Le site d’or de Djikando a été fermé le 1er février dernier par communiqué du Gouverneur de la région du Sud-Ouest, suite aux incidents du 31 janvier qui ont fait 9 morts et une trentaine de blessés. Le calme est revenu. Mais depuis, les nombreux orpailleurs ont trouvé refuge aux abords de la grande gare routière de Gaoua, ne sachant pas à quel saint se vouer. Bon nombre d’entre eux cherchent à migrer vers d’autres horizons mais en voulant récupérer d’abord leurs matériels de travail restés sur le site. Le désarroi se lit sur le visage de ces artisans miniers que notre correspondant a pu rencontrer ce jeudi 4 février 2021.
Par Le Maestro,correspondant Poni
Victor Taonsa est de ceux que nous avons rencontrés devant la gare. « Depuis dimanche nuit que nous avons fui le site d’or, nous sommes assis ici devant la gare à ne rien faire. Ce qui est très difficile pour nous. Nous voulons partir, mais nous attendons une autorisait pour récupérer notre matériel de travail resté sur place » se lamente-t-il. Récupérer son matériel et partir, c’est également le vœu de Hervé Kologo qui renchérit « depuis quelques jours, nous sommes assis du matin au soir à ne rien faire ; cette vie est insupportable pour nous ».
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A moins d’un kilomètre du site d’or de Djikando, nous tombons sur un meunier, Aziz Oubda qui rebroussait chemin. D’un ton désespéré, il raconte : «c’est la sécurité qui garde le site et nous n’y avons pas accès ; que faire si ce n’est rentrer en famille ».
Une ex-restauratrice du site, Fatimata Bilali nous relate sa situation depuis le drame : « nous avons fui le site sans rien emporter ; nos deux motos et mon matériel de travail y sont restés. Actuellement nous sommes sans un sou, c’est ma belle-sœur venue de Kampti, situé à 42 km de Gaoua, qui nous a apporté des habits de rechange. Nous voulons repartir, mais comment ? »
Se tenant à environ 300 m du site, un attroupement de personnes observent la scène et échangent entre eux. Nous approchons du poste de sécurité qui nous stoppe à quelques pas du site. Après la déclinaison de notre identité et de l’objet de notre présence, la sécurité nous fait savoir que le site est interdit d’accès à tout le monde sans exception aucune. Nous rebroussons chemin pour nous entretenir avec le groupe d’orpailleurs resté à l’arrière.
Des proches égarés depuis l’incident expliquerait la présence de ces derniers non loin du site. « Non seulement on a nos affaires sur le site, mais on ne retrouve pas certains de nos frères restés dans les trous. Que les autorités nous permettent de rentrer sur le site voir si nos frères que nous ne retrouvons pas sont morts ou pas » explique Madi Lenglé. Un autre ajoute « la perte de nos affaires n’est pas très importante ; à l’heure actuelle, ce sont ceux que nous ne retrouvons pas qui nous traumatisent. Certains de nos camarades ont été kidnappés en direction de la brousse par ceux qui ont détruit nos biens et le site».
Pour Madi Kafando, la situation est difficile avec toutes les incertitudes actuelles. « Ma moto et mon matériel n’ont pas été détruits le jour de l’incident. Actuellement nous constatons des rondes de vautours autour du site, ce qui nous fait dire qu’il doit y avoir des corps en putréfaction, mais comme l’accès du site est interdit, nous observons à distance les choses ». Puis d’ajouter « le jour du drame vers 3 h du matin, des individus sont venus nous obliger à éteindre le groupe électrogène qui alimente le site. Après cela, ils ont commencé à faire venir des tricycles pour ramasser le matériel cambriolé qu’ils ont stocké dans des domiciles. Je demande aux autorités de procéder à des fouilles dans les maisons environnantes du site afin de nous remettre nos affaires non détruites et qui ont été emportées».