L’artiste musicien burkinabè Issouf Compaoré célèbre ses 50 ans de musique en ce mois de décembre 2022 par une tournée nationale. Son premier rendez-vous avec les mélomanes a eu lieu le 29 décembre à Koudougou, à une centaine de km de Ouagadougou, la capitale du Burkina. Ainsi, les mélomanes de cette ville ont pu s’offrir un voyage dans le temps et dans l’espace à travers les nombreuses chansons de Issouf Compaoré.
Par Fréderic Sawadogo, Correspondant
« Dis-lui que je l’attends, derrière cette colline, pour lui dire adieu… toucher son corps pour la dernière fois. Je sais bien qu’elle m’aime et qu’elle veut bien m’épouser mais son père ne veut pas d’un homme comme moi. D’après lui notre monde est différent… mais dis-lui que je l’attends… ». Ce sont quelques mots d’une des chansons les plus connues du répertoire de Issouf Compaoré.
Une mélodie d’amour que beaucoup ont fredonné ou/et dansé pendant les bals de fin d’année ou lors des »bring » de Noël ou de la St Sylvestre dans les années 1980, plus d’une quarantaine d’années plus tôt.
La présence de nombreux mélomanes est la traduction de leur reconnaissance à l’artiste Issouf Compaoré pour les avoir bercés dans leur tendre jeunesse. Ils n’ont pas eu tort car fidèle à lui-même, malgré le poids de l’âge, le musicien de 68 ans leur a offert une prestation en live en revisitant ses premières créations et ses dernières chansons.
« Je suis venu lui témoigner mon admiration pour ce qu’il a fait pour la musique burkinabè et pour nous lorsque nous étions moins âgés. Quand on l’écoute, sa voix n’a pris aucune ride. Elle est toujours fidèle. Il fallait que je vienne pour revivre des moments inoubliables de ma vie avec ses chansons d’amour », explique avec nostalgie, M. Ablassé Sinaré à l’issue de ce premier concert d’une série.
Que dire de cette fille qui tenait à voir l’artiste de près et prendre une photo à ses côtés, avec, bien entendu, une raison. « Mon grand-père m’a raconté une belle histoire d’amour avec la chanson « Zénabo » de Issouf Compaoré qu’il avait recopiée dans le cahier de souvenirs de sa future épouse (ma grand-mère) pour la séduire ».
« Même aujourd’hui, quand cette chanson passe à la radio ou à la télé, c’est le silence plat autour, pour lui permettre de savourer sa »chose »; c’est pourquoi j’ai tenu à voir l’artiste et à écouter en live ladite chanson afin de dire à grand-père que j’ai vu son artiste » raconte-t-elle après ses prises de vue.
L’ancien ministre du Commerce, M.Harouna Kaboré, parrain de ce concert soutient que Issouf Compaoré est un monument vivant. Et ce concert était une opportunité pour lui de montrer son admiration pour l’artiste, car M. Compaoré est un modèle en matière de musique, lui qui est resté constant pendant 50 ans, et mieux, qui a produit un album à sa cinquantième année ; il faut être Issouf Compaoré pour le faire. M. Kabore a souhaité que Koudougou lui donne de la chance pour que sa tournée réussisse.
Pendant sa prestation, l’artiste Compaoré a invité les populations à cultiver le vivre ensemble car, selon lui, l’amour pour son prochain peut lutter contre tous les problèmes que traverse le Burkina Faso.
A propos de l’organisation de ses 50 ans de musique, l’artiste estime qu’il est important, après cinq décennies, de s’arrêter un instant pour communier avec tous ceux qui l’ont soutenu.
« Dans la salle, certains m’ont revu il y a longtemps, des jeunes me voient pour la première fois…Tous avaient des visages rayonnant de plaisir. C’est ça aussi la joie d’un artiste.
Disons qu’un demi-siècle, c’est une grâce particulière de Dieu. Vivre à 50 ans ce n’est pas toujours évident, mais le Seigneur m’a permis de fêter mes 50 ans de musique. Je lui suis très reconnaissant de m’avoir accompagné à faire ce que j’aime dans la vie, la musique ».
Ce concert de Koudougou, en cette fin d’année 2022, est le début de la tournée musicale qui le conduira dans d’autres localités du Burkina Faso pour partager son expérience avec les autres jeunes et profiter inviter les Burkinabè à cultiver l’amour du prochain.
