du CHR de Fada N’Gourma.
Le mouvement a annoncé une marche pour le samedi 24 avril 2021 et le coordonnateur a invité toutes les couches sociales de l’Est à sortir massivement pour exprimer leur mécontentement par rapport à la situation socio-économique de la région.