En janvier 2021, le réseau des mobile money ou paiement mobile s’est agrandi avec la création de l’application Sank-Pay. C’est une plateforme qui offre des services de transferts et de retraits d’argent. Sank-Pay est-elle suffisamment entrée dans le quotidien des Burkinabè ? Comment les opérateurs de paiement mobile vivent l’expérience Sank ? Libreinfo.net est allé à la rencontre de quelques distributeurs de Sank le 21 février 2022 dans la ville de Ouagadougou, pour en savoir davantage.
Par Tatiana Kaboré et Nicole Sawadogo (Stagiaire)
Présentée officiellement le 1er décembre 2021, la start-up burkinabè Sank Business venait de se créer une place dans l’univers des paiements mobiles au Burkina Faso. Dès sa création, l’application Sank-Pay promet des transferts d’argent gratuits et des retraits facturés à 1% sur le montant retiré. L’idéologie plaît à des Burkinabè, usagers comme distributeurs qui souscrivent à la plateforme.
Un an après sa création, l’on s’interroge sur comment les distributeurs vivent l’expérience Sank-Pay? Pour en savoir plus, nous avons sillonné quelques quartiers de la ville de Ouagadougou. Nous quittons le siège du journal à Ouaga 2000 pour une destination inconnue à la recherche de boutique Sank.
Dans le quartier Dagnoën, l’on observe de loin une affiche Sank sur une boutique de paiement mobile anonyme. Une fois à l’intérieur, après des salutations d’usage, la gérante nous confie son expérience avec Sank. Du nom de Awa Kikoné, celle-ci affirme que depuis l’ouverture de son service de paiement mobile Sank en décembre 2021, elle n’a eu qu’un seul client jusqu’à présent (février 2022).
« Nous avons ouvert le service Sank depuis décembre 2021. Mais jusqu’à maintenant, on a eu qu’un seul client. Beaucoup de clients préfèrent les anciens services de paiement mobile . », affirme-t-elle.
Dame Kikoné estime que la plateforme n’est pas assez connue. Raison pour laquelle elle n’est pas assez sollicitée. « Si on pouvait travailler à faire connaître Sank, ça serait bien », ajoute-t-elle.
Un peu devant l’on débouche sur une deuxième boutique Sank au quartier Zone I. La boutique Sakandé Services est cependant fermée. Le voisinage nous confie que le gérant des lieux est allé à la prière (musulmane).
Nous patientons avec quelques clients sur un banc. Pendant ce temps, nous nous renseignons avec les clients afin de détecter des usagers de Sank. Mais aucun d’entre eux ne l’était. A son retour, nous prenons connaissance de Issouf Sakandé, gérant de la boutique Sakandé Services. Après avoir servi ses clients, il accepte notre échange.
« J’ai ouvert Sank en décembre 2021. Si quelqu’un vient nous voir pour créer un compte, nous avons téléchargé Sank via Play Store que nous utilisons pour créer les comptes, faire les dépôts et retraits. Par jour, je reçois à peu près deux à trois clients qui demandent d’après Sank. », indique M. Sakandé.
Pour ce qui est de la marge bénéficiaire, il estime que Sank n’est pas différent des autres services de paiement mobile.
« Je n’ai pas bien remarqué sa commission mais c’est comme les autres services de paiements mobiles. Sur un dépôt de 50 000 FCFA, tu as 200 ou 250 FCFA comme frais de commission. », a-t-il expliqué.
Sakandé souligne que le fait que l’application nécessite la connexion internet découragerait les usagers. « Il faut avoir un téléphone Android et des mégas pour utiliser Sank. Ce qui n’est pas chose aisée pour tout le monde », confia-t-il.
Pour conclure, M Sakandé a appelé les responsables de Sank à travailler à rendre disponible les stocks d’argent afin de faciliter les opérations.
Sur le chemin de retour vers la ZAD (Zone d’Activités Diverses), notre regard baladeur se pose sur une autre boutique Sank.
Micheline Zoungrana est le nom de la gérante. Tout comme ses prédécesseurs, elle affirme n’avoir pas suffisamment de clients Sank. « Souvent c’est une seule personne souvent deux par jour », dit-elle.
En pleine interview, un client nous interrompt. « Bonjour, je veux faire un dépôt », lance-t-il. Nous attendons qu’il finisse son opération pour lui demander s’il utilise Sank. « Non », a-t-il répondu.
Après avoir effectué l’opération du client, Mme Zoungrana poursuit en ces termes. « Du 14 au 21 février, nous avons effectué huit opérations via Sank. Notre part de bénéfice est de 4 725 FCFA sur ces opérations ». Toutefois, elle a suggéré à ce que les responsables travaillent davantage à faire connaître Sank. Ce qui pourrait favoriser de nouveaux clients.
Interrogé sur la non engouement des Burkinabè à adhérer à Sank Pay, Dramane Kiendrébéogo, Directeur général de l’entreprise reconnait que bien qu’accueillir, Sank doit « travailler au maillage du territoire » afin d’être accessible à tous.
En ce qui concerne l’invite à plus communiquer sur le produit Sank, Dramane Kiendrébéogo dit être en train de travailler davantage pour honorer cette demande. « Nous leur promettons que très bientôt, cette phase de communication à grande échelle qu’ils attendent ne va pas tarder à venir. », a t-il promis.