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Simulacre de procès Norbert Zongo: la justice traditionnelle met en garde la justice occidentale

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Le simulacre de procès de Norbert Zongo s’est déroulé dans la soirée du jeudi 13 décembre 2018 au village du Ciné droit libre, date de la commémoration du 20e anniversaire du décès de Norbert Zongo. Son affaire est jugée au tribunal populaire traditionnel de Savalayiki, une nation où la démocratie est essentielle pour l’équilibre sociale. A Savalayiki, le roi règne et les initiés gouvernent. En cas de jugement, la voix du roi est comptée à 20%, celle des initiés est comptée à 30% et le vote du peuple qui participe au jugement vaut 50%.

Le tribunal populaire traditionnel estimant que l’institution judiciaire a maintenu sciemment le dossier Norbert Zongo en instance jusqu’à ce jour, s’en est saisi de l’affaire. Les hommes ayant dirigé l’institution judiciaire moderne au moment des faits, sont mis en cause. Le procès s’ouvre en présence du procureur et des avocats de toutes les parties. Sa majesté Konpolobonko, roi de Savalayiki demande au procureur s’il était fier que le dossier Sebgo (nom de plume de Norbert Zongo) soit en instance jusqu’à ce jour. Répondez clairement au peuple qui réclame justice, lui a-t-il demandé.

Merci majesté pour la parole. Je me présente. Je suis le procureur général yaméogo Sagnon Barry dit Yassaba le juste. Avant de commencer, permettez-moi de vous rappeler que j’ai eu mon Master en droit privé à l’Université de Awards, aux Etats-Unis. Et j’ai terminé par un doctorat en criminologie à l’université de Sorbonne, en France. Majesté, je suis surpris d’être invité dans ce palais devant cette juridiction traditionnelle, pour reparler de l’affaire Sebgo. Majesté, vous affirmez avec le peuple que l’affaire Sebgo est restée en instance jusqu’à ce jour, et vous demandez justice. Bien, mais vous savez aussi que le temps de la justice n’est pas celui des hommes.

Majesté Konpolobonko, juge de la tradition, je peux vous dire que, dès les premiers instants du crime, je fus saisi en qualité de procureur général. J’ai tout de suite donné des instructions fermes. Une commission d’enquête indépendante a été mise sur pied illico presto, avec pour mission de déterminer si la mort de Sebgo et de ses compagnons était d’origine accidentelle ou criminelle. Et si elle était d’origine criminelle, d’en déterminer les éventuels commanditaires. Cette commission a procédé à 207 auditions et 288 procès-verbaux qui ont été dressés. Des mandats de perquisition ont été également lancés. On a même ordonné la mise en garde à vue de quatre individus.

Résultat de l’enquête, l’hypothèse de l’accident a été écartée. Cela m’a mis en colère et j’ai tout de suite donné des instructions fermes. Mais, vous savez que le temps de la justice n’est pas celui des hommes. M. le procureur, soyez un peu plus clair, suggère le roi. Sa majesté Konpolobonko, la commission d’enquête indépendante a été orientée vers les soldats de régiment de santé présidentielle (régiment de sécurité présidentielle pour plaisanter). A cet effet, six personnes ont été inculpées. Sa majesté Konpolobonko, juge de la tradition, un travail a été fait et vous devrez le reconnaître.

Mais pour l’assistance de sa Majesté, le procureur tourne autour du pot en citant que les exécutants et non le commanditaire. Pour elle, les mobiles du crime sont connus et tout le monde sait que « David ‘’Chauffeuré’’ conduisait Basga (François Compaoré dans le scénario). Basga a tué David ‘’chauffeuré’’.
Sebgo, lui, enquêtait sur la mort de David ‘’Chauffeuré’’. Basga n’est pas content de Sebgo, donc c’est normal que c’est Basga qui ait tué Sebgo. Amener le pour qu’il nous dise la vérité », a¬-t-elle réclamé.

Après avoir entendu les différentes parties, le roi somme le procureur et Me Chiwawa, avocat de Basga de jurer sur les fétiches de Savalayiki par rapport à ce qu’ils affirment comme faits sur l’affaire Sebgo. Connaissant ce qui leur arriverait s’ils commettaient une telle erreur, le procureur a confié au tribunal populaire traditionnel, qu’il n’était pas libre des décisions qu’il prenait sur le dossier Sebgo. Il dit avoir subi une pression des hommes de Basga pour apporter de fausses preuves et mettre le dossier en instance. Un appel téléphonique lui disait ceci « si tu fais, on te fait et il n’y a rien ». Et pour protéger sa peau, il a décidé de s’exécuter.

Au regard des explications fournies par le procureur et les avocats, le tribunal populaire traditionnel de Savalayiki a donné un carton rouge à l’institution judiciaire moderne pour avoir caché la vérité au profit des intérêts personnels. S’inspirant des tribunaux populaires traditionnels, du tribunal de Kachacha, de la charte de Mandé, conformément aux articles 2 et la constitution des mossé/Dioula/Sango/Foulo/66 compétences des traditions relatives aux droits à la vie et à la gestion de la cité. Vu le quitus en date du 16 août 2006 confirmant l’ordonnance d’un non-lieu prise par le juge d’instruction aux ordres de la justice dite moderne, le tribunal populaire traditionnel a reconnu que l’institution judiciaire moderne était dirigée par des lâches, des corrompus.

Pour la cour, l’ennemi à penser se débarrasser de Sebgo en le tuant mais il a oublié qu’il était une graine telle le phénix qui renaîtrait de ses cendres. Le roi a usé de tous ces pouvoirs pour ordonner à chaque avocat qui accèderait désormais au tribunal, de jurer sur les fétiches de son village qu’il appliquerait les textes en vigueur.

Siébou Kansié
Libreinfo.net

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