Ce 13 août 2024 au Sénégal, la presse nationale a observé une journée sans presse. Seulement 5 quotidiens sur 42 sont parus. Cette action est une tâche noire pour le pouvoir de Bassirou Diomaye Faye en matière de droit à l’information. Et cela quatre mois après son arrivée aux affaires.
Au Sénégal, 5 quotidiens sur 42 étaient dans les kiosques à journaux le 13 août 2024.La raison : les patrons des médias ont décidé d’observer une journée sans presse.
Ils mettent en cause les nouvelles autorités notamment pour le « blocage des comptes bancaires » des entreprises de presse pour non-paiement d’impôts, la « saisie de (leur) matériel de production, la « rupture unilatérale et illégale des contrats publicitaires », le « gel des paiements » dus aux médias.
Le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse au Sénégal (CDEPS), Mamadou Ibra Kane, a indiqué que la liberté de la presse « est menacée au Sénégal », dans un éditorial commun publié lundi par la presse locale.
Cette crise financière, bien avant, a conduit à la fermeture de deux quotidiens sportifs parmi les plus lus du pays, Stades et Sunu Lamb, après plus de vingt ans de présence dans l’espace médiatique sénégalais à cause de difficultés économiques.
Le Premier ministre Ousmane Sonko, qui a pris ses fonctions début avril 2024, avait dénoncé fin juin les « détournements de fonds publics » auxquels se livreraient, selon lui, certains patrons de presse qui ne versent pas leurs cotisations sociales.
Il avait également mis en garde les médias qui écrivent, selon lui, ce qu’ils veulent au nom d’une soi-disant liberté de la presse, sans aucune source fiable.Des propos que la profession avait jugés menaçants à l’encontre de la presse.
Pourtant, la presse estime que le premier responsable du PASTEF et Premier ministre Ousmane Sonko est son « produit ». Elle l’a adopté alors qu’il était le proscrit du pouvoir de Macky Sall.
Comment expliquer que le pays de la Teranga qui vient, il y a quelques mois, de nous administrer une leçon de chose politique, en réalisant la 3e alternance civile, en vient à avoir fréquemment des bisbilles avec les médias ?
L’État a l’obligation d’entendre ce cri de détresse de la presse et d’ouvrir, dans les meilleurs délais, des discussions avec les acteurs des médias afin de permettre au 3e pouvoir de continuer à exister.
Cette journée sans presse va porter ses fruits pour la pérennité des entreprises de presse. Parce que quand la liberté de la presse est menacée, c’est en même temps tous les citoyens qui le sont.Car, un bon système démocratique fonctionne avec une presse libre et plurielle.
Depuis 2012, le Sénégal a reculé de la 49e à la 94e place au classement mondial de la liberté de la presse de Reporter sans frontières (RSF).
L’ONG avait exhorté, début juin, le nouveau pouvoir à agir en faveur de la liberté de la presse après trois années d’agressions et d’arrestations de journalistes ou de suspensions de médias sous la présidence de Macky Sall.w