À Bobo-Dioulasso, le Grand Prix National des Arts et des Lettres (GPNAL) de la Semaine nationale de la Culture (SNC) est le plus convoité par les troupes de danse traditionnelle venues des 13 régions du Burkina Faso. Pour ce faire, chaque troupe présente au jury une variété de pas de danse. Ainsi, le 2 mai 2023, à la Maison de la Culture Mgr Anselme Titianma Sanon, c’était le tour de la troupe Yénézion de Goundi, dans le Sanguié, région du Centre-Ouest. Elle a mobilisé de grands moyens pour réussir sa prestation.
Par Nicolas Bazié, envoyé spécial
Pour danser le «Binon», une danse traditionnelle gourounsi, il faut avoir de la force et de la souplesse à la fois. Bref, il faut être d’une bonne condition physique.
Dans le cas contraire, «le danseur doit éviter de manger, sinon il peut avoir des malaises sur scène et même vomir » m’apprend Raoul Bassono, un membre de la troupe de danse traditionnelle Yénézion de Goundi, venue de la province du Sanguié, région du Centre-Ouest.
C’est cette danse que la troupe a présenté à la Maison de la Culture Mgr Anselme Titianma Sanon le 2 mai, devant une centaine de personnes.
C’est à 23h que Raoul Bassono et ses camarades de la troupe sont montés sur scène. La musique est un air entraînant composé par les joueurs de tam-tam, de flûte, de calebasse. Les mouvements de corps de nombreux spectateurs montrent bien que le rythme n’a laissé personne indifférent.
La troupe Yénézion est ovationnée par le public à chaque nouveau pas de danse. «Regarde comment ils dégagent de l’énergie» fait observer une dame à son voisin : «Ils ont vraiment de la force physique. »
À la fin de la prestation, Mlle Aminata Sidibé, une spectatrice, est visiblement satisfaite : « J’ai toujours voulu voir par moi-même comment l’on danse le Binon. Et ce soir, j’ai eu la chance d’assister à une prestation. La semaine nationale de la culture est un bon moment pour découvrir les valeurs culturelles de toutes les communautés du Burkina Faso».
Aminata poursuit : « Je suis très contente de voir que notre pays met l’accent sur cette fête culturelle qui donne la chance aux gens de découvrir des talents dans le monde de la culture.»
Lassina Ouattara, la cinquantaine assumée, dit apprécier les différentes prestations des troupes traditionnelles. « Cela fait ma troisième fois de venir assister à des prestations. Et j’ai toujours apprécié ce que les danseurs nous montrent comme savoir-faire. Ce sont des gens qu’il faut suivre de près pour qu’ils continuent de valoriser la culture burkinabè ».
« Nous sommes confiants, certains de remporter le Grand Prix National des Arts et des Lettres (GPNAL) » affirme Raoul Bassono.
La Troupe Yénézion de Goundi a été créée en mars 2003. C’était, au départ, l’idée d’un certain Camille Bazié qui, à l’époque, voulait réaliser un clip vidéo. Il avait regroupé quelques jeunes du village pour la circonstance. Après la réalisation du clip, il avait jugé utile de transformer le groupe en troupe de la danse traditionnelle «le Binon».
«De 2003 à nos jours, nous avons sillonné toutes les régions du Burkina Faso» m’a assuré Raoul Bassono, l’un des danseurs. Il ajoute que lui et ses camarades ont représenté le Burkina Faso en Egypte lors d’une conférence islamique.
«Nous formons des jeunes filles et des jeunes garçons pour la relève. Et tout se passe bien » me confie M. Raoul Bassono.
À ce jour, la troupe est forte de 40 membres. Elle en est à sa sixième participation à la Semaine nationale de la Culture.