Selon les informations qui nous parviennent, la décision de verser des primes de motivation est venue d’en haut, de Kosyam qui répète là, la même erreur que Roch avait commise en 2016 en accordant des augmentations faramineuses aux magistrats. Comme à l’époque, Kosyam n’a pas tenu compte de l’avis de plusieurs ministres concernés par le dossier. En accordant les dernières largesses à une minorité de fonctionnaires nantis, le gouvernement se prive définitivement de pouvoir dire aux autres fonctionnaires de ce pays pauvre de « serrer la ceinture ».Seul Roch peut réussir l’exploit de faire sauter une réforme populaire, (la réforme des rémunérations dans la fonction publique) pour satisfaire une minorité.
Cette mise à plat était jusque-là le grand chantier de Séini Ouédraogo, le ministre de la Fonction publique. Ce dernier avait le souci, nous dit-on, d’établir une certaine équité entre les agents d’une même administration. Son patron Roch semble l’avoir pris au dépourvu, sans aucune considération. Tout laisse croire que la conférence prévue par son ministère pour le 30 avril sur la mise à plat des rémunérations n’aura plus lieu. Affaibli, on voit mal comment Seini Ouedraogo pourra tenir dans un tel environnement.
On voit aussi mal comment Ouaro, le ministre de l’éducation nationale de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales peut encore négocier avec les enseignants qui ont décidé de prendre l’année scolaire en otage. Certainement, il va s’éclipser et laisser la place aux mêmes qui ont négocié avec les agents des finances de venir concéder les mêmes largesses aux enseignants.Et que va faire la Ministre de la Santé face au Syntsha? Et le ministre de la Justice, le premier à être humilié depuis 2016.Du coup, plusieurs ministres reprochent au Président le non-respect des procédures de négociations avec les partenaires sociaux.
Cette prime de motivation remet en cause tous les efforts qui avaient été faits par le ministre de la fonction publique sur la remise à plat des rémunérations, pire elle donne quitus aux autres syndicats de revendiquer sans concession. Voilà que la coordination nationale des syndicats de l’enseignement vient de suspendre les évaluations et autres prestations. Les trois syndicats de magistrats dans une correspondance adressée au ministre de la fonction publique refusent que leurs acquis soient taillés, les travailleurs de la santé menacent d’aller en grève, les avocats y sont déjà bref! Le régime Kaboré est retourné à son péché originel. Cette manière de gouverner ( ou de ne pas gouverner) semble être aussi la marque du Président Kaboré. L’on se souvient encore de sa correspondance à l’ex-ministre de l’économie Rosine Sori Coulibaly dans laquelle il interférait pour le règlement d’un litige entre les transporteurs et les douaniers suite à une application de taxes, plusieurs s’étaient posé la question de savoir pourquoi ce n’est pas le Premier Ministre qui écrit au Ministre de l’économie mais plutôt le chef de l’Etat ? Cela nous fait poser plusieurs questions : Y’a-t-il rupture de confiance entre le président du Faso et des membres de son équipe gouvernementale ?
La rédaction