Un atelier de réflexion sur le terrorisme a été organisé par l’Initiative citoyenne pour le développement du Yatenga, le 3 juin 2023 dans la région du Nord. Libreinfo.net s’est intéressé davantage à la question sécuritaire qui entrave le développement de ladite région en échangeant avec certains leaders de mouvements et d’associations.
Par Zakyss Ouédraogo, Correspondant dans le Yatenga
Dans la région du nord, depuis la mort de Ladji Yoro, un intrépide Volontaire pour la défense et la patrie (VDP), tombé le 23 décembre 2021 sur l’axe Ouahigouya-Titao, la société civile s’organise pour lutter efficacement contre le terrorisme.
La situation sécuritaire dans cette partie Nord du Burkina n’est guère reluisante. Cela s’explique par le déplacement massif des populations vers des zones plus sécurisées à l’instar des chefs-lieux de provinces.
La région du Nord traverse une crise sécuritaire très difficile. Toutes les couches sociales de la région ont bien évidemment élevé le ton pour dénoncer, interpeler et inviter les autorités de la Transition à plus de sécurité dans la région du Nord. Certains acteurs de la société civile ont accepté de se prononcer sur les actions qu’ils mènent pour accompagner la Transition dans la lutte contre l’insécurité.
Pour A.B, leur leitmotiv actuel, c’est la mobilisation générale pour lutter contre le terrorisme dans leur région : « Sur cette lancée, nous avons fait des marches meetings pour sensibiliser les populations et avons organisé des conférences de presse pour interpeller les autorités à ce qu’ils prêtent une oreille attentive à l’insécurité dans notre région. En outre, nous demandons à la population locale de s’impliquer dans la lutte contre le terrorisme en donnant les informations utiles.»
A cet effet, A.B précise que : « Nous demandons chaque fois aux populations qui sont dans les zones rouges de faire de leur mieux pour donner l’information aux FDS (Forces de défense et de sécurité), sur le mouvement des terroristes. Nous ne devrons pas attendre tout de l’État. Chacun, de par sa modeste manière, peut sans doute contribuer à éradiquer ce fléau.»
« Et, si on est bien organisé, les terroristes auront certainement peur de nous attaquer. Il nous faut indéniablement de l’engagement populaire pour venir à bout de l’insécurité. Présentement, nous sommes en train de contacter les personnes de ressources des villages qui résident à Ouahigouya pour les inviter à s’enrôler comme VDP. Notre mouvement travaille pour une mobilisation générale. »
Il a ajouté que leur mouvement se donnera les moyens pour que d’ici le démarrage effectif de la saison des pluies, les populations puissent retourner dans leurs localités d’origine.
Le manque d’emplois des jeunes pourrait conduire certains d’entre eux à s’enrôler dans les groupes terroristes. Quant à N.O, présidente d’une association de jeunesse dans le nord, elle a dit : « Nous menons des activités de sensibilisations comme apport dans la lutte contre le terrorisme.»
Pour elle, « le plus souvent quand on parle de terrorismes, les jeunes sont facilement exposés au recrutement dans le camp des terroristes parce qu’ils n’ont pas d’emploi. Donc, il faudra cependant travailler à diminuer le taux de chômage des jeunes.»
« Dans cette dynamique, nous formons les jeunes dans ce sens-là, pour leur permettre de s’auto-employer afin que d’autres jeunes puissent implanter leurs propres entreprises.»
«Nous avons un plan d’actions que nous comptons dérouler durant ses 3 années de mandature. Au cours de notre mandat, il y aura des échanges et des partages d’expériences des aînés qui vont éclairer plusieurs jeunes sur le bon chemin. Notre difficulté majeure, c’est le manque de siège ; vous, en tant que journaliste, vous pouvez témoigner parce que vous avez eu du mal à nous contacter», a-t-elle souligné.
Pour elle, il y a un déplacement massif de « nos populations vers les chefs-lieux de provinces, c’est vraiment déplorable. Nous avons tenu récemment une rencontre qui a regroupé toutes les communes de la région du Nord. A cette rencontre, des messages ont été donnés afin d’accompagner la transition en cours dans notre pays. Et, la contribution des jeunes a été beaucoup demandée.»
« Je tiens à souligner, que nous avons passé le message d’enrôlement à plus de 200 jeunes de la région. Nous tenons à remercier les autorités régionales qui n’ont aménagé aucun effort pour soutenir les activités et initiatives des jeunes. Nous les exhortons à toujours continuer à nous accompagner. Il faut que chacun y mette du sien afin que nous éradiquions ce fléau qui handicape tous les projets de développement du Burkina » martèle la présidente.
A en croire les leaders de mouvements et d’associations de la région du Nord, la sensibilisation, l’enrôlement au compte des VDP, la collaboration entre FDS-population et la veille citoyenne demeurent les pierres angulaires de la lutte contre l’insécurité.
Selon L.B, point focal d’une OSC à Yako, « nous œuvrons dans le domaine social. Ainsi, nous accompagnons les personnes déplacées internes à s’intégrer facilement à travers des activités rémunératrices de revenus.
Il informe que : « Nous menons des actions de sensibilisation à l’endroit des jeunes et des PDI (Personnes déplacées internes) à s’enrôler massivement comme VDP pour défendre la mère patrie. C’est le lieu pour nous de faire appel à toutes les couches sociales, à les inviter dans la lutte contre l’insécurité. C’est bien vrai que ce sont nos propres frères qui ont pris les armes contre leur peuple mais à travers les éventuelles sensibilisations, c’est sûr qu’ils reviendront à la maison et ensemble nous allons œuvrer pour un Burkina de paix ».
Il poursuit : « Nous encourageons les FDS et les VDP déployés sur le théâtre des opérations ; il est plus que nécessaire que tous les Burkinabè s’unissent et accompagnent le président du Faso pour qu’il réussisse sa mission, car, le Faso d’abord. »
Cette guerre contre le terrorisme joue négativement sur tous les projets de développement de la région du Nord. Mais, par le biais d’une mobilisation générale, nous allons venir à bout de l’hydre terroriste. Très certainement.
S.S, membre d’une association à Gourcy, évoque également la question de la sensibilisation comme point de départ de la lutte contre l’insécurité. Pour lui, « très souvent nous faisions des contributions volontaires pour soutenir nos VDP et les PDI. Nous soutenons la Transition, car, il y va de l’intérêt général. De façon concrète, nous cotisons, sensibilisons, faisons des dons de vivres aux déplacés internes » a-t-il précisé.
Au fil des années, ce sont les jeunes qui seront appelés à diriger ce pays. Cependant, il faudra qu’il y ait la paix. Et cela relève de leur rôle régalien.
Pour le président d’une association dans le Loroum, D.Z « nous n’avons pas de choix que de défendre notre mère patrie. «
Ainsi, « Je profite rappeler les jeunes à cultiver la paix et la cohésion sociale dans nos différentes communes. Nous encourageons la Transition à travailler pour nous ramener la paix tant recherchée. Nous devrons tous travailler à l’image de ladji Yoro, qui a sacrifié sa vie pour sa nation, car personne ne viendra défendre notre pays pour nous. Si l’autorité actuelle travaille à diversifier les partenariats pour acquérir le matériel de guerre, j’ai foi que tout près n’est pas loin : nous allons vaincre le terrorisme » a-t-il martelé.