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Dr Madibèlè Kam se prononçant sur la Vaccination des enfants au Burkina
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L’Association des journalistes et communicateurs scientifiques du Burkina Faso a organisé, le 18 mars 2025 au sein de l’Académie nationale des sciences, des arts et des lettres (ANSAL/BF) à Ouagadougou, un panel sur l’avantage de la vaccination des enfants au Burkina Faso. Par Nicolas Bazié

« Faut-il vacciner les enfants ? » C’est autour de cette thématique que des experts, spécialistes des questions sanitaires, ont échangé à la demande de l’Association des journalistes et communicateurs scientifiques du Burkina Faso.

L’Association dit avoir remarqué que les parents des enfants affichent, de plus en plus, une certaine peur de voir leurs progénitures se faire vacciner. Pourquoi ont-ils peur ? Y-a-t-il un risque lié à la vaccination ? Autant de questions que les journalistes et communicateurs se sont posées. D’où l’organisation d’un panel pour lever toute équivoque et donner la bonne information sur la vaccination, question de rassurer les populations.

Autour de la table des débats, cinq panélistes, chacun spécialisé dans un domaine de santé bien précis. Il y a le professeur de neurologie Jean Kaboré, président du Groupe technique consultatif pour la vaccination au Burkina ; le professeur en psychiatrie à la retraite Arouna Ouédraogo ; le professeur d’obstétrique et de gynécologie Blami Dao ; le pédiatre Dr Madibèlè Kam et Pr Jacques Simporé, professeur de génétique moléculaire, de biologie moléculaire et de bioéthique. Tous sont unanimes qu’il n’y a pas de craintes à avoir sur la fiabilité des vaccins au Burkina. Bien au contraire !

©Photo des différents panelistes qui ont échangé sur la vaccination des enfants au Burkina
©Photo des différents panelistes qui ont échangé sur la vaccination des enfants au Burkina

Quel risque avec les vaccins ? 

Les vaccins sont d’une importance capitale pour les enfants, font comprendre les experts même s’ils reconnaissent qu’il n’y a pas de risque zéro. Seulement, avec le vaccin, le risque est de 0,01%, selon Dr Madibèlè Kam.

Responsable de l’Unité de vaccination à l’Hôpital pédiatrique Charles De Gaulle de Ouagadougou, Dr Kam indique qu’il est extrêmement important de faire vacciner les enfants au Burkina.

Dr Madibèlè Kam
Dr Madibèlè Kam.

Voici ses explications : « Je m’en vais dans l’histoire pour dire que, dans les années 1970, les familles, notamment dans nos villages, avaient l’habitude de dire qu’ils devaient avoir au moins une dizaine d’enfants, parce que tout le monde était sûr que la rougeole allait emporter quelques enfants, la méningite allait emporter quelques enfants et on allait se retrouver, à la fin, avec, à peu près, cinq enfants. Donc, c’était de coutume de le dire parce que toutes ces maladies étaient là, et il n’y avait pas de vaccin en ce temps-là ».

Il poursuit : « Au niveau des années 1980, on a commencé à introduire la vaccination. Ça a commencé par six vaccins. Et ces vaccinations ont réduit de façon drastique le nombre de décès liés aux maladies. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous avons le plaisir de faire deux, trois enfants. On a toutes les chances de faire évoluer ces enfants pour qu’ils deviennent adultes. Donc, la vaccination est extrêmement importante (…) Dès 14 semaines de grossesse, les enfants commencent à développer un système de défense. Donc, l’enfant naît avec un niveau de protection qu’on appelle une immunité innée ».

Cependant, pour Dr Madibèlè Kam, ce système de défense n’est pas durable, parce qu’hérité de la mère qui a transféré à l’enfant des anticorps. « S’il n’y avait pas les vaccins pour booster une deuxième ligne de défense, qu’on appelle une immunité adaptative, alors les enfants seraient vulnérables. Vous connaissez les germes qui nous entourent. Tous ces germes qui sont basiques peuvent potentiellement être mortels ».

Le pédiatre insiste : « Si nos enfants n’étaient pas vaccinés, ils allaient développer des maladies assez graves. L’autre chose qu’il faut retenir, c’est que nous, qui sommes des adultes, constituons en fait un danger pour les enfants s’ils ne sont pas vaccinés ».

Selon son explication, « un adulte qui arrive à la maison et qui éternue, ce sont des milliards de germes qu’il a mis dans la nature. Si son enfant n’était pas vacciné, il allait s’infecter. Et notre système immunitaire à nous, les adultes, étant solide, les germes qui passent, n’ont pas d’effets sur nous. Mais, pas chez l’enfant qui a un système immunitaire affaibli ».

Le chef de l’Unité de vaccination de l’Hôpital pédiatrique Charles De Gaulle a saisi l’occasion, pour rassurer les parents sur la fiabilité des vaccins au Burkina.

D’après lui, pour qu’on puisse introduire un nouveau vaccin, « il y a un certain nombre de travaux scientifiques qui se font, basés sur des expériences. Et la plupart des vaccins sont produits sur plusieurs dizaines d’années. Donc, c’est une longue file de production pour les vaccins. Et après, il y a des tests qui sont effectués, des essais cliniques ».

Il ajoute qu’avant qu’un vaccin ne soit introduit au Burkina, il y a, selon lui, une pré-qualification qui est effectuée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et qui va attester que ce vaccin est fiable. « Et au niveau de notre pays, avant que le vaccin ne soit introduit également, vous avez un groupe technique consultatif qui va attester l’opportunité d’introduire ce vaccin au Parc. Alors, on a également parlé d’autres organes qui, en tout cas, permettent de surveiller ces vaccins et d’assurer justement la fiabilité des vaccins », a-t-il fait savoir.

Et de conclure : « Donc, les parents peuvent être rassurés que les vaccins qui sont introduits au Burkina sont des vaccins de grande qualité ».

17 vaccins au Burkina 

Pour le professeur de génétique moléculaire, Pr Jacques Simporé, « on ne peut pas obliger quelqu’un à se faire vacciner mais dans des moments cruciaux, l’État peut décider que tout le monde doit se faire vacciner » pour une question de santé publique.

Pr Jacques Simporé
Pr Jacques Simporé

Le professeur de neurologie, Pr Jean Kaboré, quant à lui, fait savoir qu’au Burkina, on n’a que 17 antigènes (vaccins). « Ce n’est pas trop », déclare-t-il, soulignant que s’il y a de l’argent, on peut faire venir d’autres antigènes. «Aux États-Unis, il y a 64 antigènes », soutient-il.

Pr Jean Kaboré
Pr Jean Kaboré

« Dieu a fait grâce, la science a évolué. Beaucoup de vaccins ont été créés pour sauver de nombreuses vies », affirme, pour sa part, le professeur en psychiatrie à la retraite Arouna Ouédraogo. Ce qui contribue à atténuer la force de plusieurs maladies, à l’en croire. « Lorsque les autorités parlent de vaccination, les parents doivent prendre toutes les dispositions pour faire vacciner leurs enfants », conseille-t-il.

Pr Arouna Ouédraogo sur la vaccination des enfants au Burkina
Pr Arouna Ouédraogo sur la vaccination des enfants au Burkina

Satisfait du niveau des échanges, Karim Namoano, le modérateur et par ailleurs président de l’Association des journalistes et communicateurs scientifiques du Burkina, estime que les experts ont apporté des réponses « claires, précises et concises » aux différentes préoccupations.

Karim Namoano, le modérateur
Karim Namoano, le modérateur

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