Des milliers de personnes ont été contraintes, du fait des exactions des groupes armés terroristes, de quitter leurs villages pour rejoindre Tougan, le chef-lieu de la province du Sourou, comme J.P. B et de A. B, qui expliquent à Libreinfo.net, comment les terroristes ont emporté leurs animaux. Ils font partie des nombreux dépacés internes qui ont fui leurs villages depuis le début de l’année 2023 pour trouver refuge à Tougan, où ils entamment une autre vie.
Par Brice Alex, Correspondant dans le Sourou
Suite aux incursions des groupes armés terroristes, de nombreux villages de la province du Sourou, au Burkina, se sont vidés de leurs habitants. Si certains dans leur fuite ont pu prendre le nécessaire, d’autres, par contre, sont arrivés à Tougan sans le minimum vital. Pire, ils disent avoir été dépouillés de leurs biens.
A. B. est un déplacé interne issu du village de Nassan. Il a retracé ainsi les faits qui ont précédé son départ : « J’étais allé le soir pour faire rentrer les animaux dans leur enclos. Tout à coup, j’ai entendu un bruit d’engins. Ma femme m’a dit que ce sont des hommes armés, mais je lui ai répliqué que c’est sans doute nos soldats. Ils ont commencé à tirer dans tous les sens. Les habitants ont couru pour s’abriter dans leurs maisons. Les terroristes sont entrés dans le village et ont emporté tous nos animaux.»
Son frère aîné J.P. B. a été dans la même situation que lui. Sa famille et lui ont fui le village abandonnant vivres et bétail sous la menace des hommes armés. Autrefois propriétaires de nombreux animaux, ils se retrouvent soudainement dans la précarité.
Ce frère témoigne en ces mots au correspondant de Libreinfo.net : « C’est vraiment horrible. Ils sont venus et nous ont chassés. Ils tiraient partout et ont pris tous nos animaux. Finalement, nous avons fui pour nous sauver et nous sommes arrivés à Tougan. C’était vraiment une surprise. Nous n’avons jamais connu une telle chose. Ils n’ont laissé aucun animal : bœufs, chèvres, moutons, poulets,…, ils ont tout emporté. Ils ont emporté 72 bœufs dans notre famille.»
Il poursuit : « Nous sommes arrivés précipitamment à Tougan sans grand chose. Nos greniers de mil sont toujours au village et impossible d’aller chercher des céréales. C’est très compliqué. Un jour, ma belle-fille voulait aller au village pour prendre quelque chose ; son vélo lui a été retiré sur le chemin et a été incendié. C’est vraiment triste.»
La famille de J.P.B, tout comme bien d’autres, est désespérée ; elle ne souhaite que la poursuite de l’assistance humanitaire à son endroit : « Nous avons reçu quelques vivres des services de l’Action sociale ; nous lançons un appel aux autorités pour nous aider. Il n’y a pas de route pour aller chercher nos vivres restés au village. Ce n’est pas facile. Nous avons vivement besoin d’aide dans cette situation.»
Le Sourou est l’une des provinces de la Boucle du Mouhoun concernée par l’état d’urgence décrété cette semaine par le gouvernement à l’issue des travaux du conseil des ministres du vendredi 24 mars 2023.
Les forces combattantes, avec l’appui aérien, ont neutralisé le mardi 21 mars dernier, plusieurs assaillants qui avaient perpétré, dans la matinée, une attaque contre la gendarmerie et le commissariat de police de Tougan.
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