La rentrée scolaire au Burkina est là. Comme chaque année, les parents d’élèves font face au stress pour inscrire leur progéniture à l’école qui, de plus en plus, coûte chère au Burkina Faso, notamment l’école privée. Une situation qui pousse certains parents à se poser la question de savoir si l’école reste toujours accessible aux pauvres. Pour mieux s’imprégner des réalités du terrain, Libre info s’est rendu dans certains établissements privés de la ville de Ouagadougou, le 28 septembre 2021.
Depuis le 15 septembre, plusieurs établissements scolaires ont effectué leur rentrée. Nombreux sont les parents qui font recours à certaines banques pour obtenir des prêts scolaires.
C’est le cas de Germain Zongo, un agent de la fonction publique qui soutient que son salaire ne permet pas de scolariser ses trois enfants.« Si tu veux que tous tes enfants partent à l’école, tu es obligé de contracter des prêts en banque, et c’est ce que je fais chaque année ».
Pour lui, les places dans les lycées publics sont difficiles à obtenir. Face à cette situation, dit-il, les parents sont obligés de recourir aux établissements privés, plus chers. Dans le privé la scolarité de la maternelle varie entre 80 000 à plus de 300 000 FCFA. Pour ce qui est du primaire, les prix sont entre 50.000 FCFA à 20.000 FCFA contre 3.000 FCFA dans le public. Au secondaire au privé, la scolarité fluctue entre 75.000 FCFA à plus de 700.000 FCFA et 15.000 FCFA à 35.000 FCFA dans les écoles publiques.
Face à cette difficulté, Edwige Millogo ne cache pas ses angoisses. Selon elle, l’école prônée par l’Etat, est loin d’être une réalité à cause des frais de scolarité de plus en plus élevés. « C’est vraiment pas facile ,si tu dois scolariser trois à quatre enfants. Je pense que si cela continue ainsi, il y aura beaucoup d’élèves qui ne seront pas scolarisés. Parce qu’en plus de la scolarité, il y a les fournitures, il faut aussi les nourrir et les habiller. Donc vous comprenez que ce n’est pas facile . Faut que l’Etat soit plus regardant sur les prix dans les établissements privés afin de faire de l’éducation pour tous, une réalité» dit-elle.
Si pour certains parents le souci c’est le prix, pour d’autres, c’est la qualité de l’enseignement dans le privé qui les préoccupe. C’est ce que pense François Kaboré, également parent d’élèves. Il se plaint du faible niveau des enseignants recrutés dans certains établissements privés et aussi des instructeurs qui ne respectent pas les normes. Face à cette situation, M. Kaboré demande à l’Etat pour que « des mesures de contrôle stricte soient appliquées afin d’aider les parents dans leur choix de l’école où inscrire leurs enfants ».
Les responsables d’établissements privés justifient le choix des prix qu’ils pratiquent
Certains responsables d’établissements justifient les prix de scolarité par la nécessité de garantir un enseignement et un encadrement de qualité. Alassane Zakané, proviseur du lycée Intelligentsia, nous dit qu’ils sont conscients de la réalité que vivent les parents.
« Nous avons revu à la baisse la scolarité de 50.000 FCFA avec l’avènement de la pandémie de la Covid-19, nous savons que les temps sont durs ». M. Zakané invite le gouvernement à bien subventionner le privé afin que ces établissements puissent être efficaces dans la lutte contre le chômage.
Omar Dermé, l’administrateur du complexe scolaire l’Aurore, quant à lui, nous explique que les prix sont fixés en fonction du fonctionnement de l’établissement.
« Il y a des élèves qui ne soldent pas la scolarité et pourtant il faut payer les horaires des vacataires et le salaire du personnel. En ce moment nous sommes dos au mur. Et en plus de ça, il y a les élèves affectés dans nos établissements par l’Etat; cela cause souvent des problèmes. Parce que le gouvernement va s’acquitter des frais de scolarité des orientés à la fin de l’année. Toutes ces difficultés ne nous facilitent pas la tâche » a-t-il dit.