Le diplomate à la retraite Mamadou Maïga est désormais Docteur en sciences des civilisations. Il a défendu avec brio le mardi 24 décembre 2024 à l’amphithéâtre A de la Faculté des Sciences Islamiques, de Langue Arabe et de Pédagogie de l’Université franco-arabe « Attadamoun » de Niamey au Niger, sa thèse de Doctorat en Histoire et Civilisations. Le jury lui a décerné, à l’unanimité, le grade de Docteur, chercheur en histoire et civilisations avec la mention « Très honorable ».
« Les migrations arabo-islamiques et leur impact sur l’Afrique de l’Ouest du VIIIe au XVIe siècle après J.C : cas du Burkina Faso ». C’est le thème sur lequel ont porté les recherches doctorales de l’impétrant Mamadou Maïga. Si la thématique choisie par l’impétrant peut paraitre lointaine, à s’y méprendre, il est d’une actualité brûlante tant la question des vagues migratoires entre la péninsule arabique et la partie septentrionale continue de façonner les rapports parfois tumultueux entre les peuples de l’Afrique de l’Ouest en général, et du Burkina Faso en particulier. Loin d’être au beau fixe, ces rapports nourrissent encore aujourd’hui des crises larvées, du Sahel au Maghreb (la partie occidentale des conquêtes arabes) où les différents conflits, quelle que fut la caractérisation qu’on veut leur donner.
Ce thème a été choisi, selon le candidat, parce que les migrations arabes, au-delà de l’histoire, constituent encore aujourd’hui une dimension majeure à prendre en compte par les Etats en quête de « leur voie » basée sur les ressorts androgènes de développement et de résolution dans le cadre notamment de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). C’est pourquoi, le candidat, qui est un des acteurs majeurs des accords de paix signés sous l’égide de la mission conjointe ONU-UA au Sud Soudan dans le cadre du règlement du conflit au Darfour, soutient avec force illustrations, que les migrations arabes en Afrique ne tiennent pas seulement à une simple narration de ces événements et des faits historiques. La thèse du Dr. Mamadou Maïga jette une lumière nouvelle plutôt sur l’importance des implications des migrations arabo-islamiques vers le Sahara et plus au sud, dans le sens d’une véritable coexistence pacifique. « Elles se sont étendues sur plusieurs siècles entre différentes tribus nomades et indigènes (c’est-à-dire les tribus hôtes) en termes de teint, de langue, de culture, de croyance, de religion et d’autres aspects de la vie. Et pourtant, la sécurité, la sûreté et la stabilité ont prévalu », a-t-il soutenu.
A l’aune de l’actualité d’une sous-région parsemée de foyers de tension, l’un des objectifs principaux de cette recherche est de souligner la nécessité de renforcer la coexistence pacifique héritée des modèles historiques qu’ont constitués les relations pacifiques entre les royaumes et les peuples du Soudan occidental et les immigrants arabes et musulmans.
L’impétrant a effectué trois (03) années de recherche sur le sujet et ses travaux présentés en trois grandes parties ont disséqué les migrations arabo-islamiques en Afrique de l’Ouest et leur impact sur la vie politique et économique; leur influence culturelle et sociale ; l’introduction et l’expansion de l’Islam au Burkina Faso.

Le jury, présidé par le Pr. Mahamadou Moustapha Ousmane a formulé des observations à travers un examen scientifique du travail avant de donner son « verdict ». Il a apprécié la qualité, la pertinence et le caractère innovant du sujet de Mamadou Maïga et surtout sa portée nationale, sous régionale et internationale. Au vu donc de la qualité du travail abattu par le candidat ainsi que de sa prestation devant les membres du jury, sa thèse a été acceptée à l’unanimité des membres du jury avec la mention « Très honorable ». Le jury a, par ailleurs, recommandé l’édition de la thèse.
Dr. Mamadou Maïga est diplomate de carrière. Polyglotte (maniant aussi bien le français, l’anglais, l’arabe, le dioula et le mooré), il est interprète-traducteur français-arabe et vice versa. Sa carrière diplomatique l’a conduit en Libye où il a été Attaché puis Conseiller d’ambassade pendant une vingtaine d’années. Il a officié en qualité d’Assistant spécial du Médiateur en Chef conjoint au sein de la Mission conjointe des Nations Unies et de l’Union Africaine (UNAMID) au Darfour avant de faire valoir ses droits à la retraite. Le tout nouveau docteur ne compte pas dormir sur ses lauriers. Il reste à la disposition de son pays, le Burkina Faso. L’avenir sera fait de recherche et de partage de sa connaissance du monde arabo-musulman avec la jeune génération.
La rédaction