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Ouagadougou : la vente des accessoires militaires continue malgré l’interdiction

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La vente des accessoires similaires aux effets militaires au Burkina se fait dans «l’anarchie totale». Un risque pour un pays qui traverse une crise sécuritaire sans précédent. A tous les coins de rue, à Ouagadougou, nous avons fait le constat.

Par Fayçal Tiemtoré

En avril 2023, l’actuel ministre de la Défense, le colonel-major Kassoum Coulibaly était devant les membres de l’Assemblée législative de Transition (ALT) pour répondre à un certain nombre de questions. Deux députés voulaient savoir pourquoi l’on assiste à l’importation et la vente publique de matériels similaires aux effets militaires.

Le ministre de la Défense avait affirmé que « cette situation peut résulter d’un déficit de contrôle, en amont à l’entrée sur le territoire national ».

vente accessoires militaires
L’actuel ministre de la Défense, le colonel-major Kassoum Coulibaly devant les membres de l’Assemblée législative de Transition (ALT)

Selon le colonel-major Kassoum Coulibaly, la plupart des équipements militaires tels que les tenues, les chaussures retrouvés sur les étals et petites boutiques viennent sous le coup de matériels de seconde main ou par le canal de l’importation de la friperie.

Il a reconnu que la vente publique d’accessoires similaires aux effets militaires telle que constatée actuellement, s’effectue dans une totale anarchie. « Mais il faut reconnaître qu’il y a un vide juridique qui est exploité », a-t-il fait savoir.

Un vide juridique qui permet à des commerçants civils de vendre des équipements ressemblant à ceux des militaires sur la place publique sans être inquiétés. Cela, dans un pays durement éprouvé par le phénomène du terrorisme et à un moment où l’on confond parfois FDS et terroriste.

L'ancien ministre de la Sécurité Clément Sawadogo avait rappeler l'interdiction de vente de matériels militaires
L’ancien ministre de la Sécurité Clément Sawadogo avait rappeler l’interdiction de vente de matériels militaires

Cinq ans plus tôt, c’est-à-dire en avril 2018, dans un communiqué administratif, le ministre de la Sécurité d’alors Clément Sawadogo avait indiqué ceci : « la vente d’articles militaires à des personnes civiles est strictement interdite sur toute l’étendue du territoire national et leurs auteurs s’exposent à des sanctions conformément aux textes en vigueur».

Communiqué administratif

A l’époque, le ministre avait cité les ceinturons, les rangers couleur « terre du Burkina», les tenues militaires, les fourreaux de pistolet de guerre, etc.

Constat en ville…

Centre ville de Ouagadougou. Il est 14h15mn en cet après-midi du 29 août 2023. Au bord d’une voie, sous les regards des usagers de la route, des civils vendent des articles assez particuliers. Ce sont des matériels similaires aux effets militaires. Par curiosité, nous décidons de nous acheter un article.

« Salut chef. D’amener lequel ?». C’est le commerçant qui nous accueille. Nous l’appelons Ben. Nous croyions qu’il allait nous demander une carte mais, Ben n’en a visiblement pas besoin. Nous lui indiquons ce que nous voulons. Un pantalon treillis. «Ici, nous ne vendons pas de pantalon ou d’habits treillis», répond-il.

Image illustrative d'un soldat burkinabè équipé
Image illustrative d’un soldat burkinabè équipé

Par contre, il est prêt à nous vendre les rangers (chaussures similaires à celles des forces de défense et de sécurité, ndlr) à 18 000 FCFA la paire.

Dans ce lieu de vente, ceinturons, gilets, fourreaux de pistolets automatiques et autres accessoires similaires à ceux des militaires sont exposés.

A-t-il une licence ou du moins une autorisation de vente ? Difficile de le savoir parce que Ben semble être moins bavard et surtout méfiant. Une chose est sûre, excepté les vêtements qui ressemblent à ceux des FDS, il vend presque tout.

Un homme armé sur les lieux…

Pendant que nous discutons avec ce commerçant qui a toujours le téléphone collé à l’oreille, un homme arrive. Il est habillé en civil. Impossible de confirmer ou d’infirmer qu’il s’agit d’un élément des forces de défense et de sécurité. Ce qui est certain, c’est qu’il veut un fourreau de pistolet automatique. Nous l’observons.

Il jette d’abord un regard vigilant à gauche et un autre à droite puis il enlève, sous sa chemise, son pistolet automatique. Cependant, le fourreau qu’il veut acheter ne convient pas à son arme.

Une question nous vient en idée. Les Forces de défense et de sécurité sont-elles autorisées à acheter des matériels militaires sur la place publique ? Contactées, plusieurs sources déclarent que les autorités n’ont pas le choix que de laisser ceux qui achètent le faire.

Elles expliquent que le plus souvent, ces derniers partent vers les commerçants parce qu’ils sont moins dotés quand bien même qu’il est interdit de vendre ces matériels.

Les mêmes sources soutiennent que «certainement, les gens se cachent pour en acheter. Mais, nous n’avons pas une autorisation d’acheter ces articles».

C’est un sérieux problème que les autorités gagneraient à régler au plus vite, surtout qu’elles sont engagées dans la reconquête du territoire national ces derniers temps. Cela peut contribuer à éviter les confusions dans cette guerre.

www.libreinfo.net

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