Les rideaux sont tombés mercredi soir pour le 8e sommet du traité d’amitié et de coopération entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Le Tac 2019 qui a vacillé entre ressassement du passé et projections quelques peu idéalistes du futur, peine à répondre à certaines attentes comme l’a reconnu Alassane Ouattara dans son discours à la clôture de l’évènement. Le Burkina Faso qui doit une bonne partie de sa consommation en électricité à son voisin ne voit toujours pas ses demandes satisfaites après 9 ans de collaboration avec la Côte d’Ivoire. Devant bénéficier initialement de 83 mégawatts (MW) auprès de son voisin ivoirien, la fourniture en électricité sera revue à la baisse à partir de 2017 se plafonnant à 63MW selon les chiffres donnés par le ministère de l’énergie du Burkina. Faudra-t-il donc envisager l’électricité au-delà du Tac?
Les Chefs d’Etat ont noté une baisse de la fourniture d’énergie électrique de la Côte d’Ivoire au Burkina Faso, avec une puissance moyenne de 63 MW entre janvier et juin 2019. Ils ont réaffirmé leur engagement d’augmenter cette puissance au-delà de l’objectif de 90 MW, afin de satisfaire également la demande du secteur minier,voilà exprimé das le communiqué final du TAC 8.L’éléphant électrique ivoirien peine à satisfaire la demande de tous ses clients malgré que la Côte d’Ivoire soit l’un des plus gros commerçant d’électricité de la sous-région ouest-africaine. Ce pays dessert plusieurs autres pays de l’Afrique de l’ouest en électricité dont le Ghana, le Bénin, le Togo ou encore le Burkina Faso.
Le renforcement de son parc énergétique en 2017 et les projets en cours d’exécution devront permettre à ce pays d’accroître sa production de 2199 MW à 4000 MW horizon 2020 selon le ministère ivoirien de l’énergie
Côté burkinabè, la demande est de plus en plus forte.
Selon le ministère burkinabè de l’énergie , le taux d’électrification du pays est estimé à 18,83% en 2015 avec une forte disparité entre les milieux urbains et ruraux.
Malgré l’interconnexion avec la Côte d’Ivoire et la production nationale injectée dans le réseau électrique, seulement un cumul de 244MW est obtenu contre un besoin national estimé à 300MW selon le ministère de l’énergie,soit un deficit annuel de 56 MW.
A la conclusion des travaux du 8e sommet du TAC, le président Alassane Ouattara reconnaissait l’incapacité de son pays à satisfaire la demande de son voisin. Il a promis cependant que la fourniture en électricité au Burkina sera revue à la hausse au-delà de l’objectif des 90MW.
Kaboré se lasse d’attendre. Il branche son pays au Ghana et accroît sa production nationale.Face à l’insuffisance de la quantité d’électricité reçue de la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso s’était déjà tourné vers son voisin ghanéen pour conclure un accord de fourniture de 100MW. Le projet devrait être achevé courant 2019. La production nationale sera également revue à la hausse par les autorités burkinabè à travers l’amélioration du parc énergétique du pays et de l’investissement dans l’énergie photovoltaïque dont la centrale solaire de Zagtouli à Ouagadougou en est un exemple.
Il faut noter que malgré ces apports, le pays a toujours du mal à couvrir les besoins de sa population et de ses industries. Aussi, le Ghana qui devient ainsi le nouveau partenaire du Burkina reçoit lui aussi une partie de son électricité de la Côte d’Ivoire. Ce qui montre que les capacités énergétiques du Ghana son également limitées par rapport aux besoins de son nouveau client.C’est à croire qu’en terme d’énergie on est jamais sûr d’etre independant.
Le Burkina s’est donc engagé dans des accords avec des pays qui ne peuvent pas lui garantir la stabilité et la constance de la fourniture d’électricité. A ce jour, le pays dépend des réseaux interconnectés. Pour une panne quelconque dans les unités de productions, les Burkinabè sont privés d’électricité. Aussi, les consommateurs n’ont aucune garantie quant à la constance de la fourniture. Pendant les périodes de fortes chaleurs, les délestages sont fréquents entraînant d’énormes pertes économiques.
S’unir autour d’un projet d’électrification sous régional au-delà du Tac
Les pays de l’Afrique de l’ouest sans aucune exception rencontrent d’énormes difficultés pour couvrir les besoins en électricité de leurs populations.
Pour quelques rares pays qui sont autonomes comme la Côte d’Ivoire, des difficultés techniques entravent la constante efficacité de la production de l’électricité.
Comment sortir de cette impasse?
Les différents pays de l’Afrique de l’ouest devraient se réunir autour d’un projet commun en vue de trouver la bonne stratégie pour résoudre le problème.
Que ce soit les énergies fossiles ou les énergies renouvelables, les différents pays disposent des ressources naturelles nécessaires pour mettre en place une unité de production pouvant couvrir les besoins des populations.
Au cours de ce 8e TAC, les différentes coopérations entre les deux pays ont montré leurs limites. Les projets qui ont été élaborés au 7e Tac n’ont pas connus pour beaucoup un début d’exécution.
D’autres connaissent une lenteur dans leur mise en œuvre comme l’a reconnu le president Ouattara. C’est le cas du projet d’électrification qui, des années après son lancement, fait toujours attendre les Burkinabè. La Côte d’Ivoire n’y arrive pas alors que le besoin se fait sentir côté burkinabè. Serait-il peut-être temps de songer à changer de méthodes?
En s’unissant autour d’un projet commun, ces pays pourront ensemble trouver les ressources humaines et matérielles nécessaires pour construire un projet solide, viable et durable à la hauteur des attentes des populations.
Nourdine Conseibo
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