La 14e édition du Symposium international de sculptures sur granite de Laongo, encore appelé Sympo Granite 2024, se déroule du 3 au 24 octobre 2024 sur le site éponyme situé dans la province de l’Oubritenga (région du Plateau Central). Nous sommes allé à la rencontre des deux femmes sculptrices sur la dizaine de professionnels qui ont pris d’assaut la pierre depuis le 10 octobre dernier. Il s’agit de Talato Agnès Tebda du Burkina et de Independance A. Dougnon du Mali.
Par Natabzanga Jules Nikièma, correspondant à Ziniaré
« Le coup de burin » symbolisant le lancement officiel du Sympo Granit 2024 a été donné le samedi 12 octobre dernier par le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Jean Emmanuel Ouedraogo.
Parmi les 15 artistes sculpteurs professionnels participant à la taille de la pierre, il y a deux femmes : Talato Agnès Tebda du Burkina et Indépendance A. Dougnon du Mali.
Mercredi 16 octobre 2024. Il est 15h sur le site de granite de Laongo, derrière le village Opéra, dans la province de l’Oubritenga (région du Plateau Central).
Au loin, le bruit strident d’un maillet retentit. Au-dessus du ciel, une nuée de poussière épaisse se dégage.
Sur le site, des sculpteurs, couverts de poussière et méconnaissables, sont à l’œuvre. Ils portent des gants, des cache-nez, des lunettes de protection, et tiennent en main des outils de travail avec lesquels ils taillent minutieusement le granite. Aucun visiteur.
Leurs œuvres artistiques à cette étape ont déjà pris la forme et il reste la finition. Elles sont en train d’être polies avec un maillet aux disques spéciaux.
Sur le granite de Talato Agnès Tebda, on voit sortir le visage rayonnant d’un chef coutumier africain portant un bonnet avec plusieurs mains agrippées autour. Son œuvre s’intitule « Union des peuples ». La sculptrice professionnelle est à sa deuxième participation au Symposium international de sculptures sur granite de Laongo.
Elle arrête son travail, retire sa bavette, puis s’approche pour répondre à nos questions.
« L’engagement commun peut être intéressant pour faire avancer beaucoup de choses et aussi vivre ensemble dans la paix. Donc, c’est pour cela qu’on verra plusieurs mains autour d’un chef coutumier. Je pense qu’à chaque fois qu’on a un problème, si on se tourne vers nos chefs coutumiers, on peut s’asseoir et s’entendre pour le meilleur », explique l’artiste plasticienne passionnée de la sculpture sur granite.
Elle dit être dans la peinture depuis 2013. Sa passion pour la sculpture a une origine. « J’aime naturellement la sculpture et les travaux physiques. C’est pour cela que je me suis intéressée au métier, à la taille de la pierre », dit-elle, souriante, en ajustant ses dreadlocks.
Quelques mètres plus loin, un peu en hauteur, nous retrouvons Indépendance A. Dougnon.
Elle fait de la sculpture depuis 2018. « J’avais cette envie de voir comment les gens taillaient le granite », dit-elle sur ses motivations à participer au Sympo Granit 2024.
Sur la pierre qu’elle est en train de tailler, deux personnages collés sont couchés. « Je me dis que c’est l’amour de quelque chose qui nous a rassemblé. Donc, je parle de l’importance du vivre-ensemble », explique Dame Dougnon. « C’est un message pour dire de s’aimer et d’avoir de l’amour dans tout ce qu’on fait », précise-t-elle.
Les deux sculptrices ont un voeu : voir leurs œuvres voyager. « Je souhaite qu’on puisse avoir d’autres projets pour continuer la taille de la pierre pour accompagner notre art », fait savoir Talato Agnès Tebda.
Les artistes sculpteurs de cette 14e édition sont à l’œuvre sous le regard de Siriki Ky, commissaire général du Symposium, visiblement satisfait. « Je vois que ça marche. Je suis fier de ce qu’ils font. Le rendu va être assez édifiant et je crois qu’il n’y a pas de raison qu’on n’ait pas des œuvres de portée forte. Je suis heureux », confie-t-il.