Les autorités militaires du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée avaient été sommées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lors de son dernier sommet tenu le 25 mars à Accra au Ghana, de présenter un chronogramme électoral acceptable pour le retour à l’ordre constitutionnel dans leurs pays. La date limite donnée par l’organisation était le 25 avril. Ces trois pays n’ont pas encore présenté de calendrier et la CEDEAO n’a pas encore réagi. Qu’est-ce qui pourrait se passer dans les jours à venir entre ces pays et la CEDEAO ?
Par Rama Diallo
Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga a, dans un discours devant le Conseil national de Transition le 21 avril 2022, martelé que la durée de la transition en cours dans son pays, ne saurait être inférieure à deux ans, alors que la CEDEAO est jusqu’ici inflexible sur le délai de douze à seize mois au terme duquel lui, son gouvernement et son président devront donner la place aux nouvelles autorités démocratiquement élues.
Au Burkina, le porte parole du gouvernement Lionel Bilgo lors de son passage au journal de 20h à la télévision nationale le 25 avril, a déclaré que « le Burkina Faso est dans une très bonne disposition à entendre les remarques de la CEDEAO. Par contre, le pays a ses priorités.»
« Notre priorité est d’arriver à un calendrier, si la paix revient le plus rapidement possible. Nous serions prêts à organiser des élections pour qu’un régime constitutionnel soit mis en place. Par contre, nous n’allons pas sacrifier nos efforts pour ramener la paix en courant derrière un calendrier dont les délais ne tiennent pas compte des réalités du terrain. Je pense que la CEDEAO doit contextualiser son regard et prendre en compte les réalités de chaque pays et de chaque territoire», précise Lionel Bilgo
En Guinée, l’ultimatum de la CEDEAO ne semble visiblement pas faire peur aux autorités. Lors d’une émission, le porte-parole du gouvernement guinéen, Ousmane Gaoual Diallo a rassuré que les autorités n’ont pas transmis de chronogramme à la CEDEAO.
« On n’a pas transmis de chronogramme à la CEDEAO. Nous avons été clairs depuis le début. Le gouvernement guinéen n’agit pas sous les contraintes ou le diktat de qui que ce soit. La Guinée, en tant que membre fondateur de la CEDEAO, n’a jamais remis en cause sa volonté de continuer à siéger dans cette organisation sous-régionale. Chacun doit accepter de jouer son rôle. La CEDEAO, depuis un certain temps s’est détournée de son objectif d’être une institution au service des populations. Elle apparaît de plus en plus, aux yeux de l’opinion publique, comme une organisation au service de quelques chefs d’État. Et cela ne marchera pas. La Guinée prendra les décisions qu’il faut lorsque le moment viendra pour assumer aussi bien son indépendance et sa volonté de renforcer la coopération dans le respect mutuel », a indiqué le porte-parole du gouvernement guinéen.
Le délai de l’organisation sous-régionale est passé, mais jusque-là, aucun de ces trois pays n’a revu officiellement son calendrier.
Le président Togolais Faure Gnassingbé en visite à Abidjan en Côte d’Ivoire le 14 avril avait dit : «Les perturbations actuelles ne sont qu’une mauvaise parenthèse. Ce sont des situations transitoires qui devront passer et nous sommes obligés de travailler et de discuter avec ceux qui sont aux commandes en ce moment, en ayant à l’esprit que ce qui est important, c’est la paix et la sécurité. Personne n’a envie que d’autres peuples souffrent de sanctions».
La CEDEAO serait-elle disposée à travailler avec les putschistes? Ou le Burkina Faso et la Guinée devraient-ils s’attendre à des sanctions comme le Mali ? Pour l’heure, rien n’est clair.