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Tribune: Quand la chèvre mord l’étranger…

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Le Burkina Faso tout comme la quasi-totalité des pays d’Afrique noire, ne semble pas comprendre les enjeux de la prospective mondiale. L’ensemble des études scientifiques montrent que les prochains défis de notre humanité sont l’eau et la terre. L’augmentation de la population mondiale engendre une forte demande alimentaire aussi bien pour les humains que pour les animaux. L’espèce humaine étant l’unique espèce qui détruit son propre environnement compromettant ainsi sa survie. On détruit des forêts en Amazonie pour planter des palmiers à huile afin de produire du biocarburant, prétextant ainsi lutter contre les énergies fossiles qui polluent. Après on multiplie les sommets pour réfléchir sur le changement climatique.

 

Par Bahan Cheick Innocent

Notre planète compte plus de Sept milliards de personnes et cela va crescendo, malheureusement les facteurs climatiques se dégradant de plus en plus, la problématique de l’alimentation est au cœur des défis. Les deux grands champions de la natalité qui sont la Chine et l’Inde commencent à manquer d’espace de production. Quant à l’Europe qui était nourrit jusque-là par son potager continental à savoir l’Espagne, ses investissements vont de plus en plus vers le Maghreb. Car la région de l’Andalousie surexploitée et polluée aux pesticides a vu sa nappe phréatique baisser considérablement. Il faut désormais creuser à plus de 700 mètres à certains endroits pour trouver de l’eau. La solution de dessalement de l’eau de mer rencontre des difficultés à cause du coup de production D’où une forte désertification de la région de l’Almeria.

 

En Asie où nous avons les grands producteurs de riz dont de nombreux burkinabè ne peuvent s’en passer, eh bien ils ne pourront plus nous envoyer le reste de leur surproduction vieillies. La région vit de plein fouet les changements climatiques avec des inondations plus fréquentes et plus violentes qui emportent toutes les récoltes. Les cyclones et autres calamités qui s’accentuent. Des entreprises Chinoises et l’Indiennes achètent des terres en Afrique afin d’y produire et exporter vers leurs pays. En Ethiopie une entreprise Indienne a acheté récemment des milliers d’hectares à raison de moins de 2000fcfa l’hectare et ce pour plus de soixante ans. Cela se passe dans de nombreux pays de la partie orientale et Australe de notre continent « mama Afrika. »

 

C’est dans cette même dynamique qu’un tout petit pays de l’océan indien, qu’est le Sri Lanka qui dépasse à peine la région de l’Est du Burkina Faso, a entrepris de venir produire en Afrique. Ainsi donc l’envoyé spécial de ce pays monsieur Veluppilai Kananathan a été reçu le 03 Février par le  président Paul Biya du Cameroun, ensuite le 09 février c’était au tour de la Première Ministre Gabonaise Rose Christiane Ossouka Raponda de le recevoir .Enfin le 11 février c’était le tour du président du Faso de recevoir l’envoyé spécial de son homologue Gotabaya Rajapaksa.A l’issue de l’audience, l’émissaire indique que son pays compte produire au Burkina Faso, transformer et exporter et aussi investir dans l’Energie. Le Sri Lanka est un grand producteur de Thé et de riz, mais sa production de riz ne couvre qu’environs 60% de sa consommation nationale. D’où le fait qu’il importe beaucoup de riz de l’Inde et autres pays de l’Asie des Moussons. Mais avec sa population de plus Un milliards Trois cent millions d’âmes, le pays de Mahamat Ghandi ne peut plus être un partenaire à long terme pour le riz.

 

Cela doit nous interpeller à plus d’un titre, après avoir fait des compromissions sur notre or en ne défendant pas l’intérêt du peuple, s’il faut maintenant sacrifier la terre cultivable il y a de quoi craindre. Dans notre pays, il y a la terre, l’eau et de vaillants travailleurs qui font la richesse de certains voisins comme la Cote d’Ivoire, plus loin le Gabon pour ne parler que de l’Afrique. Mais on n’arrive pas à produire un million de tonnes de riz paddy, selon le ministère de l’agriculture il faut quand même s’en féliciter parce que nous avons fait un bon de 30% par rapport aux campagnes précédentes en parlant des 400.000 tonnes obtenues. Voilà qu’un pays comme le Sri Lanka viendra produire des millions de tonnes et l’exporter chez eux. Pendant que nous dépendons du riz du Japon.

 

A chaque remaniement le ministère de l’agriculture change de dénomination, comme s’il fallait juste des mots pour venir à bout de tous nos maux. Aujourd’hui les houes et daba que nos braves paysans utilisent n’ont de place que dans un musée. Ils ne pourront jamais nous nourrir avec de tels outils. L’agriculture ne commence pas dans les champs mais plutôt à l’université et dans les centres de recherche. On ne peut pas continuer à regarder les chercheurs de l’INERA trouver eux même les moyens de leur recherche. De nombreux agents de l’agriculture sont formés à l’étranger mais à leur retour on ne s’en soucie guerre.

Nous ne sommes pas contre la coopération sud- sud, cependant nous ne pouvons pas être des éternels assistés de l’humanité.

Quand la chèvre mord l’étranger, c’est l’opprobre du chien.

 

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