Le Professeur agrégé d’histoire, Joseph Ki-Zerbo est décédé le 4 décembre 2006 à 84 ans. A cette date anniversaire, les autorités universitaires ont inauguré ce vendredi 4 décembre 2020, la statue de l’Historien dont l’Université de Ouagadougou porte son nom depuis 2015. Libre info vous propose un bref parcours de ce panafricaniste, dont les autorités universitaires célèbrent la mémoire.
Par Georges Youl,stagiaire
La statue du Professeur Joseph Ki-Zerbo érigée dans l’enceinte de l’Université de Ouagadougou devenue « Université Joseph-Zerbo » a été dévoilée. C’est une œuvre en bronze de 430 kilogrammes qui mesure 2,7 mètres de hauteur. Plusieurs personnalités gouvernementales et universitaires dont le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, le Pr Alkassoum Maïga, étaient à la cérémonie.
« Aujourd’hui, la jeunesse africaine est fière et se réjouit de la réhabilitation du sage qu’est Joseph Ki Zerbo », indique Parfait Maré, représentant de la génération Joseph Ki-Zerbo.
L’homme, déclare le Pr Rabiou Cissé, Président de l’Université Joseph Ki-Zerbo, est un immortel grâce à ses écrits qui ont inondé le monde tel un Tsunami. Il conclut que Ki-Zerbo est un pionnier d’une insurrection intellectuelle et un panafricaniste convaincu. L’illustre professeur selon le ministre Maïga, est un ‘‘homme politique incontestable et un ‘‘intellectuel parfait’’.
le Professeur Joseph Ki-Zerbo en bref
Le professeur Joseph Ki-Zerbo, est un historien et homme politique burkinabè. Il est né le 21 juin 1922 à Toma dans la province du Nayala, dans le nord-ouest du pays. Après son baccalauréat à Bamako, il mène des études d’histoire à Paris. Il soutient sa thèse de doctorat à l’Institut d’études politiques de l’université de Paris.
Devenu professeur des universités, il enseigne à Paris, à Orléans et à Dakar en 1957. Il est l‘un des penseurs de l’Afrique contemporaine, qui a contribué aux luttes de libération nationale et africaine.
Spécialiste de l’histoire africaine, il a contribué avec d’autres historiens nationalistes, à faire la lumière sur le discours mensonger et raciste selon lequel, « l’Afrique est un continent sans histoire. » Il a également participé à la construction d’une littérature sur l’histoire africaine. Il fut l’un des éditeurs de l’Histoire Générale de l’Afrique de l’UNESCO. Il a son actif, plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’Afrique et de son développement, dont l’Histoire de l’Afrique (1972).
Personnalité scientifique, Ki-Zerbo est aussi attaché aux questions de la démocratie et le développement pour l’Afrique. Il mettait du sien lorsqu’il s’agit de défendre l’Afrique et son développement. Pendant les indépendances, l’on se souvient de son engagement mémorable auprès de Sékou Touré en Guinée. En effet, il a tout abandonné pour s’engager auprès du nouvel État indépendant de la Guinée qui a rejeté avec courage, le projet néo-colonial d’une fédération française de Charles de Gaulle.
Tout comme la plupart des intellectuels de sa génération, le panafricaniste Joseph Ki-Zerbo a été un homme politique. En désaccord avec le pouvoir militaire, revolutionnaire de Thomas Sankara, qui le qualifiait de « réformiste », Joseph Ki-Zerbo et son épouse s’exilent à Dakar au Sénégal en 1983. En 1985, un tribunal populaire révolutionnaire le condamne par contumace à deux ans de détention et d’amende pour ‘’fraude fiscale’’.
En 1992, il rentre au Burkina et fonde en 1993, le Parti pour la démocratie et le progrès (PDP). Il devient le principal parti d’opposition au parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), de l’ex-président Blaise Compaoré. Il est l’auteur de cette phrase en langue Dioula devenue comme une maxime : « Naan laara an saara » signifiant : ‘’si on se couche on est mort’’.
Celui dont l’université de Ouagadougou porte son nom, a été l’un de ses grands enseignants. Il a reçu plusieurs distinctions et prix. Il est commandeur des Palmes académiques, la plus haute distinction dans le domaine de l’enseignement. Le Pr Joseph Ki-Zerbo a reçu en 1997, le Right Livelihood Award, appelé en France le prix Nobel alternatif. En 2000, il est lauréat du prix Kadhafi des droits de l’homme et des peuples.
Le 4 décembre 2006 à 84 ans, Joseph Ki-Zerbo, premier Secrétaire Général du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) de 1968 – 1981, s’est éteint.
C’est à la sortie de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, qui a mis fin au régime Compaoré au Burkina Faso, que les autorités de la transition, ont pensé à la mémoire de ce panafricaniste défenseur de la démocratie et de développement endogène pour l’Afrique. Ainsi, l’Université de Ouagadougou a été rebaptisé au nom du Pr Joseph Ki-Zerbo le samedi 26 décembre 2015.