Coopération du Burkina avec la Russie dans la lutte contre le terrorisme, c’est ce que souhaitent plusieurs citoyens burkinabè. Le jeudi 31 mars 2022, lors d’un point de presse, Lionel Bilgo, porte-parole du gouvernement de la Transition répondait que cette question n’est ni d’actualité, ni de non actualité. Sur ces propos,Libreinfo.net a recueilli plusieurs avis des leaders d’opinion et des organisations de la société civile.
Par Tatiana Kaboré
« La question de la Russie n’est ni d’actualité ni de non actualité», c’est la réponse donnée par Lionel Bilgo, ministre porte-parole du gouvernement le 31 mars lors d’un point de presse en ce qui concerne l’appel à une coopération avec la fédération de Russie.
Cette sortie intervient alors que plusieurs Organisations de la société civile ont appelé les nouvelles autorités à rompre avec la France, et coopérer avec la Russie, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Certains parlent plutôt de diversifier les partenariats.
De l’avis du ministre Bilgo, le gouvernement burkinabè maintient ses choix pour travailler avec les Institutions sous régionales et internationales dans sa lutte contre le terrorisme.
Suite à cette sortie, Libre Info a contacté des Organisation de la société civile pour savoir ce qu’elles pensent de cette sortie du porte-parole du gouvernement. Lassané Sawadogo, coordonnateur du Mouvement Front de défense pour la patrie a d’abord rappelé les autorités burkinabè et « surtout à Lionel Bilgo porte-parole du gouvernement, que la demande de la jeunesse burkinabè d’avoir une collaboration avec la Russie n’est plus négociable. On ne négocie pas, on leur dit la vérité », dit-il.
Pour lui, si la jeunesse burkinabè réclame la Russie ce n’est pas parce qu’elle est « ignorante ou encore qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut mais, c’est juste parce qu’elle a vu d’autres pays qui se sont libérés grâce à la Russie ».
Pour Lassané Sawadogo, la coopération russe va permettre à l’armée burkinabè d’avoir le nécessaire en termes d’armement militaire et ce, en vue de mieux lutter contre le terrorisme.
Cependant, il déplore les propos tenus par le porte-parole du gouvernement Lionel Bilgo. Car dit-il: « il est nécessaire d’être silencieux que d’avoir des propos qui vont vexer la jeunesse. Donc lorsqu’on sent qu’on n’a pas grande chose à dire qui va amener la population à se ressaisir, c’est mieux qu’on se taise. Moi je vais demander aux autorités de comprendre une seule chose actuellement, la plupart d’entre nous est inquiète de la situation donc c’est mieux de donner des informations qui encouragent ».
Dire que la coopération avec la Russie n’ est ni d’actualité ni de non actualité, « c’est faire plaisir à la France qu’ils craignent plus que Dieu»
Moussa Sanfo, Secrétaire général du Mouvement Africain pour la Libération Total (MALIT) estime que les propos du porte-parole du gouvernement Lionel Bilgo sur la coopération Burkina Faso Russie sont décevants. « Nous sommes déçus et très déçus d’entendre ces propos. Premièrement il tente de faire croire que le Burkina n’est pas le Mali. Oui, c’est vrai mais ils ont les mêmes problèmes. Ils souffrent du même mal donc je pense qu’ils doivent se traiter avec le même produit et le Mali qui nous a devancé dans son traitement se porte beaucoup mieux aujourd’hui », a t-il fait savoir.
Pour lui, l’espoir est permis que le Burkina soit « totalement guéri ». C’est pourquoi selon M.Sanfo, les Burkinabè dans la grande majorité demande la coopération avec la Russie « pour efficacement lutter contre le terrorisme ». Il ajoute que si les nouvelles autorités « sont de bonne foi, elles le feront pour finir avec cette question de l’insécurité ».
M. Sanfo pense que la déclaration du ministre Bilgo vise à ,« faire plaisir à la France qu’ils craignent plus que Dieu. Qu’ils aient le courage de faire comme le président du Mali Assimi Goïta, un digne fils du mandé qui est prêt pour la libération de son pays contre les impérialistes ».
Cependant, ce lundi 4 mars 2022, le premier ministre dans la présentation de la feuille de route de la Transition aux membres de l’Assemblée législative de la Transition, a annoncé que le Burkina Faso compte diversifier ses partenariats dans la lutte contre le terrorisme.
Pour le chef du gouvernement Albert Ouédraogo, un seul partenaire ne peut pas tout offrir au Burkina, ce qui amène son gouvernement à être « ouvert à tout type de partenariat ».
«Nous sommes déjà en coopération avec plusieurs pays, dont des pays africains, européens, américains et asiatiques. Une réflexion est donc en cours au niveau de la défense, en vue de réorienter la stratégie de coopération pour optimiser les domaines de coopération en fonction des opportunités qu’offrent chacun des partenaires », a expliqué le Premier ministre Albert Ouédraogo.