Le procès du dossier Thomas Sankara a débuté le lundi 11 octobre 2021 à Ouagadougou. Plusieurs proches des victimes et jeunes Sankaristes étaient présents à l’audience. A la sortie d’audience libreinfo.net a recueilli l’avis de quelques personnes sur le procès.
Par Rama Diallo, stagiaire
Procès Thomas Sankara: « Nous avons plus que de jeunes loups qui sont engagés dans cette bataille »
L’un des avocats de la famille Sankara, Me Bénéwendé Sankara, aujourd’hui, ministre ne pourra pas défendre le dossier de son client. Son titre actuellement lui impose une mise à l’écart de ce procès. Mais il reste solidaire de ses confrères de la partie civile. Le ministre reste rassuré que ce procès va apporter la vérité et la justice. « Les accusés absents, c’est une procédure par contumace puisqu’ils ont choisi de ne pas se présenter et le procureur a expliqué que la gendarmerie n’a pas pu les retrouver même si souvent certains s’expriment par voie de presse», a indiqué maître Bénéwende Sankara.

Il dit avoir un pincement au cœur de ne pas être en robe parmi ses confrères. Mais il est fier de voir ses jeunes confrères hériter de ce dossier. «Moi-même étant au gouvernement, il y a une incompatibilité, je ne peux pas porter la robe mais mon cerveau reste celui de l’avocat et je participe d’une manière ou d’une autre aux réunions des avocats. Je leur souhaite vraiment bonne chance. Nous avons plus que de jeunes loups qui sont engagés dans cette bataille et vous l’avez déjà constatés», a-t-il expliqué.
Refus de diffusion du procès: « On se retrouve à quelle époque de notre histoire ? »
«Ma seule déception aujourd’hui, c’est que la décision a été prise de ne pas enregistrer ce procès. Je trouve que c’est vraiment dommage. Pour l’histoire, Sankara n’est pas n’importe qui ; c’est l’un des rares présidents sur qui il y a eu beaucoup de films documentaires, il y a eu beaucoup d’œuvres littéraires ; beaucoup d’écrivains ont écrit sur Sankara», a regretté Sams’K le Djah, membre du mouvement Le Balai citoyen.

Il n’a pas du tout aimé la décision du procureur. Sur un ton de colère il s’interroge. «On se retrouve à quelle époque de notre histoire ? Ils disent que cela va déranger le procès, mais il y a trop de techniques aujourd’hui pour ne même pas qu’on sache qu’on filme le procès. Les enfants, les chercheurs, qu’est-ce qu’on va leur laisser pour l’histoire ? Je trouve cela vraiment dommage qu’on n’enregistre pas ce procès. Vous ne pouvez pas avoir confiance à notre justice militaire parce que c’est un manque de confiance. Quand on dit que cela va fuiter et autre, franchement, il y a encore du boulot à faire dans ce pays-là». Néanmoins Sams’ K le Djah est satisfait qu’il y ait un début de procès. Il espère que ce procès répondra aux attentes des Burkinabè.
Que le procès donne la vérité et la justice afin que les Burkinabè puissent se pardonner et se donner la main pour le développement du pays
Jean Hubert Bazié, proche collaborateur du feu capitaine Thomas Sankara, souhaite que le procès se passe dans une atmosphère apaisée malgré la douleur des parents des victimes, les attentes. Il espère que ce procès va apporter la vérité et la justice afin que les Burkinabè puissent se pardonner et se donner la main pour le développement du pays.

La réconciliation nationale et ce procès ne sont pas liés
Ismaël Diallo, ancien diplomate proche collaborateur du père de la révolution pense que ce procès va permettre de comprendre ce qui s’est réellement passé.

A la question de savoir si le procès va impacter le processus de réconciliation nationale entamé, il répond par la négative. Pour lui, la réconciliation nationale et ce procès ne sont pas liés. A l’en croire, pour réussir la réconciliation, il ne faut pas la mélanger à la politique. Ce procès doit être traité à part. La réconciliation poursuit-il, il faut créer les conditions pour que tous les Burkinabè s’impliquent pour qu’on arrive à une réconciliation vraie, a suggéré M. Diallo.