Le Conseil d’administration de la SOMAÏR (filiale du Groupe français Orano) a décidé, le mardi 12 novembre 2024, de la suspension des dépenses liées à l’extraction de l’uranium au Niger, notamment sur le site d’Arlit. Ce qui va à l’encontre de la volonté des autorités nigériennes, qui réclamaient fin octobre la poursuite des activités sur le site.
Par Nicolas Bazié
Jusqu’où ira le bras de fer entre le Groupe français Orano et l’État du Niger concernant l’exploitation de l’uranium ?
Le 12 novembre dernier, le Conseil d’administration de la SOMAÏR (filiale du Groupe français Orano) dont le capital est détenu à 63,4 % par Orano et 36,6% par la SOPAMIN (Etat du Niger) a adopté une résolution pour mettre en place les mesures dites « conservatoires» et « indispensables » à la préservation de la trésorerie de la société.
Le Conseil d’administration, qui soutient que cela est « nécessaire au paiement des salaires (de 750 employés), à la sécurité et la pérennité des installations industrielles», a demandé la suspension « à titre provisoire des dépenses liées aux activités d’extraction et de traitement du minerai, et ce jusqu’à la reprise effective de l’exportation et de la commercialisation de sa production».
Une douche froide pour les autorités nigériennes qui ont pourtant demandé la poursuite des activités d’exploitation du minerai nucléaire, juste après que le Groupe Orano a annoncé la suspension de ses activités le 31 octobre 2024.
L’Etat du Niger n’a pas caché sa déception face à cette décision qu’il semble avoir vu comme un véritable camouflet. « Les administrateurs représentants de la SOPAMIN ont, quant à eux, quitté la salle du Conseil au moment du vote faisant le choix de l’abstention», lit-on sur le site web du géant français du nucléaire qui a rappelé qu’il ne s’agit nullement d’un arrêt d’exploitation ou de fermeture du site d’Arlit mais d’une simple suspension de dépenses non essentielles dans la configuration actuelle.
« Orano regrette les déclarations du ministre des Mines dans des médias étrangers qui témoignent de choix qui ne règlent en rien les problèmes auxquels SOMAÏR est confrontée. Ces déclarations dommageables ne sont pas susceptibles d’infléchir la position d’Orano», a fait savoir le Groupe français qui révèle que la SOMAÏR est aujourd’hui asphyxiée par l’accumulation des dettes de son actionnaire la SOPAMIN à son égard.
Pour cette société française, « seule une volonté partagée par l’ensemble des parties prenantes d’avancer vers la stabilité et des mesures de fonctionnement pérenne permettra à la SOMAÏR de reprendre ses activités sereinement».