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Tribune : « je suis inquiet quant à la situation de la démocratie dans le monde et particulièrement en Afrique » Me Guy Hervé Kam, Coordonnateur national du Mouvement SENS

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Ceci est une tribune de Me Guy Hervé Kam, coordonnateur national du Mouvement SENS

Je le dis tout net, je suis contre les coups d’Etat. Ensuite, je ne crois pas à la dictature éclairée, car c’est avant tout une dictature. Enfin, j’ai une grande méfiance pour les grands timoniers, car l’être humain n’est pas 10 mais 9 comme le dit la sagesse moaga pour dire que l’être humain n’est jamais parfait.

Je suis foncièrement pour la démocratie. Dans la démocratie à laquelle je crois, le pouvoir se transmet par les urnes ou, en tout état de cause, par une procédure claire et préétablie qui ne change pas au gré des intérêts. Je crois au pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Quand je dis cela, c’est aussi et surtout parce que je crois avec les révolutionnaires français que « quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs » (Article 35 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen, et préambule de la Constitution française du 24 juin 1793).

Ces précisions étant faites, je dois avouer que je suis inquiet quant à la situation de la démocratie dans le monde et particulièrement en Afrique, inquiet mais pas surpris.

Je suis inquiet depuis l’acceptation et la validation du coup d’Etat de Deby fils. Il ne fait aucun doute, ce qui s’est passé au Tchad après la mort de Idriss Deby Itno n’est rien d’autre qu’un coup d’Etat militaire.

Face à ce coup d’Etat, la France, « patrie des droits de l’homme » n’a pas hésité un seul instant à faire allégeance au régime putschiste. Elle a été suivie, comme il fallait s’y attendre, par l’Union africaine et par toute la communauté internationale.

Sous le prétexte fallacieux de prendre en compte le contexte sécuritaire de la zone sahélo saharienne et du rôle primordial joué par l’armée tchadienne, l’on n’a pas craint de valider un coup d’Etat.

Ce n’est pas nouveau, le débat entre les bons et les mauvais coups d’Etat, entre les coups d’Etat salvateurs et les coups d’Etat criminels a toujours existé au sein des populations. Mais cette fois-ci, c’est la communauté internationale elle-même qui a validé la théorie des coups d’Etat salvateurs.

Ce faisant, elle a ouvert la boîte au pandore.

En effet, dès qu’elle a adoubé Déby fils, la communauté internationale venait d’ouvrir le printemps des coups d’Etat. La position de la CEDEAO qui s’est contentée de demander à la junte militaire malienne la nomination d’un premier ministre civile en lieu et place de son départ pure et simple en est la preuve.

Reconnaissons-le, il était difficile, voire impossible à ceux la même qui, dans le cadre de l’UA, ont déroulé le tapis rouge à Déby fils, de renvoyer le Colonel Goïta du palais de Koulouba.

Le sort en est jeté.

Désormais, il suffit de mettre un chef d’Etat à la potence, d’obtenir de lui, sa « démission libre et consciente », signée Kalachnikov à la tempe et le tour est joué. Les apparences sont sauves. Il n’y a pas de coup d’Etat mais un changement constitutionnel de régime.

Heureusement pour le peuple burkinabè, la recette n’est pas partie de notre pays. Le Président Michel Kafando a eu le courage et la dignité de refuser de signer la démission qui lui était proposée gentiment, kalachnikov en face.

S’il l’avait fait, le Coup d’Etat du 16 septembre 2015 au Burkina, serait donc passé et crime, à l’expression démocratique aux yeux de la communauté internationale.

Pour ceux qui en doutaient encore, les peuples sont seuls maîtres de leurs destinées. Il leur faut l’assumer ou périr.

Nous sommes à un tournant de notre histoire. Les peuples doivent s’unir au-delà des frontières pour ne pas être la proie facile d’un système qui par-delà les frontières, impose sa démocratie, une démocratie à géométrie variable dont les caractéristiques fluctuent au gré des intérêts des puissances en place.

Merci au Colonel Assimi Goïta d’en avoir donné la preuve concrète.

 

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