Le 14 février de chaque année est dédié à la célébration de la fête de Saint Valentin, fête des amoureux. C’est une fête qui aurait une connotation religieuse. Comment certains couples considérés comme modèles la fêtent ? Que pense l’église de la tournure sociologique qu’a pris cette célébration ? Quelles dispositions pastorales pour encadrer l’évènement ? Libreinfo.net est allé à la rencontre de l’Abbé Paul Tiga Zangré, curé de la paroisse « Notre Dame des Apôtres de la Patte d’Oie » et du couple Ouédraogo qui vient de célébrer son 55e anniversaire de mariage le 2 janvier 2020.
Par Siébou Kansié
Aux environs du marché central de Ouagadougou ce 12 février 2020, les magasins à fleurs s’activent pour attirer plus de clientèle les 13 et 14 février. Si « Au Burkina Pas cher », les employés apprêtent les bouquets de fleurs et autres objets prisés pour cette fête dite des « amoureux », à la paroisse « Notre Dame des Apôtres de la Patte d’Oie », rien n’annonce une quelconque fête d’un Saint. Au secrétariat de la paroisse, les services habituels sont fonctionnels. Les prêtres sont à leurs bureaux. Le curé continue à recevoir les fidèles jusqu’à 11 heures, l’heure de notre rendez-vous.
L’amour vient de Dieu et c’est lui qui donne de le célébrer
La fête de saint Valentin aurait des provenances religieuses. Selon le Curé, saint Valentin a été un prêtre qui a vécu au 2e, 3e siècle et qui s’est surtout donné à Dieu, à telle enseigne qu’il ferait des miracles. Ce qui a suscité des troubles au niveau du pouvoir impérial. Il a été convoqué par le chef et dans un jugement téléguidé, il a été condamné et décapité. Donc il est mort martyr.
Par la suite, on l’invoquait pour la fécondité, la fertilité. Pour l’Abbé Paul Tiga Zangré le 14 février est retenue parce qu’elle coïncidait aussi avec la période de l’appariement surtout des oiseaux. L’église catholique n’a pas beaucoup insisté sur la fête de Saint Valentin. C’est progressivement que cette fête a été récupérée par le niveau profane, qui prend aujourd’hui le dessus à travers le monde entier.
Pour l’homme de Dieu, cette fête revêt un aspect religieux. Et aujourd’hui, dans certaines églises, villes, régions, ou dans certains coins du monde, il y a des curés, des pasteurs ou des gens qui essaient de revenir encore au côté spirituel de cette fête pour essayer d’en faire une occasion d’évangélisation. Car pour lui, l’amour vient de Dieu et c’est lui qui donne de le célébrer convenablement.
Le Saint Valentin n’est pas une fête d’obligation comme Noël, Pâques, la pentecôte, l’Assomption
Le Curé de la paroisse de la Patte d’Oie, déclare que tous les jours l’Église fait des célébrations et le 14 février 2020, elle va surtout prier aux intentions de ses fidèles et du monde. « L’Église aura une pensée particulière dans nos célébrations pour les familles ; pas seulement pour les amourettes. »
Il n’y a pas de célébration particulière dédiée à la fête de Saint Valentin, nous dit l’abbé Zangré. Cependant, il rappelle qu’il peut arriver que dans une paroisse, une organisation particulière l’on fasse une célébration particulière pour des couples, autour des fiancés, autour du mariage, autour de l’amour qui unit le couple. Une paroisse peut choisir de le faire. Mais ce n’est pas une obligation. Ce n’est pas une fête d’obligation comme Noël, Pâques, la pentecôte, l’Assomption.
La fête de Saint Valentin ne signifie rien du tout au couple Ouédraogo depuis 1965, l’année de leur mariage jusqu’à ce jour. En effet, ce couple considéré comme modèle et sollicité à bien d’occasions pour encadrer les jeunes couples, a célébré leur mariage le 2 janvier 1965. Le 2 janvier 2020, « nous avons célébré notre 55e anniversaire de mariage. », nous a confié M. François Xavier Ouédraogo. Pendant 15 ans, poursuit-il, « J’ai aidé à former à la cathédrale, les jeunes couples au mariage.
Pour ce couple considérée comme modèle, il faut recadrer cette fête de Saint Valentin qui est devenue une occasion de vie de débauche fêtée dans les maquis, les « boîtes de nuit ». « Pour moi, la fête de saint Valentin n’a pas pour moi une connotation religieuse qui puisse me permettre de dire si c’est détourné, dévié. Au départ, ce n’était pas une fête religieuse. C’est le modernisme qui a voulu greffer cela à la religion pour avoir plus d’influence. »
C’est pourquoi, « je n’ai jamais offert un cadeau de saint Valentin à ma femme. Je lui offre seulement des cadeaux à l’occasion des fêtes religieuses. Les gens se comportent vraiment très mal à l’occasion de cette fête, et je ne voudrais pas m’en mêler surtout que je n’y voyais rien de religieux. Et je suis un peu contre le fait que certaines Églises organisent certaines activités à l’occasion de cette fête qui n’a rien de religieux. »
Pour Mme Ouédraogo, si leur mariage a 55 ans de vie aujourd’hui, c’est parce qu’il n’est pas le fait des évènements amoureux ponctuels comme la fête de Saint Valentin, où la plupart des jeunes s’adonnent à la vie de débauche.
Tournure sociologique de « la saint Valentin » au Burkina Faso
Par rapport à « la Saint Valentin, il y a effectivement un peu comme une effervescence, la même chose que ce qu’on voit un peu avec les fêtes de fin d’année surtout avec les jeunes. Chacun y va et par rapport à ce qu’il va entreprendre, il faut toujours y aller avec beaucoup de discernement. Ça ne doit pas être aussi l’occasion du désordre. On doit avoir l’esprit sur les épaules quel que soit les initiatives qu’on prend pour qu’à la fin, il n’y a pas plus de regret. », recommande le Curé de la paroisse de la Patte d’Oie.
Comment recadrer la fête des « amoureux »
Comment le Chrétien doit aller à cette fête devenue de plus en plus déviante, l’abbé Paul Tiga Zangré conseille surtout le chrétien catholique baptisé, de d’abord vivre les exigences de son baptême : « S’il se retrouve que c’est dans les hôtels qu’il doit aller pour célébrer la fête de Saint Valentin et si c’est avec sa femme, cela peut se comprendre, dans la mesure où c’est pour renforcer leur union, pour renouveler une certaine façon leur vœux. Mais si ce n’est pas avec sa femme, je pense qu’on est dans le péché et le chrétien doit l’éviter. C’est pour cela, je disais d’éviter qu’à la fin de cette fête, il n’y ait pas plus de regret que tout autre chose. »
Pour lui, si cette fête est liée à Saint Valentin qui était un très grand prêtre qui a eu à faire beaucoup de miracles, « il faudrait que nous honorions bien sa mémoire et que dans la célébration de cette fête, demander son intercession pour la croissance de l’amour qui unit les hommes, l’amour Vrai. »
La pastorale familiale mène beaucoup d’activités pour sensibiliser les jeunes et cela nous a permis l’année dernière de célébrer au niveau civil 180 mariages,célébrés par le maire de la ville de Ouagadougou ; et plus de 150 mariages religieux catholiques qu’on a également pu célébrer au palais des sports de Ouaga 2000.