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[Entretien] Sank Business: « nous avons plus de 100 000 utilisateurs permanents tous les jours »,Dramane Kiendrébéogo Directeur général

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Ils sont deux jeunes burkinabè, Jules Kader Kaboré et Dramane Kiendrébéogo, à lancer officiellement le 1er décembre 2021 à Ouagadougou leur système de paiement mobile. Dénommé « Sank Business » en référence aux valeurs prônées par Thomas Sankara, la start up fait son petit bonhomme de chemin. L’un des cofondateurs Dramane Kiendrébéogo, Directeur général raconte à Libreinfo.net l’évolution de leur aventure

Interview réalisée par Tatiana Kaboré et Yasmine Niaoné (Stagiaire) 

 

Libreinfo.net : Comment se porte Sank business ?

Dramane Kiendrébéogo : Dans toute entreprise, il y a des moments qui sont durs parfois mais il faut toujours surmonter. Sinon actuellement ça grimpe. Chaque mois, il y a des utilisateurs qui s’ajoutent y compris les transferts qui grimpent.

Libreinfo.net : quel est le taux d’abonnés de Sank Business ?

Dramane Kiendrébéogo: On dit merci à Dieu parce que rares sont ces entreprises qui à ce niveau ont pu avoir ce nombre d’abonnés. Nous avons actuellement plus de 100 000 utilisateurs permanents qui utilisent Sank pour faire leur transfert tous les jours.

Libreinfo.net : Pensez- vous que les Burkinabè ont suffisamment accueilli Sank Business ?

Dramane Kiendrébéogo: Accueilli oui, mais utiliser tout dépend également de nous parce qu’il y a des gens qui sont dans des zones qui veulent vraiment Sank et qui veulent vraiment consommer Sank mais si toutefois Sank n’y est pas ce n’est pas de leur faute, s’il n’utilise pas. C’est à nous de travailler avec le maillage du territoire pour que Sank soit accessible à tous.

Libreinfo.net : Comment Sank Business fonctionne ? 

Dramane Kiendrébéogo: Sank c’est une application qu’il faut télécharger sur play Store et AppStore. Une fois après avoir installé l’application, avec votre carte nationale d’identité (CNIB) vous vous inscrivez. Il y a deux types de compte, le compte ordinaire c’est le compte que tout le monde peut créer. Ce compte, avec votre CNIB, même à distance vous n’avez pas besoin de venir à Sank Business pour le créer.

S’il s’agit d’un compte commercial, il faut forcément passer par un dealer soit un agent de Sank pour pouvoir créer ce compte.

Libreinfo.net : Quels sont vos produits ?

Dramane Kiendrébéogo: Tout le monde n’a pas d’Androïd, et tout le monde n’a pas la connexion à tout moment pour faire un retrait donc on a envoyé des cartes. Aujourd’hui Sank a des cartes qui vous permettent de faire les retraits même sans internet et même sans Androïd également. Ces cartes ont des avantages de sécurité, surtout les vols, les problèmes de monnaies.

On a aussi un logiciel de gestion qui permet aux commerçants, les maquis et autres de l’utiliser pour faire les factures, la comptabilité, ça rend facile la tâche.

Libreinfo.net : comment la carte fonctionne ?

Dramane Kiendrébéogo: La carte est conçue à base de QR code de compte, lorsque vous prenez votre compte Sank vous allez voir que le compte à un QR code et nous utilisons ce QR code pour créer votre carte Sank. Et une fois la carte créée vous avez votre compte en votre main puisque le compte est synchronisé avec la carte et si vous l’avez, si on vous fait le dépôt avec votre carte vous avez l’argent dans vos mains et vous n’avez même plus besoin de votre téléphone pour faire un retrait.

Vous n’avez pas besoin de connexion, il suffit de vous présenter devant un agent avec votre CNIB et votre carte et vous retirez votre argent. Pour un dépôt vous partez également ils vont vous déposer votre argent.

Libreinfo.net : Qu’est-ce qui vous différencie des autres mobiles de paiement ?

Dramane Kiendrébéogo: La différence c’est déjà l’exemple, vous savez Sank est venu démontrer quelque chose, ce qu’on ne croyait pas, on sait aujourd’hui qu’on peut le faire. Je n’ai pas dit que Sank est grand, mais on sait que si à notre âge avec nos petits moyens si on arrive à faire bouger les lignes c’est que c’était possible depuis très longtemps. Donc aujourd’hui Sank donne l’exemple à toute cette jeunesse burkinabè, africaine de prendre leur destin en main tout en sachant que nous n’avons pas besoin d’aller chercher beaucoup de truc ailleurs. Ici on peut avancer, on peut faire évoluer les choses.

Sank Business a permis aux burkinabè d’économiser et quand les grands économistes vont faire des calculs, on économise des milliards et des milliards parce que ma mère qui est au village aujourd’hui si elle veut faire un transfert de 2000 ou 2500 elle économise en moyenne 200 francs pour s’acheter du cola ou quelque chose pour sa consommation. Sank n’est pas venu juste pour se faire de l’argent mais Sank est venu pour faire un travail social et en même temps économique.

Libreinfo.net : Comment gérez-vous la concurrence ?

Dramane Kiendrébéogo: Je dis souvent qu’en réalité, on ne fait pas la concurrence avec les autres parce qu’on est petit. Certes, ce qu’on a en nous est grand, mais eux ils ont déjà leur argent. Ils font ce qu’ils veulent. Sankara disait, le fait de ne pas avoir un moyen c’est déjà un moyen pour toi de réussir.

Donc nous on utilise nos moyens de bord. Si on avait aussi des milliards comme eux, je pense que peut être actuellement on ne serait pas juste au Burkina, on allait être dans les pays comme la Côte d’ivoire, le Ghana, le Niger, le Togo etc.

Libreinfo.net: Rencontrez-vous des difficultés depuis votre lancement?

Dramane Kiendrébéogo: Mais bien sûr ça, c’est toute entreprise. Une structure comme Sank a besoin de pas mal de millions ou de milliards pour fonctionner et pour avoir ces millions ou ces milliards il faut aller rencontrer des gens. C’est vrai qu’on reçoit une appréciation venant de tout le monde mais s’il s’agit de venir nous aider à maturer l’entreprise. On n’a personne pour nous aider. Chacun attend qu’un jour, lorsque je vais faire sortir le bénéfice qu’on dise que Sank fait peut-être un milliard de bénéfice par an là vous allez voir des investisseurs venir me dire je te donne deux-cent milliards pour que tu puisses fonctionner et il faut faire vivre l’entreprise pour qu’elle atteigne ce niveau.

Donc on a des difficultés de financement au Burkina Faso. Je vais noter qu’on avait déposé des dossiers auprès du gouvernement, la situation a changé actuellement donc il faut toujours attendre peut-être l’arrivée du nouveau gouvernement. On va échanger avec eux et voir la faisabilité des choses. Mais je me dis quand même que ce gouvernement n’est pas là pour bousiller le système c’est pour arranger qu’ils sont là donc je pense que Sank va être quand même parmi les premiers objectifs à faire bouger dans ce pays.

Libreinfo.net : Dans un pays où la couverture de l’internet n’est pas totale, vous n’avez pas d’inquiétudes pour votre système?

Dramane Kiendrébéogo: aujourd’hui nous ne devons pas avoir toujours une vision archaïque comme nos prédécesseurs l’ont fait. Il y’a cinq ans de cela ce n’était pas sûr qu’on ait des IPhones, des Smartphones, ce n’était pas développé. Dix ans ont passé, ce n’était pas sûr que tout le monde avait des smartphones, aujourd’hui vous avez des smartphones, même les enfants de la maternelle utilisent des smartphones.

Donc, il faut noter que certes aujourd’hui la couverture de l’internet n’est pas partout mais ce n’est pas qu’on ne va pas évoluer. Je pense qu’à l’allure où vont les choses d’ici une année, deux, trois, cinq ou dix ans, vous allez voir que même jusqu’au dernier village du Burkina Faso on aura l’internet et nous aussi on fonctionne en ce moment pour suivre ce rythme ou surpasser même ce rythme. On doit tous contribuer, si nous voulons faire fonctionner nos plateformes, il faut que l’internet soit partout et s’il y a des moyens nécessaires de permettre à Sank de le faire ce n’est pas un problème.

Libreinfo.net : Quelles sont vos ambitions futures ? 

Dramane Kiendrébéogo: L’ambition numéro 1 c’est de faire de telle sorte que Sank Business soit partout au Burkina Faso. Nous ne voulons pas juste rester au Burkina mais pour le moment on est là. Mais notre vision future c’est travailler au maillage du territoire, faire de sorte que tous les villages puissent utiliser Sank pour que tous les utilisateurs qui veulent consommer Sank puissent avoir accès à Sank juste à côté de chez eux sans faire des kilomètres, ça c’est notre vision.

Deuxièmement, notre objectif c’est de travailler à ce que Sank Business soit élargi de sorte que ça embauche le maximum de jeune parce que nous devons contribuer à résoudre ce problème de chômage au Burkina Faso.

Libreinfo.net : Il nous revient que vous n’êtes pas suffisamment connu ou que vous communiquez moins, conséquence les gérants de Sank Business se plaignent qu’il n’y a pas d’engouement dans les boutiques, que répondez-vous ?

Dramane Kiendrébéogo: il faut noter que le burkinabè a une habitude lorsqu’il est habitué à une chose il a tendance à comparer. Et on se dit parfois que ce téléphone n’est pas comme IPhone parce qu’il a l’habitude d’utiliser IPhone tout en sachant que vous n’êtes pas venu au même moment, et vous n’avez pas les mêmes moyens. Par exemple, on a un an d’existence et ce qu’on a déjà fait on ne peut pas dire que c’est très bien mais on a déjà quand même décollé et qu’on continue de travailler davantage pour honorer ce qu’ils demandent.

Nous leur promettons que très bientôt cette phase de communication à grande échelle qu’ils attendent va venir et in challah vous allez voir que si c’est Sank ,ils veulent utiliser, ils l’utiliseront à leur guise.

Libreinfo.net: Quel est votre taux de couverture nationale?

Dramane Kiendrébéogo: Nous sommes dans 38 villes actuellement. Et en termes d’agence, à Ouagadougou nous avons trois (3) à Wayalghin, Gounghin et Ouaga 2000. A Koudougou nous avons notre propre agence, à Bobo-Dioulasso également c’est géré par des chefs d’agences et dans les autres villes, il y’a des représentants de Sank qui essayent d’avoir un réseau c’est à dire des agences Sank Business partout dans leurs localités.

Libreinfo.net : Quels sont les types d’accompagnement que vous avez reçu de l’Etat et des particuliers ?

Dramane Kiendrébéogo: Zéro d’abord, donc on peut continuer.

Libreinfo.net : Les Burkinabè adhèrent de plus en plus aux paiements électroniques, comment trouvez-vous ce changement? 

Dramane Kiendrébéogo: Aujourd’hui c’est un retard pour les pays comme le nôtre. Les autres pays sont déjà en avance, vous allez voir que lorsque vous sortez, un problème de monnaie peut vous mettre en retard et aujourd’hui les gens ont commencé à comprendre la valeur de la digitalisation.

Libreinfo.net: Quelles sont vos perspectives ? 

Dramane Kiendrébéogo: Nous ici c’est côté finance, notre objectif d’abord on a vraiment besoin d’un soutien crucial et on pense que ça va venir (rire) parce que nous avons confiance en ce qu’on fait. Nous avons confiance d’abord à notre produit que vous connaissez déjà et ensuite nous envisageons qu’un jour que l’Etat burkinabè accepte le paiement via Sank Business des impôts, des taxes et autres.

C’est notre objectif et on est en train de travailler dessus et également les paiements de factures à l’ONEA, à la SONABEL qui in challah ne va pas tarder. Je pense qu’on a déjà fait 90% du travail et il y a aussi les gens qui demandent pour pouvoir payer les unités, les mégas et autres, ça je pense qu’on va aller voir nos grands frères parce que ce sont eux les réseaux de téléphonie mobile pour voir dans quelle mesure nous allons collaborer pour que tout le monde puisse y avoir accès et ça ne va pas tarder.

Libreinfo.net : Pensez-vous aller à la conquête d’autres pays de la sous-région ?

Dramane Kiendrébéogo: Oui, pour un transfert d’argent, on ne se limite pas au Burkina Faso. C’est vrai qu’on a commencé au Burkina Faso. On est beaucoup demandé ailleurs dans les pays comme la Côte d’Ivoire, le Mali, le Bénin, les pays de la sous-région. Et des pays également comme la France, la Belgique et surtout les Etats-Unis qui en demandent assez. Certes, c’est une vision mais il faut noter qu’il faut d’abord qu’on ait une racine ici pour éviter qu’une petite tempête viennent nous renverser.

Pour terminer je demande à tous ceux qui utilisent Sank Business de toujours nous faire confiance. Je les remercie également parce qu’il n’y a pas mal de personnes qui nous reviennent toujours et qui apprécient et nous leur disons merci pour la confiance parce que sans eux, Sank Business  n’aurait pas été là où nous sommes aujourd’hui.

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