Le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) a officiellement ouvert ses portes le 25 octobre 2024 dans la capitale burkinabè. Ce rendez-vous est considéré comme la fête de l’artisanat. Pourtant, des artisans crient à la morosité du marché.
Par Prisca Konkobo
Valoriser le savoir-faire local est l’un des objectifs du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). Il se veut une tribune pour que les artisans de divers horizons viennent exposer leur talent à travers les objets d’arts qu’ils confectionnent.
Cependant, 5 jours après le début du Salon, des artisans décrivent un marché morose. Ismaël Kourba est un artiste bronzier burkinabè. Dans son stand, il propose aux festivaliers des objets d’arts de décoration à base de bronze. Il déplore «la lenteur» du marché.
«Pour le moment, ça ne va pas. Il y a beaucoup qui attendent la fin pour venir parce qu’ils se disent que vers la fin, on va casser les prix et ils vont venir payer. Ils ont peur des objets artisanaux. Ils se disent que c’est cher, que c’est pour les Blancs. Ils préfèrent prendre des photos juste à côté. Ils n’ont pas le courage de demander les prix. Pourtant, c’est moins cher», affirme-t-il.
Il invite les festivaliers à consommer local et à encourager les artisans. «Consommer local. Décorons nos maisons avec les objets d’ici. Tout est fait au Burkina Faso. Les gens préfèrent les choses importées alors qu’on a de jolies pièces ici», exhorte-t-il.
Un peu plus loin, un artisan, créateur de masques, concentré à chercher des clients, refuse de s’exprimer à notre micro. «Depuis ce matin, je n’ai rien vendu. Laissez-moi me concentrer pour chercher des clients », prend-il la peine de nous dire .
Au stand de Diaffa Kamlan, venu du Togo, même constat. Il expose des masques, des bracelets, des tabourets faits à la main et en bois. «Le marché, ça ne va pas. Mais les gens visitent et prennent nos cartes de visite. On espère qu’après le SIAO, ils viendront payer», espère-t-il.
Amadou, artisan malien, est très remonté. «Cette année, le SIAO est inondé par les objets importés. Le SIAO, c’est de l’artisanat. Normalement, on ne doit pas voir des objets importés. L’art c’est l’art. », peste-t-il.
«On es contre ça. On est fâché. La prochaine fois, si c’est comme ça, on ne pense pas qu’on va revenir», s’insurge-t-il. Il encourage cependant les visiteurs à s’intéresser aux produits artisanaux. «Les produits artisanaux sont plus rentables. C’est de bonne qualité et ça tient sur la durée. C’est local. Et il faut qu’on participe à booster l’économie local en achetant chez les artisans», plaide-t-il. La fête de l’artisanat se déroule jusqu’au 3 novembre prochain.