Trois organisations non gouvernementales : Action contre la Faim (ACF), le Conseil Norvégien pour les Refugies (NRC) et Oxfam dans un communiqué datant du 10 janvier 2020 dont Libre info a obtenu la copie, apostrophent sur le manque de protection des civils et l’insuffisance de l’aide humanitaire apportée aux populations, dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Elles interpellent alors les acteurs politiques et militaires de travailler à garantir le respect du droit international humanitaire afin de contribuer à la protection de toutes les populations sans discrimination.
Alors que les chefs d’État du G5 sahel à la demande du président français Emmanuel Macron doivent se réunir ce 13 janvier à Pau en France, les débats se cristallisent toujours sur l’intervention de la force française au Sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Du plan de réponse humanitaire des Nations Unies au Mali qui a été financé à moitié en 2019, la France n’a contribué que 1,5% des fonds, alors que l’Allemagne l’a soutenu à hauteur de 9,5%, selon Financial Tracking Service. Creditor Reporting System de l’OCDE, relèvera que l’aide humanitaire française dans les pays du G5 Sahel, ne représentait que 0,6% de l’APD française en 2017. Dans la même année, l’aide humanitaire française dans les pays du G5 Sahel ne représentait que 2,3% de l’aide humanitaire française dans le monde. Une aide gauloise visiblement insuffisante.
Ainsi, à quelque 72 heures de la tenue du sommet de Pau, trois organisations non gouvernementales (Action contre la Faim (ACF), le Conseil Norvégien pour les Refugies (NRC) et Oxfam) œuvrant dans le domaine de l’humanitaire interpellent dans une déclaration, les principaux acteurs de la réponse militaire au conflit au Sahel, sur le manque de protection des civils et l’insuffisance de l’aide humanitaire apportée aux populations. Pour elles, « le débat sur l’efficacité et la légitimité de l’opération française au Sahel ne doit pas occulter le manque de protection dont souffrent les populations civiles, prises en étau entre les groupes armés, les milices et les forces de sécurité nationales ou internationales. »
Les réponses militaires en cours au Sahel font autant partie du problème que de la solution. Maureen Magee, la directrice régionale du Conseil Norvégien pour les Refugies (NRC) va rappeler dans le communiqué dont Libre info a obtenu la copie, qu’« au Mali, 80 000 des personnes déplacées en 2019, déclarent avoir fui suite aux opérations militaires. » Toute chose qui interpelle les organisations humanitaires : « Nous demandons donc de mettre la protection des populations au cœur du débat au Sahel », lancera la directrice régionale du NRC.
« Nous n’avons pas d’accès à l’eau, nous n’avons pas d’abris, plus aucune ressource, je ne peux pas manger tous les jours, sans aide humanitaire je ne peux pas subvenir aux besoins de ma famille », témoigne Victorine, une déplacée au Burkina Faso. Cette déclaration de Victorine fait rappeler Mamadou Diop, le représentant régional d’Action contre la Faim, que « Les déplacements massifs, plus d’un demi-million de personnes en 2019, ont contribué à multiplier quasiment par trois, par rapport à l’année passée, le nombre de personnes en insécurité alimentaire et nutritionnelle sur la zone du Sahel central ».
Il est donc impératif pour les différents acteurs politiques et militaires de travailler à garantir le respect du droit international humanitaire, afin de contribuer à la protection de toutes les populations sans discrimination, ont rappelé les auteures du communiqué du 10 janvier 2020.
Faisant référence à ce qu’elles nomment « le massacre d’Arbinda », une attaque terroriste la veille de Noël ayant entraîné la mort de 35 civils, dont 31 femmes, ces ONGs par la voix d’Adama Coulibaly, le directeur régional d’Oxfam ; estiment que la seule réponse militaire ne fonctionnera pas dans cette lutte contre le terrorisme. Il faut regarder la réalité en face dira le directeur régional de Oxfam, qui pense qu’il est judicieux d’« explorer et investir de manière conséquente dans des solutions non- militaires, avec et pour les communautés affectées, et se mobiliser d’urgence pour répondre aux besoins humanitaires qui explosent ».
Pour mémoire, le nombre de victimes d’attaques de groupes armés a été multiplié par cinq en trois ans au Burkina Faso, au Mali et au Niger, selon ledit communiqué. Citant les nations unies comme source, elles déclarent que « plus de 4.000 décès dus à cette violence ont été signalés en 2019 dans ces 3 pays, contre 770 décès en 2016. En 2019, selon la même source, « plus d’un million de personnes, deux fois plus que l’an dernier, ont été déplacées à l’intérieur des frontières des cinq pays du Sahel.
La Rédaction
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