Ceci est une lettre ouverte parvenue à la rédaction de Libreinfo.net. Elle est relative à feu Thomas Sankara, le Père de la Révolution burkinabè.
Après la cérémonie officielle marquant la présentation du Mausolée du défunt Président Capitaine Thomas Sankara, je souhaite revenir sur son héritage, et ce, pour plusieurs raisons. Avant toute chose, je tiens à exprimer ma profonde gratitude au gouvernement actuel et, tout particulièrement, au Président Ibrahim Traoré pour cet acte bienfaisant en l’honneur de notre héros national.
Revenons maintenant aux motivations de cet écrit. Premièrement, cette reconnaissance représente un immense soulagement pour les Sankaristes, à commencer par la famille Sankara elle-même. Deuxièmement, si nous assistons aujourd’hui à des cérémonies qui magnifient l’image du Président Thomas Sankara et font la fierté de nombreux Burkinabè, Africains et même de la communauté internationale, il est impératif de se souvenir de ceux qui ont œuvré sans relâche, se sacrifiant jour et nuit, pour que son image demeure gravée dans les annales de l’histoire.
C’est pourquoi je me permets de citer quelques-uns de ces pionniers qui ont mené ce combat depuis la nuit des temps, à une époque où personne n’osait évoquer le nom de Sankara. Je pense aux proches parents de Thomas, à ses amis fidèles comme feu Valère Somé, feu Norbert Michel Tiendrebéogo, feu Boukary Kaboré dit « le lion », le doyen Mousbila Sankara, Fidèle Toé et Yamba Malick Sawadogo, qui fut parmi ceux qui l’ont inhumé.
À leurs côtés, de jeunes voix n’ont jamais hésité à parler de Sankara à chaque occasion : Thibaut Nana, Massourou Guiro et le vénérable El Hadj Ousmane Ouédraogo, qui a toujours répondu présent aux marches avec ses deux épouses. N’oublions pas les membres de la société civile, notamment les premiers leaders du Balai Citoyen, le MBDHP (Ndlr, Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples), et bien d’autres, même si certains ont malheureusement dû « retourner leur veste » face aux impératifs existentiels.
L’un des combats les plus marquants, qui a permis au nom de Sankara de ne jamais disparaître, est celui mené par le Cabinet de Maître Bénéwendé Stanislas Sankara. Cet homme a sacrifié une partie de sa vie et de son avenir, ainsi que celui de sa famille, pour que justice soit enfin rendue. Son engagement a été soutenu par la famille Sankara (la veuve et ses enfants), Azise Fall du Sénégal, Bruno Jaffré qui a méticuleusement documenté et entretenu le site internet consacré à Thomas Sankara depuis la France, et le Président John Jerry Rawlings du Ghana. Il ne faut pas non plus oublier le rôle crucial joué par certains journalistes et cinéastes, tant aux niveaux national qu’international, tels que feu Norbert Zongo, Chérif SY et Bakupa Kayinda Balufu de la RDC.
Aujourd’hui, voir que le Conseil de l’Entente, lieu où cet espoir africain fut tragiquement stoppé, est désormais le site où Thomas Sankara et ses compagnons reposent, constitue un acte fort et historique. Il convient de louer le courage des différents gouvernements qui se sont succédé et ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à la réalisation de ce projet mémoriel. Il s’agit notamment du gouvernement de Transition de 2015, avec le Président Michel Kafando et son Premier ministre Yacouba Isaac Zida, qui ont permis la réouverture du dossier ; du gouvernement du MPP (Ndlr, Mouvement du peuple pour le progrès) et de son Président Roch Marc Christian Kaboré, qui a veillé à ce que justice soit rendue aux défunts. Et enfin, du gouvernement actuel, qui assure la bonne marche et la continuité du projet mémoriel.
Au regard de tout cela, chacun de nous doit impérativement tirer des enseignements.
La vérité triomphe toujours : quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finit par poindre. On aura beau mentir au peuple, la vérité finira toujours par jaillir.
L’intégrité des dirigeants : comme Thomas Sankara l’a si bien dit : « Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple. »Faisons en sorte que nos actes soient toujours en phase avec nos paroles”.
Le futur est forgé par le présent : notre comportement d’aujourd’hui déterminera inéluctablement notre avenir.
L’intégrité, fondement de la nation : comme l’indique le nom de notre pays, si nous sommes réellement intègres, nous devons comprendre que l’intégrité rime avec la vérité et la sincérité, non seulement dans les paroles, mais surtout dans les gestes et dans les faits.
Pour conclure, je tiens à féliciter et à encourager les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) qui œuvrent inlassablement sur le champ de bataille afin de ramener la paix et la quiétude à notre chère patrie, le Burkina Faso. N’oublions jamais que dans des moments aussi difficiles que ceux-ci, seule la vérité et l’unité pourront nous sortir de cette impasse.
Vive la paix, vive le peuple burkinabè !
Paul Ouédraogo
Journaliste et communicateur freelance