Le parti de Blaise Compaoré a connu un véritable bouleversement dimanche dernier à Ouagadougou lors de son congrès extraordinaire. Plusieurs cadres et cofondateur ont écopé des sanctions allant de la suspension à l’exclusion. Parmi ces cadres,il y a Mahamadi Lamine Kouanda, cofondateur du parti. Libreinfo.net a rencontré ce dernier pour savoir ce qu’il en est, et son avenir politique.
Libreinfo.net (Li) : Que pensez -vous du congrès extraordinaire du CDP qui s’est déroulé le 22 septembre 2019 ?
Mahamadi Kouanda (MK) : Pour moi, il n’y a pas eu de congrès. Il y a eu assemblée générale.
Li : Vous dites qu’il n’y a pas eu de congrès alors que vous aviez été pour les uns suspendus et pour les autres exclus du CDP ?
MK : C’est un non évènement pour moi. Car, Eddie Komboïgo n’a ni la compétence ni le droit, encore moins ceux qui étaient avec lui, il n’y a aucun élément qui leur permet de faire ce qu’ils ont dit. Je n’écoute pas ça, ça ne me concerne pas.
Li : Est-ce que cette décision vous surprend quand même ?
MK : ça ne me surprend pas, parce qu’Eddie n’est pas un démocrate. Mais il se trompe, il n’aura personne du CDP pour l’accompagner.
Li : Ne pensez-vous donc pas que Blaise Compaoré, le président d’honneur a entériné cette décision ?
MK : Non, pas du tout ! Blaise n’est pas dedans. Blaise n’est pas anti-texte, il n’est pas en dehors des textes du parti. Il est légal, qu’il est parti après l’insurrection. Il pouvait rester, faire le coup de feu et se défendre. Il est parti parce qu’il n’a pas la volonté de tuer les Burkinabè qu’il a eu la chance d’accompagner pendant 27 ans et le parti, parce qu’il croyait être dans son bon droit de consulter le peuple par rapport à l’article 37.
Il est parti parce qu’il estimait que, mieux vaut partir que de laisser mourir beaucoup de Burkinabè, parce qu’il y avait eu déjà des morts et aucun de nous n’est content.
Vous savez que nous sommes en combat politique actuellement qui est une course de fond, qui n’est pas celle rapide.
J’estime pour ce qui se passe, que nous sortirons gagnants. Eddie n’a aucun pouvoir légal pour gagner quoique ce soit.
Li : Vous estimez vraiment que vous sortirez gagnant ?
MK : Vous allez le constater dans les jours à venir. Dans un, deux, trois mois ; vous verrez qui sera gagnant entre Eddie et Kouanda, et entre tous ceux qui croient que la politique, c’est d’abord le respect des textes fondamentaux, c’est le respect de la démocratie interne, c’est l’humilité, c’est respecter les anciens parce qu’on va devenir ancien un jour, c’est respecter les devanciers… J’ai travaillé à consolider le CDP. J’étais membre fondateur du groupe communiste dans les années 1979. J’ai été associé à la mobilisation de la gauche pour appuyer le camarade Thomas Sankara à travers ses collègues, ses camarades de gauche, Henri Zongo, Blaise Compaoré, Lingani, Gilbert Diendéré, même Lougué était là…Ils sont nombreux ceux qui ont fait œuvre utile pour que notre pays connaisse sa révolution. J’étais là parmi les civils, qui, politiquement apportaient aussi leur contribution.
Après nous avons créé les textes CDR (Comités de défense de la révolution) le 3 octobre 1983, ensuite nous avons créé l’ULC B, ODP MT et après CDP. Donc, je ne suis pas parvenu moi ! Je n’ai pas été le porteur d’un sac. J’ai dit à vos collègues qu’Eddie n’est pas un homme politique.
Li : On constate que c’est tous les proches de Kadré Désiré Ouédraogo qui ont été exclus ou suspendus. Comment voyez-vous cette forme de remercier les autres camarades ?
MK : Je suis le cofondateur du parti avec Béatrice Damiba, avec Etienne qui n’est plus dans le groupe et Nabaongo. Nous sommes que quatre en action politique qui restons, mais il n’y a que deux qui s’y intéressent encore car, Etienne n’est plus avec nous et Nabaongo a arrêté la politique. Donc, je refuse qu’on utilise un autre terme en dehors du cofondateur du parti pour me qualifier. J’ai donné ma vie à la direction du CDP depuis 1978-1999, donc 41 ans aujourd’hui. Si on enlève 41 ans dans l’âge d’Eddie, est-ce qu’il va rester 10 ans ? Donc, Eddie est trop petit.
Li : Ne trouvez-vous pas qu’il était bon temps de céder la place aux jeunes avant que cette décision du congrès dont vous ne voulez pas entendre, vous pousse à la porte ?
MK : Nous ne sommes pas en bagarre de relations. Nous menons un combat où nous voulons que les gens respectent les textes du parti. Eddie n’a aucune considération morale pour les hommes. Je vous donne un exemple. Vous savez que la camarade Juliette Bonkougou est malade depuis février ? Et depuis ce mois, elle est à Paris où elle a eu beaucoup d’opérations. Si tu ne veux pas aller la voir, ou l’appeler pour lui souhaiter meilleure santé, il ne faut pas la sanctionner. Elle a fait quoi ? Son malheur, c’est d’être candidate du groupe Kouanda, notre future candidate aux primaires. Donc, il faut la tuer avant qu’elle ne meurt d’elle-même. Juliette est venue au CDP en tant que chef de parti comme Alain Yoda. Elle n’est pas arrivée en tant que mendiante.
Li : Qu’est-ce que vous comptez faire de cette décision ? Allez-vous faire recours à la justice par rapport à cette décision du congrès ?
MK : La justice, c’est pour chaque jour ! Nous, on préfère se référer à Dieu et à la justice d’autant que physiquement, Eddie ne peut rien me faire. Nous ne voulons pas transformer le CDP à un combat de ring. Ce n’est pas à l’honneur d’un croyant que je suis, encore moins, ça ne va pas à notre groupe.
Notre courant politique, c’est d’abord la démocratie et le respect des textes fondamentaux et le savoir vivre ensemble. Par conséquent, nous allons continuer à le traquer en justice. Ce qui est sûr, Eddie peut savoir qu’il peut tuer tous ceux qui sont en face de lui, mais il y aura toujours des milliers de Kouanda pour s’opposer à lui.
Il ne sera pas candidat, je vous souhaite bonne santé et longue vie et vous verrez. Eddie ne sera pas candidat du CDP. La manière qu’il a procédé pour forcer Kadré Désiré Ouédraogo a démissionné, nous, on n’a pas besoin de lui. Nous allons le chasser avec des fouets. S’il ne démissionne pas, nous allons le chasser avec de l’eau chaude.
Li : Quel avenir politique pour vous ?
MK : Mon avenir politique est très serein, très prometteur. C’est maintenant que je suis fort en politique. Je suis honnêtement très à l’aise.
Li : Et quelles sont pour vous, les chances du CDP pour 2020 ?
MK : Les chances du CDP se renforcent. Le parti va se séparer de tous les plaisantins et vous verrez un avenir prometteur pour le CDP.
Li : Et qui sera donc votre candidat en 2020 ?
MK : Tout, Sauf Eddie. S’il arrivait que le président d’honneur intervient pour une médiation, nous serons prêts à répondre. Mais en dehors de Dieu et de bonnes personnes ou le président d’honneur, Eddie et nous, il n’y a plus de débat. C’est fini !
Propos recueillis par
Siébou Kansié
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